Ce lundi 21 avril, la FRMBB a annoncé la suspension immédiate de toutes les compétitions nationales. Officiellement, plusieurs raisons sont avancées. D’abord, la résiliation du contrat par la société d’assurance, en raison de dettes non réglées. Ensuite, une grève ouverte du personnel de la Fédération, qui réclame le paiement de salaires et primes en retard. À cela s’ajoute la coupure des services de téléphonie et d’Internet, rendant toute gestion administrative difficile, voire impossible.
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Mais surtout, la Fédération n’a toujours pas perçu la seconde tranche de la prime ministérielle pour la saison écoulée, ni celle attendue pour la saison actuelle.
Pour le président de la FRMBB, Mostafa Aourach, cette absence de soutien financier constitue un manquement grave de la part du directeur des sports. Dans une déclaration publique diffusée sur un média, il pointe sans détour la responsabilité du dirigeant en question.
Un effet domino sur tout l’écosystème
Cette décision intervient à un moment critique: à l’aube des matchs de playoffs, quand la saison sportive doit amorcer sa phase décisive. Elle frappe de plein fouet les clubs, les joueurs et joueuses, les staffs techniques et médicaux, mais aussi les familles, et tous les acteurs qui gravitent autour de ce sport.
Pour l’anecdote, lundi 21 avril, l’Ittihad Tanger devait affronter le Wydad à Casablanca. Les équipes avaient même entamé leur séance d’échauffement. «Même en ayant su la suspension du championnat, on a voulu quand même jouer, rien que pour les supporters qui étaient présents», nous raconte un joueur. Mais lorsque les dirigeants ont su que le contrat d’assurance avait été annulé, le risque s’est avéré trop important.
Le basket-ball marocain est censé être la deuxième discipline la plus pratiquée du Royaume. Pourtant, sur le terrain comme en coulisses, la réalité est toute autre. La suspension actuelle n’est que la conséquence visible d’une série de défaillances accumulées depuis plusieurs années.
Un sport en perte de vitesse
Ce gel du championnat vient s’ajouter à une dynamique sportive déjà très inquiétante. La sélection nationale masculine, en net recul, a manqué sa qualification à l’AfroBasket 2025, malgré l’organisation d’une partie des éliminatoires à Rabat. Sa dernière performance remonte à l’AfroCan 2023, une compétition réservée aux joueurs locaux. Depuis, les résultats se font rares de la part de l’équipe nationale.
Ce constat tranche fortement avec l’image projetée il y a quelques semaines lors de la Basketball Africa League (BAL), où le Maroc accueillait la Conférence Kalahari à Rabat.
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L’organisation y était impeccable, et l’on aurait pu croire à une dynamique positive, posant les bases d’un renouveau du basket national. Mais le jour même de l’ouverture de la Conférence Kalahari, une Assemblée générale cruciale avait été annulée, faute de pouvoir avancer dans un climat serein.
Une crise à deux visages
La crise actuelle est donc double: financière, certes, mais surtout structurelle. La gouvernance du basket-ball marocain interroge. Les tensions entre la Fédération et le ministère de tutelle ne datent pas d’hier, mais elles semblent avoir atteint un point de rupture. Et ce sont les sportifs, marocains comme étrangers, et les professionnels qui en paient le prix.
Face à cette situation, une sortie de crise suppose bien plus qu’un simple virement bancaire. Elle nécessite un dialogue responsable, et une véritable volonté politique de redonner à ce sport l’élan qu’il mérite.
En attendant, les terrains restent vides, les compétitions en suspens, et les ambitions rangées au vestiaire.
