Quand les douaniers algériens préfèrent contrôler les maillots de Berkane plutôt que les valises contenant des millions d'euros

Les joueurs de la Renaissance sportive de Berkane à l'aéroport Houari Boumediene d’Alger, le 19 avril 2024.

Les joueurs de la Renaissance sportive de Berkane à l'aéroport Houari Boumediene d’Alger, le 19 avril 2024.. DR

Deux ressortissants algériens ont réussi à quitter le pays avec 2,4 millions d’euros en liquide dans leurs bagages, au nez et à la barbe des douaniers et du patron de l’aéroport Houari Boumédiène, Mokhtar Saïd Mediouni, qui ne se manifestent que lorsqu’il est question d’afficher leur haine pour le Maroc.

Le 20/08/2024 à 08h50, mis à jour le 20/08/2024 à 08h52

Dimanche 18 août, deux passagers en partance depuis Alger à Istanbul, en Turquie, avec une correspondance à Paris (France), ont été interceptés à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle par les agents des douanes, avec 2,4 millions d’euros en liquide dans leurs bagages, selon les informations publiées par la chaîne française BFMTV.

Les deux hommes, arrivant d’Alger, ont immédiatement été placés en garde à vue pour «manquement à l'obligation déclarative de capitaux à l'exportation» et «suspicion de blanchiment douanier».

La question qui vient directement à l’esprit: comment ces deux individus ont réussi à quitter l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger sans être arrêtés par les douaniers?

Ce scandale prouve, si besoin est, la corruption des douaniers algériens qui regardent ailleurs lorsque des millions d’euros en liquide passent comme une lettre à la poste sous leurs yeux distraits, mais montrent un zèle suspect quand il s’agit de fouiller les valises d’une équipe sportive marocaine. Quand on sait que Mokhtar Saïd Mediouni, retraité de l’armée soudainement nommé, en février dernier, directeur de l’aéroport international d’Alger Houari Boumédiène, on ne s’étonne guère que tous les services de l’aéroport soient mobilisés à une seule fin: lutter contre tout ce qui est marocain.

Ainsi, les douaniers algériens et les différents services de l’aéroport Houari Boumédiène avaient sorti l’artillerie lourde quand il s’est agi de fouiller les bagages de l’équipe de la Renaissance sportive de Berkane (RSB), qui s’est déplacée à Alger pour affronter l’Union sportive de la médina locale en demi-finale aller de la Coupe de la CAF.

Ce vendredi 19 avril 2024, les autorités algériennes avaient saisi dès l'arrivée les équipements de la RSB et procédé au blocage de toute la délégation du club marocain dans l'enceinte aéroportuaire. La raison? Les maillots de l’équipe berkanie, floqués de la carte intégrale du Royaume, intégrant naturellement ses provinces du Sud.

Devant l’intransigeance des responsables du club marocain et leur refus catégorique de céder à une tentative de chantage, voulant qu’ils changent de maillot ou qu’ils masquent la carte du Royaume avec des stickers, les autorités algériennes avaient décidé de tenter un autre subterfuge: confisquer les tenues en question, tout en forçant la délégation marocaine à rejoindre manu militari l’hôtel devant l’accueillir.

Une bataille juridique a été enclenchée pendant ce temps. La CAF est saisie, laquelle a ordonné à la Fédération algérienne de football et au club algérois de restituer ses maillots au club marocain. Des maillots officiellement homologués par la CAF, et avec lesquels le club avait déjà disputé plusieurs matchs à l’échelle continentale, et sans lesquels ce dernier refusera de jouer.


La sanction de la CAF est sans appel, tout comme est inébranlable la détermination de l’équipe berkanie. La décision a été dûment notifiée par écrit aux responsables de la Fédération algérienne.

Mais, rien n’y a fait. Le régime algérien, campant sur sa position, s’est enfoncé davantage dans l’absurde, allant jusqu’à proposer à l’équipe marocaine un maillot de substitution bricolé à la hâte. Une tenue non réglementaire, qui n’est homologuée ni pas la CAF, ni par l’équipementier en contrat avec la RSB, et que l’équipe marocaine a naturellement refusé de revêtir. L’affaire a fini devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), instance internationale qui a donné raison à la RSB et éliminé l’USMA de la compétition.

Corrompus, les douaniers algériens le sont certes. Quel homme en uniforme ne l’est pas en Algérie? Mais il faut faire preuve d’un peu d’indulgence à leur égard. Leur principale mission est de fouiller les valises et de repérer tout tee-shirt, écharpe ou blouson flanqué d’un symbole marocain.


Des millions d’euros en liquide, et en petites coupures de surcroît, transportés dans des bagages cabine, ce n’est pas important. Ne pas les intercepter n’expose les douaniers à aucune sanction. En revanche, un maillot d’une équipe marocaine qui n’est pas saisi, c’est non seulement l’assurance de perdre un poste généreusement rémunéré par les bakchichs liés au trafic de devises, mais aussi le risque de faire un aller simple depuis l’aéroport Houari Boumédiène au pénitencier d’El Harrach.

Par Mohamed Yassir
Le 20/08/2024 à 08h50, mis à jour le 20/08/2024 à 08h52