Dopage en athlétisme: la Russie suspendue à neuf mois des JO de Rio

DR

La Russie, accusée de "dopage organisé", a été suspendue provisoirement par la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) vendredi, et la question de la présence de ses athlètes aux prochains JO-2016 de Rio en août est désormais posée.

Le 14/11/2015 à 09h47

Sans surprise, l'IAAF a tranché dans le vif, épilogue logique d'une semaine où le monde de l'athlétisme a été ébranlé comme jamais par les révélations contenues dans le rapport d'une commission d'enquête indépendante de l'Agence mondiale antidopage (AMA), lundi à Genève. Avec 22 voix pour la suspension et 1 seule contre, la sanction est tombée malgré un dernier feu d'artifice de bonnes intentions côté russe, symbolisé par la déclaration du ministre russe des Sports Vitaly Moutko, juste avant le début de la réunion: "Nous sommes prêts à coopérer (avec l'IAAF) pour que notre athlétisme soit aux normes qui nous sont demandées (...) Nous sommes prêts à n'importe quelle mesure", a affirmé M. Moutko. Peine perdue, pour le moment.

"Aujourd'hui (vendredi) nous avons discuté de l'échec de l'ARAF (Fédération russe d'athlétisme, ndlr) et avons pris la décision de la suspendre provisoirement, la sanction la plus dure que nous puissions prendre à l'heure actuelle", a expliqué le président de l'IAAF le Britannique Sebastian Coe dans un communiqué. "Mais nous avons échangé et nous sommes tombés d'accord sur le fait que c'est tout le système qui a laissé tomber les athlètes, pas simplement en Russie mais partout dans le monde", a souligné lé président de l'IAAF.

"Tout cela a été un signal d'alarme honteux, et il est clair que tricher à n'importe quel niveau ne sera pas toléré. Dans cette optique, l'IAAF, l'AMA, les membres des fédérations et les athlètes devons nous regardons en face, regarder nos cultures et nos méthodes afin d'identifier où les échecs existent", poursuit-il.

La Russie sous surveillance rapprochée


L'IAAF n'avait pas vraiment le choix. Dans son rapport, l'AMA avait été très claire: la Russie doit être suspendue de toute compétition en athlétisme, y compris pourquoi pas les JO-2016 de Rio de Janeiro (Brésil), tant qu'elle n'a pas démontré sa capacité à lutter efficacement contre le dopage. Le conseil de l'IAAF a donc suivi les recommandations de l'AMA, pour au moins acter dans les faits sa volonté de combattre le mal avec force. La suspension prend effet immédiatement.

"Je ne pense pas qu'ils pouvaient prendre une autre décision avec l'épée de Damoclès qu'ils avaient au-dessus de la tête, avec la pression exercée sur la commission", a commenté le ministre russe des Sports M. Moutko, cité par l'agence TASS sans préciser qui exerçait cette pression. "Cela fait partie des joies de la vie, écarter la Russie", a-t-il ajouté. L'AMA a salué par la voix de son porte-parole la décision de l'IAAF: "C'était l'une de nos recommandations, cette décision est une nouvelle positive pour tous les athlètes propres dans le monde", a-t-il indiqué.

Certains pays avaient déjà été suspendus par l'IAAF, mais c'est la première fois que l'instance internationale qui préside aux destinées du sport olympique N.1 suspend une de ses fédérations membres pour dopage institutionnalisé. Un tel niveau de tricherie n'avait plus été vu l'époque du bloc socialiste, notamment en RDA.

Vladimir Poutine, n'a donc pas été entendu. Le président russe, qui a fait du sport une de ses priorités stratégiques pour le rayonnement de la Russie, avait très clairement joué l'apaisement en milieu de semaine, et plaidé pour des sanctions personnalisées plutôt que collectives.

Par Abdelkader El-Aine
Le 14/11/2015 à 09h47