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Présidence de la CAF: la dictature des temps modernes

Issa Hayatou, président de la CAF de 1988 à 2017. © Copyright : DR
A la veille de la dernière CAN 2017, la CAF fait une annonce «historique». Pour mettre fin aux interminables mandats des présidents, la confédération a décidé de les limiter à trois. Non rétroactive, cette loi n’inclut pas l’intouchable Hayatou. Il contrôle l’instance suprême du football africain depuis déjà 30 ans… et peut prétendre à 3 autres mandats s’il est réélu en mars et rester en place pour 12 autres années.
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Tout fin connaisseur du football africain imagine déjà le scénario de la future présidentielle de la CAF, prévue le 16 mars. Un clap de fin ?  Un même Issa Hayatou qui remonte les marches avant d’atteindre une estrade qu’il a campée pendant 30 ans. Si le Camerounais est réélu à la tête de la plus grande instance du football africain pour la 8e fois consécutive depuis 1988, il pourra prétendre à 3 autres mandats, car évidemment … la loi n’est pas rétroactive.

L’homme de 70 ans peut donc diriger la confédération africaine de football jusqu’à ses … 82 ans. On imagine donc qu’en Afrique, à l’instar des présidents inamovibles, c’est surtout le pouvoir qui détermine la santé du candidat et non l’inverse. À en croire ses plus grands détracteurs, tant que Issa Hayatou sera au poste, il n’a pas à s’inquiéter du moindre pépin physique. Même le rhume tremble face à l’ancienne «gloire» du sport camerounais.


Lire aussi: CAF. Qui est Ahmad Ahmad, le candidat anti-Hayatou?



Cette année, contrairement aux précédentes, l’homme à un concurrent. Ahmad Ahmad, le président de la confédération malgache de football. Un David qui ose défier Goliath. L’histoire peut paraître belle, mais encore loin d’être réalisable alors que le 16 mars approche à grands pas. Si Ahmad et ses nouveaux projets de réforme «bling-bling» et rénovateurs pour le football africain peuvent convaincre quelques fédérations qui rêvent grand, le président actuel est certain d’avoir gagné la bataille sans même songer à une campagne.

Mais sincèrement, qui ne connaît pas Hayatou et qui oserait le déloger ? Le Gabon ? Auquel la CAF a accordé l’organisation d’une coupe d’Afrique alors que seul deux pelouses sur 4 sont valables pour y disputer des matchs de football. Le Kenya ? Un autre pays qui a obtenu l’organisation du CHAN, avant de réaliser qu’il est encore incapable de réussir des compétitions/événements de ce calibre. Tous les pays africains, sans exception, ont un jour ou l’autre mangé dans le creux de la main de celui qui fait la pluie et le beau temps au sein de la CAF depuis 1988.


Lire aussi: Hors jeu. Hayatou: la CAF, c’est moi



Entre temps, l’UEFA a connu 4 présidents qui ont évidemment ramené dans leurs valises des idées différentes et rénovatrices pour le football. Même nombre de présidents pour la confédération sud-américaine de football, tandis que 5 noms se sont succédé à la tête de la confédération asiatique de football. Pendant ce temps là, l’Afrique refuse le changement. Un homme passe 30 ans à la tête de la CAF, dans un continent qui respire le football mais qui n’imagine en aucun cas, l’argent brassé par la CAF grâce à 370g d’air.
 
En jetant un coup d’œil sur les primes réservées aux vainqueurs des compétitions CAF, on comprend plus ou moins pourquoi Hayatou tient à rester sur son trône. Le gagnant de la CAN 2017 a touché 4 millions d’euros. Peu? Au contraire, c’est une augmentation de 166% par rapport à la CAN 2015. À titre comparatif, le Portugal a touché 8 millions d’euros en remportant l’Euro 2016, et le Chili 6 millions en décrochant la Copa America Centenario (centenaire).

Ces 4 millions d’euros sont à distribuer aux joueurs, aux staffs et personnels … qui ont gagné une compétition parrainée et sponsorisée par des géants pétroliers (Total) ou de la télécommunication (Orange). C’est logiquement rouge de honte qu’on ose répondre à quiconque qui pose la question. « Combien rapporte la ligue des champions africaine ?»

La prime de 2 millions d’euros réservée à l’équipe qui remporte la ligue des champions CAF, c’est tout juste le double de ce que le président du PSG avait promis à chacun de ses joueurs en cas de qualification contre le Barça en Ligue des champions.
Le 16 mars prochain, des comptes sont à rendre, mais que personne n’ose demander … A part le Malgache Ahmad Ahmad, un candidat ambitieux, qui a osé défier celui qu’on croyait intouchable à une bataille «loyale» pour le trône. Chapeau bas.

Par Nassim Elkerf
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