Du futsal à la Ligue des champions: le fabuleux destin d’Abdellah Zoubir

Capitaine et passeur décisif lors de la victoire historique du Qarabag FK sur le terrain de Benfica (3-2), Abdellah Zoubir a écrit un nouveau chapitre de sa carrière atypique. Découvert dans le futsal, Zoubir s’est imposé en tant que leader de la formation d’Aghdam, avec laquelle il a collectionné plus de 300 matchs. A 33 ans, le Marocain conserve encore un rêve: les Lions de l’Atlas.

Le 21/09/2025 à 10h02

C’est une histoire comme seul le football est capable de produire. Mardi, pour le compte de la journée inaugurale de la phase championnat en Ligue des Champions de l’UEFA, Qarabag FK réalisait la plus grosse surprise de ce début de saison européenne, en battant Benfica à Lisbonne (3-2).

Menés 2-0 après moins d’un quart d’heure de jeu, les représentants de l’Azerbaïdjan se sont révoltés en deuxième période, pour finalement s’imposer sur le fil. Un succès dignement fêté, avec des félicitations en plus haut lieu et une réception de héros à l’aéroport de Bakou.

«On le mérite, parce que ce club fait un travail énorme», indique le capitaine marocain Abdellah Zoubir et auteur de l’assist du troisième but, contacté par Le360 Sport. «Les deux seuls joueurs qui avaient de l’expérience en Ligue des Champions (dont le Marocain Samy Mmaee, ndlr) étaient sur le banc. Quelque part, on était tous des novices. Après avoir encaissé deux buts en quelques minutes, on s’est dit qu’on devait jouer notre jeu pour revenir dans le match. On marque un but et on les fait douter, puis un deuxième, puis un troisième… on a battu Benfica, ce qui est très dur à faire», raconte avec fierté l’attaquant de 33 ans.

Le prix de la persévérance

Cette victoire historique a mis du temps à se concrétiser. La dernière apparition de Qarabag en Ligue des Champions remonte à la saison 2017-2018, bouclée par deux matchs nuls et quatre défaites. «Participer en tant que joueur, c’est déjà pas mal. Mais le faire en tant que capitaine, ça fait vraiment plaisir. Après deux tentatives aux play-offs, la troisième a été la bonne», confie le natif de Lille. «Qarabag est un club sérieux, qui fait des recrutements ciblés. En tant que capitaine, je veux leur rendre la pareille, en étant sérieux aux matchs, aux entraînements et même en dehors du cadre footballistique», insiste Zoubir. Et pour cause, le Marocain comptabilise plus de 300 matchs sous le maillot du club. De loin, le plus long bail de sa carrière.

L’Azerbaïdjan, un choix atypique

«Je ne connaissais pas le pays avant. J’ai découvert une superbe ville, un pays sûr où il y a de bonnes écoles pour les enfants. On a un magnifique centre d’entraînement. Tout est neuf et tout est mis à notre disposition pour bien exercer notre métier. Depuis le premier jour, je n’ai eu que de bonnes expériences ici», explique Abdellah Zoubir.

Flashback en 2018: Zoubir évolue au RC Lens, alors en Ligue 2 et briguant une place en élite. «La première saison à Lens était très bonne, on avait manqué la montée lors de la dernière journée, se rappelle Zoubir. La deuxième saison était plutôt moyenne, les dirigeants lensois trouvent un accord avec Qarabag, bien que j’avais des offres d’Espagne et de France. Je parle alors à Alharbi El Jadeyaoui, qui me conseille d’y aller. Il me dit que Qarabag est un club familial, qui joue souvent l’Europa League», se remémore-t-il.

Les débuts difficiles et le rêve des Lions

Un choix professionnel à l’image de la carrière singulière d’Abdellah, découvert au futsal. «Je suis arrivé du jour au lendemain dans le football professionnel. On m’a repéré, je suis recruté par Grenoble, puis je me retrouve en Roumanie, en Ecosse et en Azerbaïdjan. Je ne suis pas quelqu’un qui a peur du voyage», affirme le joueur de 33 ans, qui n’a jamais fait un grand centre de formation et qui a dû apprendre la tactique et le placement sous la houlette du coach Olivier Saragaglia.

«La veille de la demi-finale Maroc-France, le coach me dit : tu es Marocain et tu es né en France, va regarder le match.»

—  Abdellah Zoubir

Au total, Abdellah Zoubir a disputé plus de 500 matchs en tant que professionnel. «J’ai toujours été ambitieux, j’ai toujours voulu réussir dans la vie. Mais je serais un menteur si je dis que j’y croyais depuis le début. Mon objectif c’était d’atteindre la Ligue 1. Maintenant, je joue la Ligue des Champions», confie Zoubir, accessoirement le buteur historique du club en coupes européennes.

Mais s’il y a bien une chose que Zoubir a toujours gardé, c’est sa capacité de rêver. Et son plus grand rêve, c’est l’équipe nationale du Maroc. «Je suis un compétiteur, je ne ferme aucune porte. Je me donne à fond, il y a un sélectionneur et je respecte tous ses choix. Je suis le premier supporter de l’équipe nationale. Hervé Renard m’a appelé, j’étais très content. Malheureusement, je me blesse. Mektoub. Il me rappelle quand même et il me dit d’être tranquille, il y a un rassemblement dans un mois. Entre temps, il est parti, donc je n’ai plus été contacté. De mon côté, si j’arrive à jouer pour le Maroc, ce sera un accomplissement. Personne ne peut m’empêcher de rêver, ce sera une fierté pour moi et toute ma famille», souligne-t-il.

Ce côté supporter, Zoubir en parle avec nostalgie. «Pendant la Coupe du Monde au Qatar, je ne pouvais pas y aller parce qu’on était en préparation avec le club. Mais la veille de la demi-finale, le coach (Gurban Gurbanov, ndlr) m’appelle et me dit: tu es Marocain et tu es né en France, va regarder le match. J’ai pris mon billet d’avion, j’ai payé la place le prix qu’il fallait payer et je me suis rendu à Doha. Là-bas, j’ai rencontré des amis comme Fouad Chafik et l’expérience était incroyable», raconte-t-il.

Mais ça, c’était avant. «Cette année, il y a la CAN à domicile. Il faut la gagner!» conclut le bourlingueur du foot.

Par Amine El Amri
Le 21/09/2025 à 10h02