Inaugurée en juillet dernier par le maire de la ville Eduardo Paes, cette place se veut une reconnaissance du legs de ce sportif américain hors pair, décédé le 3 juin dernier à l'âge de 74, mais non sans avoir marqué son époque et inspiré des générations d’athlètes qui voulaient lui ressembler.
Depuis l’ouverture des jeux olympiques, Praça Mohammed Ali est devenue l’un des points incontournables du projet "Porto Maravilha" (Port Merveilleux), un plan de réhabilitation de la zone portuaire d’une superficie de 5 millions de mètres carrés, qui a donné un nouveau visage à la zone des quais de Rio de Janeiro, où l’on ne s’aventurait pas sans périls, il y a pas si longtemps.
Aujourd'hui, la place, jouxtant un arrêt de tramway, est l’extension d'un boulevard de bord de mer reliant les quartiers de Saude et Gamboa au centre historique de Rio, très animé avec ses différents musées, dont l’étonnant Museu do Amanha (Musée de demain), un monument incontournable de Rio consacré à la création de l'Univers et à l'avenir de l'humanité, ou encore le Musée d'art de Rio.
"Mohammed Ali n’était pas seulement un symbole dans le monde des sports, il était aussi un important personnage de l’histoire du 20ème siècle et du début 21ème siècle", avait affirmé le Maire lors de l’inauguration de cette place rendant hommage aux réalisations de ce sportif qui s’est révélé au monde à Rome en 1960, en remportant la médaille d’or des poids mi-lourds à 18 ans, alors qu’il était encore un inconnu.
«Se réconcilier avec le passé»
Il s’agit également d’une façon de se réconcilier avec le passé lié à l’esclavage de ce port, qui a vu défiler des millions d’esclaves, en immortalisant dans le dur le nom de celui que l’on surnommait "The Greatest" (le plus grand) et que l’on considère jusqu'à ce jour un symbole de la lutte contre l'inégalité raciale et les droits civils.
L’histoire retiendra l'homme qui a bouleversé les conventions sur et en dehors du ring, avec son rare sens de la formule, son goût pour la provocation et son combat permanent contre l'ordre établi.
La légende veut même que le multiple champion du monde de boxe la catégorie poids lourd jeta sa médaille olympique dans la rivière Ohio à son retour des Jeux de Rome, après qu’un restaurant de Louiseville "réservé aux blancs" ait refusé de le servir.
Pur mythe: Ali avouera des années plus tard avoir simplement égarée la médaille, mais la légende sportive et politique de celui qui a "appris à voler comme un papillon et piquer comme une abeille" était faite pour les décennies à venir au Brésil et dans le monde.
Trente six ans plus tard, le plus grand boxeur de tous les temps recevait une réplique de sa médaille, lorsqu'il alluma la vasque olympique aux JO d’Atlanta (1994), cette grande ville du sud des Etats-Unis où trente ans plus tôt la ségrégation persistait. Et c’est aujourd'hui le tour de Rio de Janeiro de lui rendre hommage, en léguant sa mémoire aux Cariocas.
