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Algérie: le champion olympique Taoufik Makhloufi dézingue les autorités de son pays

Taoufik Makhloufi hier dans sa chambre d’hôtel à Johannesbourg. © Copyright : DR
L’athlète algérien le plus médaillé aux Jeux olympiques dans l’histoire du sport algérien passe aujourd’hui par des moments difficiles. Bloqué depuis cinq mois en Afrique du Sud, il n’a de cesse de multiplier les appels aux responsables de son pays pour le rapatrier, mais en vain. Voici son dernier cri de colère.
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«Je veux juste retourner dans mon pays.» C’est l’appel vibrant, le cri du cœur mais aussi de colère que lance Taoufik Makhloufi aux responsables de son pays pour le rapatrier. Dans une longue interview accordée au quotidien français Libération, le champion olympique algérien revient sur son «triste» séjour en Afrique du Sud, son calvaire d’être loin des siens et s’en prend vertement aux autorités de son pays.

«Je vais bien, elhamdoulillah. Dans les conditions que tout le monde connaît, c’est-à-dire loin de mon pays depuis bientôt cinq mois, loin de ma famille et en pleine pandémie de coronavirus. Au fait, je ne fais pas grand-chose mis à part entretenir ma forme physique à travers un footing quotidien. Je suis hébergé dans un hôtel pas loin de Johannesburg en attente d’un éventuel rapatriement que je souhaite le plus tôt possible», raconte l’athlète.

Et c’est avec beaucoup d’amertume qu’il évoque son état d’âme qui est loin d’être réjouissant et qui affecte ses préparations pour les prochaines échéances sportives. «Je ne vous cache pas que sur le plan psychologique, je suis largement atteint, je vis très mal cette situation inédite. Du coup, j’ai du mal à me concentrer sur le travail. Ma famille me manque énormément. Je fais preuve grâce à Dieu de patience en espérant que le cauchemar prendra fin rapidement.» 

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L’athlète spécialiste du demi-fond était arrivé début mars en Afrique du Sud pour un stage de préparation pour les Jeux olympiques de Tokyo. Mais en raison de la pandémie du coronavirus, il y est resté bloqué jusqu’à aujourd’hui. Testé négatif, il est confiné dans une maison qu’il loue à Johannesburg.

Mais la machine à rumeurs a été actionnée. Et nombre de médias algériens ont prétendu qu’il logeait dans une villa luxueuse avec piscine et jacuzzi. «Je dénonce ce genre de propos et d’affirmations maladroites qui sortent de cercles bien connus, qui veulent aujourd’hui justifier leur incompétence. Comme je viens de vous l’expliquer, je suis seul dans un petit appartement, et franchement je ne m’en plains pas. Le problème ne réside pas dans les conditions d’hébergement que j’ai moi-même choisies, mais dans le fait d’être seul à l’étranger sans aucune information par rapport à la date de mon retour, alors que je suis parti en mission à l’extérieur du pays pour un stage de préparation en vue des Jeux olympiques», peste Taoufik Makhloufi contre ses détracteurs.

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Une autre rumeur et non des moindre a été colportée à son encontre par les médias à la solde du pouvoir, qui tentent de discréditer toute personne réclamant des droits. Celle-ci prétend que l’athlète aurait exigé un avion spécial ou un jet privé pour son rapatriement.

Irrité par ces allégations, il fulmine: «Excusez-moi de l’expression mais c’est de la foutaise, c’est du n’importe quoi. J’ai juste réclamé une petite place dans un avion pour regagner mon pays, comme l’ont fait d’ailleurs les athlètes français, tunisiens et d’autres nationalités.  Ceux qui colportent ce genre de ragots veulent en fait porter atteinte à mon image. Certains d’entre eux l’ont déjà fait avant les JO de 2012 et de 2016».

Taoufik Makhloufi a beau multiplier les appels via les réseaux sociaux, en vain. Les responsables algériens semblent avoir d’autres chats à fouetter que de prêter attention au calvaire de leur citoyen qui a pourtant hissé haut le drapeau national lors de la manifestation la plus prestigieuse au monde. Lequel sportif dit réclamer une seule chose : «juste une place dans un avion pour rentrer au pays et être auprès de ma famille».

Le champion en a gros sur le cœur. D’autant plus que des entraîneurs et athlètes qui était avec lui ont été rapatriés par leur pays respectif. Normal qu’il a le sentiment d’être un laissé-pour-compte. Abandonné à son propre sort, il est à craindre qu’en rentrant dans son pays, il fasse l’objet d’une vendetta de la part du pouvoir en place dont c’est désormais la marque de fabrique.

Par Khalid Mesfioui
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