Au Maroc, c’est le président qui fait le mercato. Ce n’est pas l’entraineur, qui est sur un siège éjectable avec une espérance de vie qui excède rarement les deux à trois mois. Quant au poste de directeur technique, ou de manager général, il n’existe presque pas.
Dans les faits, la plupart des présidents de club ont office d’homme-orchestre. Ils font tout. Et ils incarnent tout. Le seul projet sportif qui trouve grâce à leurs yeux est celui de payer les joueurs sans retard, avec des primes et des bonus. Ce qui n’est pas toujours simple.
Cette situation caricaturale n’est pas très loin de correspondre à la réalité. Elle tend à réduire l’impact des entraineurs et de la présence (ou plutôt l’absence) d’une vraie politique sportive.
L’autre problème de taille s’appelle l’équation financière. La plupart des clubs possèdent un business-plan rudimentaire, basé sur des prévisions très aléatoires. Ces clubs peuvent se retrouver, dès les premières journées, en état d’incapacité de paiement des salaires (et des créances).
Les deux derniers relégués, Berrechid et Oujda, sont à ranger dans cette catégorie. Leur relégation ne faisait aucun doute, alors que le championnat venait à peine de commencer. Et aujourd’hui, un club comme le Chabab de Mohammedia risque de poursuivre le même chemin de croix. Et cela fausse quelque peu la Botola.
La solution? Installer l’équivalent de la DNCG (direction nationale du contrôle de gestion) française, une instance qui contrôle les finances des clubs et condamne à la rétrogradation ceux qui n’ont pas les reins solides.
En attendant, la reprise de la Botola a été conforme aux attentes. La plupart des matchs se sont joués à un rythme poussif, avec un maximum de nuls (4 sur 8 possibles). Le Chabab a lourdement chuté à domicile (0-5 face aux FAR). Une surprise? Non, le club de Mohammedia navigue à vue depuis la saison dernière, déjà. Et si la DNCG existait au Maroc, le Chabab n’aurait probablement pas repris parmi l’élite, mais à un étage inférieur.
Le champion en titre, le Raja, qui n’avait plus connu la défaite depuis plus d’un an, a mordu la poussière à domicile (0-1 face à Berkane). Les raisons de la défaite sont-elles uniquement sportives? Peut-être pas…
Comme le Wydad il y a un an, le Raja risque à son tour de traverser une crise de gestion liée aux difficultés personnelles de son président sortant. Chacun à sa manière, Mohamed Boudrika et Said Naciri, qui ont obtenu d’excellents résultats sportifs, ont tellement incarné le «projet sportif» de leurs clubs respectifs qu’il devient compliqué de les remplacer du jour au lendemain.
Au Wydad, on parle d’ailleurs davantage du nouveau président que de l’effectif actuel. Face au Maghreb de Fès, le Wydad a aligné un onze totalement remanié, avec le seul Harkass comme rescapé du dernier exercice. Résultat: une défaite (0-1) qui place déjà le club au pied du mur. Faut-il s’en étonner? Vous connaissez sans doute la réponse…