Beaucoup ont dénigré la prestation du Maroc en Mauritanie (0-0), vendredi dernier. Ils ont tort. Les Marocains n’ont pas pris les trois points, ni réalisé un grand match, certes. Mais il faut rappeler que les Lions étaient qualifiés (pour la prochaine CAN) au coup d’envoi de ce match. A partir de là, le résultat devenait secondaire, même si la victoire est toujours la bienvenue.
La vérité, c’est que Vahid Halilhodzic a abordé ce Mauritanie–Maroc disputé sur une pelouse impraticable comme un match amical. Un match amical est un laboratoire d’expérimentations en tous genres. Le sélectionneur en a donc profité pour lancer quatre nouveaux Lions, dont c’était la première sélection. Quatre, c’est beaucoup. Mais c’est tant mieux, parce qu’il vaut mieux prendre ce genre de risque dans un match sans enjeu.
Souvent convoqués, jamais alignés, Yahya Jabrane et Soufiane Rahimi ont ainsi égrené leurs premières minutes de jeu en sélection. Il était temps, tant ces deux joueurs comptent parmi les meilleurs du championnat. Que dire de leurs premières?
Pour Jabrane, ce fut extrêmement difficile. Le milieu du Wydad a pu mesurer la différence entre la Botola et le haut niveau international. Il a pris, trop vite, un jaune pour l’une de ces fautes que les arbitres de la Botola ne sanctionnent jamais d’un carton. Vahid a eu la bonne idée de le sortir à la pause parce qu’il aurait sans doute fini par prendre un deuxième jaune. Et parce qu’il n’y était pas du tout.
Ce n’est qu’une première, bien sûr, mais on a vu que Jabrane, qui a pourtant un gros vécu en club et chez les A’ (il vient de gagner le CHAN après un tournoi de très bonne facture), a encore beaucoup à apprendre.
Que dire de la première de Rahimi? Pas grand-chose. Le lutin du Raja n’a disputé que les dernières minutes du match, mais il doit clairement être revu. Parce qu’il a un talent fou et que personne ne connait encore son véritable niveau à l’international.
Les autres premières ont concerné deux «Européens», qui étaient tous les deux très attendus. Né à Khouribga, formé en Italie, mais révélé à Watford (D2 anglaise), Adam Masina ressemble à un véritable pari. A 27 ans, on a l’impression qu’il surgit de nulle part. Mais il nous faudra peut-être nous familiariser avec le nom de ce joueur, dont la première a été encourageante, surtout qu’il évolue à un poste (latéral gauche) où la sélection manque de cartouches.
Reste le cas de Munir El Haddadi, qui a revêtu lui aussi le maillot national pour la première fois de sa vie. Un miraculé, celui-là. L’ancien du Barça a clairement de l’endurance puisqu’il a bataillé de longues années durant, entre requêtes et procédures administratives, et il a tapé, pour ne pas dire frappé, à toutes les portes avant d’en arriver là.
Que dire de sa première? Vif et entreprenant, Munir a tenté de donner vie à un couloir gauche resté orphelin depuis la «disparition» de Sofiane Boufal (un talent fou, mais une carrière mal gérée et finalement une progression cahoteuse). A son actif, une jolie passe qui aurait pu être décisive pour Barkok, pour la seule occasion franche de la deuxième mi-temps. C’est tout. Mais il a disputé le match dans son intégralité, ce qui est plutôt bon signe pour la suite. Parce que oui, c’est sûr, Vahid le reconvoquera.
Ces quatre premières constituaient le seul intérêt véritable de ce match, côté marocain. En cela, Vahid a réussi sa mission. Il aura, demain encore, une nouvelle occasion d’expérimenter, avec le match Maroc–Burundi, le dernier de ces qualificatifs pour la CAN. Là aussi, le résultat importera peu. L’essentiel sera de travailler la cohésion du groupe, et de fournir de nouvelles minutes de jeu aux garçons qui ont longtemps ciré les bancs.
Ce Maroc–Burundi serait d’ailleurs parfait pour aligner d’entrée, pourquoi pas, un garçon comme Rahimi. Si Vahid veut compter l’intégrer au groupe Maroc, c’est le moment ou jamais de le lancer pour de bon.