Les graves incidents, qui ont émaillé le match qui a opposé le Maghreb de Tétouan au Raja de Casablanca, inquiètent les autorités, les riverains des différents stades du Royaume et les supporters du football au Maroc. Les hooligans sont de nouveau de sortie et ce n’est pas une bonne nouvelle.
La passion autour du football et le rassemblement de foules importantes autour des matchs ne sont pas nouveaux. Dès les années 20 du siècle dernier les passions nationalistes et régionalistes se sont révélées et exprimées via celui qui est très vite devenu le sport le plus populaire au monde. C’était la période de l’entre deux guerres et les footballeurs étaient devenus les outils des luttes nationales, la passion des foules faisait le reste. La rivalité naturelle qui existe entre les nations se transposait entre régions, villes rivales, quartiers et plus tard clubs rivaux. Les phénomènes de foules ont toujours transcendé les individus et les ont poussés aux pires excès et les débordements dus aux matchs de football n’étaient pas en reste.
C’est à l’occasion de l’inauguration du stade de Wembley que le spectacle du football a connu ses premiers actes de vandalisme et de violence. Elles étaient liées à un manque flagrant d’organisation et d’anticipation. Sur les 126.000 places du stade seules 35.000 pouvaient être réservées à l’avance. C’était sans compter sur le désir des Londoniens de découvrir leur nouveau stade d’autant que c’était une finale de la Cup, Coupe d’Angleterre, et que parmi les deux finalistes il y avait, le club des quartiers populaires de Londres, West Ham. L’histoire retiendra qu’une heure et demi avant le match 115.000 spectateurs étaient déjà autour des tribunes et que ce sont 160.000 spectateurs qui ont pu rentrer au stade dont la capacité était de 126.000. Le monde du football n’est pas passé loin de sa première catastrophe.
La violence c’était aussi à l’extérieur du stade, 100.000 personnes sans billets étaient agglutinées aux alentours du Wembley, dans l’espoir de pouvoir rentrer. Elles vont exprimer leurs frustrations de manière violente et seront réprimés avec la même violence par l’efficace police montée londonienne. Le bilan sera de 50 blessés, un miracle! Le match est resté dans les mémoires des sportifs anglais comme le jour de la «bataille de Footerloo» en référence à la bataille de Waterloo.
La violence autour et dans les stades est une menace pour le football. Elle connaitra d’autres épisodes beaucoup plus violents et meurtriers, depuis des sanctions ont été prises, des dispositions adoptées.
Il faudra faire plus et mieux chacun à son niveau. Les premiers concernés sont les parents, leur démission inquiète et interpelle. Ils ont perdu leur autorité et leur responsabilité est grande. Les papas sont pris dans l’engrenage de leurs difficultés à faire face aux besoins de leurs familles respectives. C’est peut-être le moment de mettre en avant les mamans. On a mesuré le poids de leur influence sur les joueurs, il y a quelques mois, il faudra peser leur effet sur le public. Depuis que les femmes fréquentent les terrains de football, il y a moins d’insultes, plus de respect et d’esprit sportif. C’est un phénomène à encourager pour que le terrain de football ne soit plus un champ de bataille mais un espace de dépassement de soi.
D’autres violences doivent être combattues, celles des insultes lancées à l’encontre des joueurs de l’équipe adverse. Ces insultes ont pris, par moment, dans d’autres pays, un caractère raciste intolérable. Elles font l’objet de sanctions très lourdes qui vont de l’interdiction d’accès au stade à la privation de liberté.
C’est ensuite les sifflets lors de l’exécution de l’hymne national de l’équipe adverse, un manquement grave à l’esprit sportif, à l’image du pays et à ses traditions d’hospitalité et d’amitié.
Pour le moment les violences enregistrées restent limitées à quelques matchs et à quelques supporters de clubs. Ces groupes sont connus des autorités et leurs débordements pris en charge par la police et la justice dans le respect de la loi. Des procès ont eu lieu, on y a vu des parents affligés par les sanctions infligées à leurs progénitures. Un travail de sensibilisation doit être entamé avec eux pour connaitre l’origine du mal et le circonscrire. C’est une obligation et un devoir que chacun doit assumer.
Les vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux ne sont pas belles à regarder, elles montrent tout ce que l’on ne veut plus jamais voir dans notre pays. Un pays qui avance, qui veut se frotter aux meilleurs, qui en a la capacité et s’en donne les moyens. Ce ne sont pas les quelques adolescents en manque d’éducation et de savoir vivre qui l’en empêcheront, il faut juste recanaliser leurs violences en énergies positives et remettre le train de leurs vies sur les bons rails. Et c’est une affaire de tous.