Présidence du CIO: les prétendants à la succession de Bach passent le grand oral

Indécise comme rarement dans l’histoire olympique, la campagne pour remplacer en mars le président du CIO Thomas Bach va connaître jeudi une étape majeure: le grand oral des sept prétendants devant les membres de l’organisation.

Le 29/01/2025 à 10h58

«Si l’un des candidats est un peu faible à l’oral, l’élection est si ouverte que ça peut faire une grande différence», estime auprès de l’AFP Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l’olympisme à l’Université de Lausanne.

Les présentations du Français David Lappartient, du Britannique Sebastian Coe et de leurs cinq rivaux se dérouleront en visioconférence et à huis clos, à l’image de cet examen quasi-papal et ses règles drastiques de confidentialité.

Ils disposeront néanmoins de dix minutes chacun devant la presse réunie à Lausanne à partir de 11H30 (GMT+1), première occasion de les entendre tous depuis que l’Allemand Thomas Bach, en renonçant en août dernier à prolonger au-delà de 2025, a lancé la course à sa succession.

Prévue le 20 mars à Costa Navarino (Grèce), sur les rivages de la mer Ionienne, l’élection s’annonce aux antipodes du précédent examen, en 2021, qui avait marqué la réélection à une écrasante majorité de Thomas Bach, alors seul en poux.

Au consensus entourant l’ex-escrimeur bavarois, à la tête de l’organisation olympique depuis 2013, succède un affrontement entre sept prétendants aux profils bien distincts, autour d’enjeux économiques, politiques et environnementaux.

- Des JO sur cinq continents -

Certains sont d’anciens champions - comme la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, 41 ans, septuple médaillée olympique en natation -, et le patron de World Athletics Sebastian Coe, 68 ans, double champion olympique du 1500 m et patron des JO-2012 de Londres.

D’autres dirigent des fédérations internationales - la gymnastique pour le Japonais Morinari Watanabe et le ski pour le Suédo-Britannique Johan Eliasch -, voire cumulent avec la direction d’un comité national olympique, tel le Français David Lappartient, président de l’Union cycliste internationale.

Enfin, les deux derniers sont des figures de la puissante Commission exécutive du CIO : le Prince Feisal Al-Hussein, fils de l’ancien roi de Jordanie, et l’Espagnol Juan Antonio Samaranch Jr, fils de l’emblématique président du CIO entre 1980 et 2001.

Dans leurs programmes dévoilés fin décembre, tous balaient les principaux enjeux qui guettent l’instance, depuis la sécurisation de ses revenus jusqu’à l’impact du réchauffement climatique et de l’intelligence artificielle.

Mais leurs propositions diffèrent, la plus radicale venant de Morinari Watanabe : le Japonais propose d’éclater les Jeux d’été dans cinq villes situées sur chaque continent, avec une diffusion continue en streaming.

Quelques mois après la polémique sur le genre de deux boxeuses médaillées d’or aux JO de Paris, l’Algérienne Imane Khelif et la Taïwanaise Lin Yu-ting, Sebastian Coe et Johan Eliasch insistent pour leur part sur la «sauvegarde du sport féminin» , sur laquelle leurs rivaux sont plus discrets.

- Que font les Russes ? -

Côté politique, les défis ne manquent pas pour un CIO historiquement soucieux de «l’autonomie» du monde sportif : comment dialoguer avec Donald Trump en prévision des JO-2028 de Los Angeles ? Quelle attitude face aux talibans pour protéger les sportifs afghans ? Comment aider le sport palestinien écrasé par l’offensive israélienne ? Et que faire des Russes près de trois ans après l’invasion de l’Ukraine ?

Sur ce sujet omniprésent à la fin de l’ère Bach, David Lappartient ou Juan Antonio Samaranch Jr avancent prudemment qu’il faudra réintégrer les Russes au monde sportif, mais sans préciser dans quelles conditions: sous bannière neutre, au compte-gouttes et hors épreuves par équipes, comme aux JO de Paris ? Ou en rétrouvant hymne, drapeau et délégation pléthorique dès les JO-2026 de Milan-Cortina ?

Sebastian Coe, à l’inverse, a conservé chez World Athletics une politique d’exclusion pure et simple, et n’évoque même pas les Russes et leurs alliés bélarusses dans son manifeste.

Sa priorité géopolitique est plutôt «d’atteindre des marchés inexploités à fort potentiel, en particulier en Afrique et en Asie». Un signal important, alors que la prochaine grande décision de l’instance sera d’attribuer les JO d’été de 2036, pour lesquels l’Inde, l’Afrique du Sud et l’Indonésie sont candidats, avec le Qatar et l’Arabie Saoudite en embuscade.

Par Le360 (avec AFP)
Le 29/01/2025 à 10h58

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