Il faut toujours se méfier de ses ex, surtout en football. Les retrouvailles sont dures pour tout le monde, il y a des émotions, parfois des dérapages et surtout des buts. Souvent, donc, les ex marquent contre leur club d’origine. Question de motivation ou de hasard, allez savoir.
Tout récemment, lors de la 2e journée de Botola, on a vu Zola (Wydad) marquer contre le Chabab de Mohammedia, son ancien club. Pudique, presque gêné, le défenseur wydadi n’a pas célébré son but. Bravo à lui. Mais, était-il obligé? Absolument pas.
Dans le foot, il y a les lois écrites et il y a les autres qui ne sont pas écrites, que l’on appelle les codes, les normes, dont celles de l’éthique et du fairplay. Exemple: quand un joueur se blesse, personne n’est obligé de botter le cuir en touche. La plupart le font, bravo à eux. Mais d’autres, plus rares, ne le font pas. On les siffle, on les gronde, mais cela ne va guère plus loin.
Bien sûr, avec le temps, le fairplay a gagné des points, et donc ces lois non écrites aussi. Le respect de l’adversaire et du public a beaucoup progressé, y compris au Maroc. Il y a encore quelques années, rappelez-vous, quand l’arbitre sifflait la fin du match, c’était le début d’une période de flottement: tout le monde se dirige vers l’homme au noir, auquel on a forcément quelque chose à reprocher, on assistait à des échauffourées entre les joueurs qui se prolongeaient souvent dans les vestiaires, voire dans la rue. Sans parler des dirigeants et du public qui avaient aussi leur mot à dire à l’arbitre, aux joueurs, etc.
Ce cirque pouvait tourner au pugilat quand un ex marquait contre son ancien club. Surtout quand il enlevait son maillot pour célébrer…
Tout ceci est derrière nous? Pas forcément. On l’a vu avec l’affaire El Habti. Le garçon n’est pas le premier à jouer un mauvais tour à son ex. D’autres l’ont fait par le passé, et sur des matchs décisifs, cas d’Armoumen, il y a quelques années, qui avait offert le titre aux FAR face à cette même équipe du Raja…
Alors oui, El Habti a manqué d’élégance et de «vertu» envers son ancien club. Il a fauté. Mais il n’est pas le seul. Que dire d’une partie du public, qui l’a arrosé d’insultes tout au long du match et bien avant le fameux but? Qui a décrété qu’il était «normal» que quelques énergumènes se livrent à un tel lynchage, un tel acharnement?
Que dire de ce dirigeant rajaoui, qui descendit jusqu’à la pelouse pour cracher sur le joueur? Comment tolérer un tel débordement?
Et que dire de ces anciens joueurs, et des analystes, qui s’en prirent exclusivement au joueur, épargnant le public et le dirigeant? Comment justifier un tel aveuglement, une telle «hogra» ou presque?
Finalement, il faut saluer ici les sanctions de la Fédération, plutôt clémentes envers le joueur et lourdes pour le porte-parole des Verts. Les juges ont vu juste quant à l’échelle des «fautes» commises.
Et le public, ou plutôt cette partie du public qui a allumé le feu en incendiant le joueur, ne méritait-il pas au moins un avertissement? Quelqu’un prendra-t-il la peine de leur expliquer les règles non écrites du fairplay et du respect de l’adversaire, même quand il s’agit d’un ex?
Faisons confiance à la grande famille du Raja pour retrouver son calme et tirer les leçons de cette sale affaire. Un ex n’est pas un traitre. Il faut le laisser vivre sa nouvelle vie en paix. Il y est allé de son but? Sa célébration a été trop voyante? Dommage mais cela fait partie du jeu. Il faut l’accepter et savoir tourner la page.