Said Naciri n’est pas le Wydad

 Logo Wydad, Said Naciri et Ayoub El Amloud

Logo Wydad, Said Naciri et Ayoub El Amloud. DR

Le président exerçait un mandat, il ne sera plus en mesure de l’honorer, pour des raisons évidentes, on tourne la page et on passe à autre chose. Naciri n’est pas le Wydad. C’est la seule certitude que l’on peut avoir et qu’il faudra retenir.

Le 29/12/2023 à 10h29, mis à jour le 29/12/2023 à 11h04

Depuis que Said Naciri, président du Wydad, a été incarcéré dans le cadre d’une enquête sur une affaire de trafic de drogue, les commentaires foisonnent sur les réseaux sociaux. Il fallait s’y attendre, le Wydad est un grand club suivi par des millions de supporters à travers le Maroc et ailleurs auprès de l’importante communauté marocaine à l’étranger.

Les premiers à s’être manifesté ce sont les supporters des autres clubs du pays. C’est de bonne guerre, la nature humaine est ainsi faite, elle se réjouit, chaque fois qu’elle le peut, des malheurs des autres. En Tunisie aussi, certains médias ont traité du dossier avec la partialité née du litige Espérance de Tunis-Wydad d’il y a quelques années. L’Égypte y a consacré quelques articles et un certain nombre de posts, l’indice d’un conflit latent avec le football marocain dans sa globalité. La fédération égyptienne vit mal, l’ascendant actuel du football marocain en Afrique.

Et comme il fallait s’y attendre, les médias algériens en ont fait leur cheval de bataille. Dans leurs délires, les médias du pays voisin ont développé une feuille de route pour le traitement de toutes les réussites du Maroc, qu’elles ont imposés à tous leurs agents médiatiques. Les différentes pages, Facebook, X (ex Twitter) et Instagram, qui s’attaquent au Maroc à partir de l’Algérie ne sont pas, pour la plupart, des sites privés. Ils agissent sous pseudos et cherchent à valider le même concept en le diffusant à grande échelle. Ce sont des organes de propagandes qui s’inscrivent dans une ligne directrice et un contenu dicté par des responsables haut placés dont l’objectif est de nuire au Maroc. C’est à l’aune de ces orientations que les supports algériens se sont attaqués au dossier «Said Naciri», avec tous les complots supposés et les financements occultes qu’ils imaginent dans leurs hallucinations. La réussite sportive du Maroc, dérange au point d’exaspérer.

Incontestablement Said Naciri a réussi au Wydad en sa qualité de président, son palmarès est l’un des meilleurs de l’histoire du club. Il est aujourd’hui soupçonné de trafic de drogue, il n’en fallait pas plus aux pilotes des campagnes systématiques à l’encontre des succès marocains pour se mettre en marche et actionner tous leurs leviers.  Soupçonné ce n’est pas être coupable. La culpabilité c’est après jugement. Il est en prison pour les besoins de l’enquête, pas pour répondre de ses actes. Le juge a estimé que les faits étaient suffisamment graves pour s’entourer d’un maximum de précaution et qu’il fallait l’incarcérer pour éviter des dissimulations d’éventuelles preuves, etc. Ce sont de bonnes raisons. Respecter le temps de la justice, c’est aussi un signe de maturité pour le pays. Il faut savoir prioriser dans toutes les affaires judiciaires, la présomption d’innocence et l’indépendance de la justice.

Cette prudence de la justice marocaine aurait dû interpeller les juges médiatiques et les propagandistes. En se mobilisant de la sorte, ils n’ont fait que souligner l’indépendance de la justice marocaine dans cette triste affaire. Naciri et ses acolytes sont des hommes puissants, ça ne les a pas empêché d’être sous enquête et incriminés avant d’être jugés.

Ce n’est pas la première fois qu’un président de club est envoyé sous les verrous. Rien qu’au cours du mois de décembre, le président d’un club turc s’est retrouvé en prison pour avoir agressé un arbitre. Il risque d’être imité par l’ancien président du club d’Angers contre lequel le procureur a requis 3 ans de prison pour agressions sexuelles.

Ce n’est pas la première fois non plus qu’un président de club se retrouve dans un tel emballement médiatique. Bernard Tapie avait été condamné à la prison ferme pour une affaire de corruption lors d’un match OM-Valenciennes, c’était en 1993. Un match que l’OM devait gagner pour être assuré du titre de champion avant d’aborder, en toute sérénité, la finale de la Ligue des Champions face au Milan AC. La seule gagnée par un club français.

A l’époque aucune affaire n’avait mobilisé autant les journaux télévisés et les unes des différents quotidiens français. L’impact de cette campagne sur le jugement qui s’en est suivi a fait dire en 2009 à Eric de Montgolfier, procureur général de cette affaire: «si le président de l’OM n’avait pas été Bernard Tapie, il ne serait jamais allé en prison. Les faits ne le méritaient pas». Cette déclaration devrait à elle seule faire réfléchir.

D’autres présidents de clubs ont été en prison, chez nos voisins par exemple. Ils faisaient l’objet de règlements de compte à l’arrivée d’une nouvelle équipe dirigeante. Ce n’est pas le cas de «l’affaire Naciri». Ici, c’est la justice qui fait son boulot. Ce n’est pas une campagne de chasses aux sorcières comme il en existe tant ailleurs. Si Naciri n’avait pas été le président du Wydad, il serait devant le procureur de Sa Majesté. Les faits qui lui sont reprochés sont suffisamment graves pour lever toute immunité supposée.

Dans cette affaire le Wydad ne peut en aucun cas être partie, ni être concerné. Le président exerçait un mandat, il ne sera plus en mesure de l’honorer, pour des raisons évidentes, on tourne la page et on passe à autre chose. Naciri n’est pas le Wydad. C’est la seule certitude que l’on peut avoir et qu’il faudra retenir.

Par Larbi Bargach
Le 29/12/2023 à 10h29, mis à jour le 29/12/2023 à 11h04