Cette CAN de Côte d’Ivoire fera beaucoup de bien au foot africain. On a vu une belle organisation, des installations sportives de haut niveau, un arbitrage irréprochable et de très belles réalisations techniques. Ce n’est pas si facile de réunir tous ces éléments ensemble.
Par-dessus tout, on a vu du foot de très belle facture. Ce n’est pas un hasard si aucun des cinq mondialistes, dont le Maroc, n’a dépassé le stade des huitièmes. La moitié au moins des sélections engagées dans cette CAN 2023 auraient largement leur place dans un Mondial à 48.
Tout le monde a proposé quelque chose, avait des arguments pour aller loin. Regardez les progrès d’une sélection comme la Mauritanie. Pensez que la Guinée équatoriale a passé un 4-0 historique au futur vainqueur. Une sélection comme le Mali s’est arrêtée aux quarts alors qu’elle avait les qualités pour aller sur le toit de l’Afrique. Et le Sénégal, tenant du titre, a quitté la compétition sans avoir perdu aucun match dans le jeu.
Et que dire de cette magnifique sélection de Côte d’Ivoire, humiliée au 1er tour, puis revenue transfigurée, jouant tous ses matchs avec le couteau aux dents. Sa victoire finale est une victoire du courage, de la détermination, de la foi.
Dans ce contexte très relevé, les Lions de l’Atlas, et au-delà du résultat sec qui est très décevant, n’ont jamais proposé grand-chose dans le jeu. Leur problème vient aussi de là, ils ont campé sur leurs certitudes du Mondial (bloc compact, attaques par à-coup en misant sur les transitions offensives). Comme s’ils n’avaient pas réalisé que, en face, les schémas ont bien évolué, en étant tirés par le haut.
Sans les coups de patte sporadiques de Ziyech, le parcours des Lions aurait pu s’arrêter bien plus tôt. Parce c’est de lui, de ce garçon diminué physiquement, que sont venues les rares éclaircies marocaines.
Les critiques se sont trop concentrées sur le mauvais repli défensif des uns et des autres, et sur les carences d’un Saïss. Elles ont oublié que la grosse défaillance est surtout venue d’une animation offensive timide, sans idées directrices.
Il n’a échappé à personne que la sélection marocaine n’arrivait au grand jamais à créer le surnombre en attaque. Sa présence dans la surface adverse a été trop faible. Même en étant menés au score et potentiellement éliminés, face à l’Afrique du sud, les Marocains n’arrivaient pas à créer ce surnombre.
Ce plan B, que l’on attendait et espérait, n’est jamais venu. Il n’existait tout bonnement pas. Jusqu’au bout, les Lions se sont uniquement appuyés sur les inspirations d’un Ziyech quand il était là, et sur les quelques saillies d’un Hakimi trop nerveux, ou d’un Ounahi trop intermittent.
On ne va pas tomber sur le pauvre Ezzalzouli: il a fait ce qu’il a toujours su faire, à savoir courir tête baissée en essayant d’embarquer un ou deux adversaires dans le dos. Mais, même lorsqu’il arrivait à prendre le dessus, la surface de réparation restait presque déserte: les milieux offensifs ne suivaient pas, le latéral opposé non plus. Résultat: Ezzalzouli devait finir l’action en improvisant. Ce qu’il n’a jamais réussi à bien faire. Même si, avec une meilleure intelligence de jeu, et plus de malice, il aurait pu provoquer un pénalty (face à l’Afrique du sud).
A défaut de présence dans la surface, le Maroc avait appris à compenser par une présence sur les deuxièmes ballons: c’est ce qu’on a vu au Mondial du Qatar, et lors du premier match face à la Tanzanie (but de Saïss). On ne l’a plus vu du tout par la suite…
Pour exploiter ces deuxièmes ballons, il aurait fallu avoir un plan B: un deuxième attaquant qui exploite les espaces créés par En-Nesyri. Ou une pointe capable de jouer dos au but, pour permettre au bloc du milieu de remonter… Un plan B que le Maroc n’avait visiblement pas en Côte d’Ivoire. Et c’est pour cela que sa route devait s’arrêter bien avant le dernier carré.
Regardez donc comment les Ivoiriens, si souvent menés au score, revenaient dans leurs matchs, y compris en finale. Sans plan B et sans présence dans la surface adverse, leur seul courage n’aurait jamais suffi à les ramener en vie…