L’esprit d’Abeokuta souffle sur l’athlétisme mondial

Aziz Daouda. khadija Sabbar / Le360

ChroniqueRéunie à Abeokuta, la Confédération Africaine d’Athlétisme a adopté une résolution audacieuse pour réformer la gouvernance mondiale de l’athlétisme. En plaidant pour une meilleure représentativité continentale au sein de World Athletics, la CAA entend remettre l’équité et la démocratie au cœur des instances sportives internationales.

Le 18/07/2025 à 08h14

Lors de son dernier congrès tenu le 14 juillet 2025 à Abeokuta, au Nigeria, la Confédération Africaine d’Athlétisme (CAA) a adopté une résolution qui pourrait bien bouleverser la gouvernance mondiale de l’athlétisme. À l’heure où les appels à davantage de modernité et de représentativité se multiplient dans les instances sportives internationales, la CAA propose une série de réformes majeures visant l’organisation World Athletics (WA).

Face aux évolutions récentes du sport mondial et à l’impératif de transparence et d’efficacité, la CAA estime qu’il est temps de revoir les Statuts de World Athletics, l’instance faîtière de l’athlétisme mondial. Son objectif: renforcer la représentativité continentale au sein du Conseil de WA.

La résolution s’articule autour de plusieurs points clés, à commencer par l’instauration d’une représentativité équilibrée entre les continents. La CAA propose la mise en place d’un quota fixe de représentants pour chaque continent au sein du Conseil, afin de corriger les déséquilibres actuels qui favorisent les régions déjà bien établies dans les sphères décisionnelles.

Autre proposition forte: l’élection des membres du Conseil ne se ferait plus en assemblée générale mondiale, mais directement par les associations continentales. Chaque continent choisirait ainsi ses propres représentants. Seule exception à ce nouveau mode de désignation : la présidence de World Athletics, qui resterait soumise à un vote global en Assemblée Générale, conservant ainsi un certain équilibre institutionnel.

Le texte va plus loin en plaidant pour une implication accrue des continents dans la composition des commissions et groupes de travail de WA. La CAA propose que la désignation de leurs membres relève également des associations continentales, selon des quotas préalablement fixés par les règlements de WA. L’objectif affiché est clair: favoriser une diversité réelle et effective dans les instances techniques et stratégiques de l’athlétisme mondial.

Il s’agit d’un véritable plaidoyer pour une démocratie sportive renforcée. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique internationale qui appelle à plus de transparence, d’équilibre et de représentativité dans la gouvernance des grandes fédérations. Plusieurs observateurs estiment d’ailleurs qu’une telle réforme, si elle obtenait l’adhésion d’autres associations continentales, pourrait servir de modèle à d’autres disciplines sportives.

Mais la route vers l’adoption de cette réforme s’annonce semée d’embûches. Obtenir un consensus entre les différentes associations continentales constitue un premier défi de taille. Il faudra aussi convaincre le Conseil de World Athletics, où certains pourraient percevoir ces changements comme une menace à leur influence.

La CAA devra enfin veiller à inscrire cette réforme dans un calendrier cohérent avec les processus institutionnels en cours, tout en engageant des négociations serrées pour faire évoluer les textes réglementaires.

Portée par une volonté affirmée de justice et d’équité, la démarche engagée à Abeokuta pourrait bien marquer un tournant dans l’histoire de l’athlétisme. Elle redonne voix aux continents longtemps sous-représentés et remet sur la table une question essentielle: celle de l’équité dans le sport mondial. Reste à savoir si cette ambition portée par l’Afrique fera école et parviendra à impulser une transformation durable de la gouvernance de World Athletics.

Par Aziz Daouda
Le 18/07/2025 à 08h14