Lions de l’Atlas: Autopsie d’un échec 

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Double champion d’Afrique, Hervé Renard avait pour objectif de mener les Lions de l’Atlas vers une seconde couronne africaine lors de cette CAN 2019. Au final: l’équipe nationale sort dès les huitièmes de finale face au Bénin. À qui la faute?

Le 06/07/2019 à 11h48

Voilà, c’est fait. Le Maroc a une nouvelle fois quitté la CAN dès les premiers tours. Une déception de plus. Un échec de plus. Hervé Renard, et ses deux titres de champion d’Afrique, devait refaire de cette équipe une machine à gagner, et la guider vers un second trophée continental après celui décroché en 1976 en Éthiopie. Mais après 3 ans à la tête des Lions, le Français n’a rajouté aucune ligne à son palmarès. Et cette qualification au Mondial 2018 masque à peine la faillite du onze marocain. Mais assume-t-il l’entière responsabilité de ce nouveau fiasco? En grande partie, oui!

A-t-il fait les bons choix? 


En annonçant sa liste des sélectionnés pour cette édition égyptienne du tournoi panafricain, Renard était sûr de n’avoir oublié personne. Enfin presque… Les joueurs du Raja, du Wydad et de la Renaissance de Berkane, véritables stars du continent après leurs parcours en Ligue des Champions et en Coupe de la CAF, et surtout après leur victoire finale au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN), ne faisaient pas partie des plans du technicien. 

Ce dernier, aurait pu bénéficier de l’expérience africaine des Badr Banoun, Mohcine Iajour, Walid El Karti et autres Achraf Dari, au lieu de miser sur des cadres plus vraiment supérieurs.

Des cadeaux de départ


Pas dans le coup, Nabil Dirar a été trop longtemps abonné au banc de touche au Fenerbahçe cette saison. Pathétique, Younes Belhanda, a cru que la CAN se résumait au match de la Côte d’Ivoire... Hors sujet, Manuel Da Costa, auteur de 4 buts cette saison en championnat saoudien a oublié comment défendre. Dépassé, Faycal Fajr, a vécu une saison chaotique avec le stade de Caen, relégué en Ligue 2. Fantomatique, Medhi Benatia, a traversé sa première partie de saison à la Juventus comme une âme en peine, avant de s’exiler au Qatar. Bref, durant cette CAN, les cadres de l’équipe nationale semblaient tous sortir d’un long arrêt maladie : hors de forme, à bout de souffle, ces convalescents ont bien souvent donné l’impression de ne pas trop savoir ce qu’ils faisaient là. Et la sélection de ces préretraités s’apparentait plus à un joli cadeau de départ qu’à une décision sportivement méritée. 

Un seul vrai 9 parmi les 23


Pour gagner des matches, il faut d’abord marquer des buts. Et en cette CAN 2019, il y avait un petit problème: qui va le faire? Khalid Boutaib? Aussi combatif et sympathique soit-il, le seul vrai 9 de la sélection n’a été cette saison qu’un attaquant par intérim, se contentant d’applaudir les pions de Mahmoud Alaa, défenseur et meilleur buteur du Zamalek cette saison (14 buts). Youssef En-Nesyri ne peut pas être l’éternel sauveur, et Sofiane Boufal ne l’a jamais été. Au final, c’est M’bark Boussoufa qui s’y est collé. Moralité: compter sur des buts contre son camp est une tactique qui a quand même ses limites.

Et la fédé dans tout ça?


Comme l’avait dit Jean de La Fontaine, une grenouille ne devrait jamais se prendre pour une vache. En d’autres termes, le Maroc était-il réellement l’un des favoris de cette CAN? Le seul à y avoir cru s’appelle Fouzi Lekjaa. Oui, le président de la Fédération royale marocaine de football l’a même déclaré au lendemain de la qualification des Lions pour les huitièmes de finale. 

Le patron du foot vert et rouge a certes mis les petits plats dans les grands pour mettre cette équipe dans les meilleures conditions, mais il a oublié que le meilleur moyen de réaliser un objectif, c’est d’abord de s’assigner un objectif réalisable. Et dans l’état actuel des choses, remporter la CAN était au mieux un rêve, au pire un délire. Mettre sur pied un championnat digne de ce nom, concevoir une véritable stratégie de formation, telles sont aujourd’hui les vraies priorités du football marocain. Pour les titres, on verra plus tard...

Par Adil Azeroual
Le 06/07/2019 à 11h48