FRMST, JO 2024, Lions de l'Atlas... les confessions de Nezha Bidouane

VidéoLe360 Sport s'est rendu au siège de la Fédération royale marocaine du sport pour tous (FRMST) pour interviewer sa présidente, l'ancienne championne du monde du 400m haies, Nezha Bidouane. Que devient-elle? Quel est le rôle de la fédération qu'elle préside? Qu'en est-il de son activité associative? Comment analyse-t-elle les chances du Maroc lors des prochains J.O de Paris 2024? Entretien.

Le 18/02/2024 à 15h47, mis à jour le 18/02/2024 à 15h56

Le360: Que devient Nezha Bidouane?


Nezha Bidouane: Après ma retraite que j’ai prise en 2005, cela fait des années maintenant, je me dis que le temps passe vraiment vite. Heureusement qu’après ma retraite sportive, j’ai fondé en 2008 l’Association Femmes Réalisations et Valeurs. Grâce à cette association, nous sommes en mesure d’organiser plusieurs événements et manifestations sportives. Mais l’événement phare organisé par l’association est la «Course Al Nasr» à Rabat. Nous avons arrêté d’organiser l’événement bien sûr lors des années de la pandémie du Covid 19. La quatorzième édition sera organisée cette année 2024.

Malgré qu’elle soit créée en 2009, peu de gens connaissent l’existence de la Fédération royale marocaine du sport pour tous (FRMSPT). Quels sont les objectifs de cette fédération?


J’ai rejoint la FRMSPT à la fin 2016. Quand les gens entendent généralement qu’il s’agit d’une fédération nationale, ils croient qu’elle est chargée d’organiser un sport spécial. Mais c’est faux. Le Sport pour tous implique logiquement qu’il n’y ait pas de spécialisation. Premièrement, on n’organise pas des événements compétitifs comme les compétitions traditionnelles organisées par les autres fédérations. On est ouvert à tous les sports, et nous faisons cela grâce aux caravanes sportives que nous organisons régulièrement. Le principe phare de la FRMSPT se fonde sur l’absence de toute compétitivité, il n’y a pas de gagnant ni de perdant dans les manifestations organisées. 

La FRMSPT a été fondée en 2009, après le message royal de 2008. Dans ce message, Sa Majesté le roi Mohammed VI a évoqué les sports de masse, les régions démunies, pour que le sport soit pratiqué dans des régions où il n’y pas d’installations sportives. C’est pourquoi la FRMSPT a été fondée à la date que j’ai évoquée par l’ancien ministre Moncef Belkhayat, et après le travail a suivi son cours, avec plusieurs disciplines, à l’instar du Triathlon, entre autres.

Nos objectifs se résument à l’animation, à inculquer aux gens l’importance du sport, surtout que le monde entier maintenant, notamment après le Covid-19, commence à souligner l’importance capitale du sport. Par ailleurs, dans la Constitution marocaine, le sport est un droit humain.

Notre rôle se résume à la démocratisation de la pratique sportive parmi la population pour toutes les catégories d’âge, parce que quand nous organisons les caravanes sportives dans toutes les régions du Royaume, nous touchons toutes les catégories sociales.


  


Quel est le programme de la Fédération durant l’exercice 2023-2024?


Le programme de cette saison 2023-2024 inclut la Course Al Nasr, puis il y a les courses complètement dédiées aux femmes. La dernière fois, nous avons organisé ces courses dans la ville de Nador, une ville conservatrice, mais malgré cela, il y avait eu une participation massive des femmes , soit 20.000 participantes. Le 19 novembre 2023, nous avons visité les villes des provinces du sud, notamment Dakhla, Bir Guendouz et Guerguerat. Puis, nous sommes allés à Smara et à Zagora. Quand on mentionne ces régions, on se demande s’il y aura une participation suffisante des personnes visées par notre programme. Et la vérité, c’est qu’il y avait une participation importante, 5.000 participantes à Zagora, de 4.000 à 5.000  à Dakhla, 500 à Smara. Là, c'est seulement pour les courses, sans parler des autres disciplines sportives que nous organisons, via des ateliers, notamment les sports traditionnels, compte tenu de chaque région et de sa spécificité.

Quel rôle joue la FRMSPT dans l’insertion sociale par le sport?


Si j’évoque par exemple Zagora, nous avons inclus dans notre programme les personnes en situation de handicap, et nous aurons un rendez-vous prochainement avec cette catégorie sociale, notamment dans la ville de Driouech. Nous avons également un partenariat avec la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, où nous organisons des tournées de sensibilisation, des ateliers de formations, des rencontres avec les prisonniers, surtout ceux des établissements pénitenciers pour mineurs. Nous prévoyons d’organiser également un tournoi dans la prison El Arjat 2 durant le mois de ramadan. Donc nous sommes ouverts à toutes les disciplines sportives et à toutes les catégories sociales dans notre fédération.

Une de ces caravanes vous a menés dans la province d’Al Haouz, quelques semaines seulement après le terrible séisme qui a frappé la région. Comment était le ressenti de la population?


La caravane dédiée à la province d’El Haouz avait un caractère spécifique, puisque nous avons tous, comme Marocains, vécu avec douleur ce séisme d’El Haouz. Mais quand la caravane de la FRMSPT s’est déplacée dans la région, il y avait un bel accueil, une bonne participation et un enthousiasme très prononcé. Il y avait des participants de toutes les catégories, de tous les sexes, de tous les âges. Nous avons fait trois étapes, en trois jours que nous avons vécu ensemble avec la population de la région sinistrée. C’est vrai que les villages ont été endommagés, mais quand on amène le sport près des gens, il les réunit et les solidarise. Ainsi, nous avons permis à travers ces caravanes d’apporter de la joie à la population dans une tentative de sortir des séquelles du séisme.

Vous étiez également à Es-Smara, quelques jours après l’attentat terroriste qui a secoué la ville. Etait-ce un devoir pour votre fédération de se déplacer dans cette région?


Nous ne sommes pas allés à Smara à cause de l’attentat. Nous avons une convention avec la ville de Smara pour qu’il y ait des manifestations sportives. Nous avons par ailleurs déjà visité cette ville, plusieurs fois auparavant, et nous nous sommes ouverts là-bas à leurs jeux sportifs traditionnels. La dernière fois que nous avons visité la ville, c’était déjà noté dans notre programme des caravanes nationales. Ce qui était spécial lors de la dernière visite, c’était la participation des anciens footballeurs de la génération de 1986, à travers un match opposant l’équipe nationale à celle de l’AS FAR, et c’était une belle rencontre. Il y avait aussi une réunion de communication avec les jeunes de la ville de Smara. Ce qui était également intéressant, c’était la rencontre de nos anciens joueurs, notamment Aziz Bouderbala, Hassan Nader, Abderrazak Khairi, H’ssina avec les jeunes de la région.

L’année 2024 est une année olympique. Pensez-vous que l’athlétisme marocain a des chances de médailles autres que Soufiane El Bakkali?


Je ne crois pas qu’un athlète qui se qualifie pour les Jeux olympiques n’ambitionne pas d’atteindre au moins la finale de la compétition. Même si nous, Marocains, ne sommes plus satisfaits seulement de la participation, ni d’atteindre la finale. Parce que la première médaille que le Maroc a eu, c’était grâce à Abdeslam Radi dans la discipline du Marathon aux Jeux olympiques de Rome de 1960. Mais c’était surtout à partir de l’édition de 1984 de Los Angeles, et jusqu’à aujourd’hui, le Maroc a toujours remporté au moins une médaille. Au début c’était Said Aouita et Nawal El Moutawakel, puis après viennent Brahim Boutayeb, Khalid Skah, Abdelhak Achik, Rachid Labsir, entre autres. Donc le Maroc s’est habitué à gagner une médaille lors de chaque édition olympique, surtout dans la boxe et l’athlétisme.

El Bakkali est un grand champion et qui a une longue expérience, nous espérons qu’il décroche une médaille aussi cette année. Tous les athlètes qui participent aux Jeux olympiques ont l’ambition d’être sur le podium. Et nous avons par ailleurs aussi l’équipe olympique de football. C’est bien qu’il y ait cette diversité et c’est évident que je souhaite qu’ils soient tous médaillés, mais reste à savoir s’il y a des préparations qui sont au niveau des JO.

Autrefois, l’athlétisme était ce phare qui illuminait le sport marocain. Aujourd’hui, le football a pris sa place. Pourquoi?


Pour moi, chaque génération sportive réalise l’apogée de son rayonnement. Ce que nous avons vécu lors de la Coupe du monde de 2022, nous le vivons encore aujourd’hui. La Coupe du monde de football nous a fait vivre des choses que nous n’avons jamais vécu dans l’histoire, et la sortie de Sa Majesté le roi dans la rue célébrant la qualification avec le peuple en est la preuve. Et cela démontre que le football a été une grande fierté pour nous, et nous a permis de donner une belle image de notre nation, de nos valeurs, la «Niya» par exemple, d’encourager le tourisme, ou encore de solidifier nos relations à l’international.

Toujours concernant le football, nous avons vu par ailleurs à l’occasion de la CAN 2023 comment les Ivoiriens ont brandi le drapeau rouge frappé de l’étoile verte lorsqu’ils ont gagné la compétition continentale. Le football a donné beaucoup de choses au pays, mais l’athlétisme aussi, je ne vais pas dire le contraire, puisqu’en 1999 le Maroc a occupé la cinquième place dans les championnats mondiaux de l’athlétisme. Mais nous restons un pays qui respire le football, tout le monde est passionné par ce sport dans notre pays.

Maintenant, notre champion, c’est Soufiane El Bakkali, c’est lui que nous attendrons aux J.O de Paris de cette année, mais j’aimerais bien en vérité voir d’autres champions que lui.


 


Que manque-t-il aux autres Fédérations sportives pour marcher sur les pas de la FRMF?


Le président de la Fédération royale marocaine de football est la personne adéquate pour gérer ce sport, c’est un exemple à suivre.

Le 18/02/2024 à 15h47, mis à jour le 18/02/2024 à 15h56