Raja: À la recherche du diamant vert

Adil Hala, président intérimaire du Raja.

Adil Hala, président du Raja de Casablanca.. DR

ChroniqueLa dernière défaite du Raja en Ligue des champions de la CAF face à l’AS FAR a été la goutte qui a fait déborder le vase. L’état d’alerte est au maximum et une réunion de crise a été tenue, au cours de laquelle le Comité directeur a renouvelé sa confiance en Ricardo Sa Pinto. Le technicien portugais, qui n’a pas encore goûté à la victoire depuis son arrivée au Maroc, déçoit tant par son management que par sa communication. La difficulté sur le terrain rejaillit sur un club qui a perdu pied, depuis le doublé historique remporté en fin de saison dernière.

Le 29/11/2024 à 09h52

Said est un fidèle supporter du Raja depuis près de 30 ans. Il respire, mange et vit pour et par son club préféré. Depuis quelques semaines, il passe devant ses amis, la tête basse et la mine renfrognée. Son sujet de conversation préféré demeure son Raja mais sa vision est passée d’un optimisme béat à un pessimisme des plus noirs. Au café, ses exercices de chambrage avec ses amis ont presque disparu et Said passe le plus clair de son temps, les yeux rivés sur son smartphone, à l’affût de nouvelles de son club chéri. Et le moins que l’on puisse dire est que rien ne l’incite à lever la tête. Il se contente à chaque moment de pousser un soupir, comme si Said avait perdu de vue un proche.

Son analyse rejoint celle de la majorité des observateurs. Attablé, Said rappelle que le Raja n’a pas su gérer la réussite, que le comité a commis des erreurs de casting des joueurs et des entraineurs lors du mercato estival. Comment se fait-il que le club n’a pas eu les arguments sportifs nécessaires pour retenir Josef Zinnbauer? Le challenge d’une Ligue des champions que les Verts lorgnent depuis 25 ans ne pouvait-il pas suffire à retenir le technicien allemand? Ne fallait-il pas essayer de recruter un successeur au profil similaire? Il est vrai qu’en termes de conceptions de jeu, Rusmir Cviko était aux antipodes des principes de jeu appliqués pendant la période Zinnbauer. Ensuite, Said ne manque pas de blâmer le comité, qui a tout fait pour ne pas retenir l’intérimaire Jinani. L’enfant du club qui avait su redresser la barre en Botola avec trois victoires consécutives. Enfin, notre ami se demande qui a validé le recrutement de Sa Pinto, pas vraiment un modèle de stabilité ni d’expérience sur le Continent-Mère. Ces interrogations rejoignent forcément le sentiment que l’actuelle direction du club a commis des erreurs au moment où elle devait prendre des décisions majeures.

Le président Adil Hala and co sont la cible préférée de l’ami Said. Pour lui, la direction gère le contexte de la manière la plus erronée possible. Confrontés à une crise financière chronique, à des litiges sur le plan national et international à n’en plus finir, les dirigeants ont choisi l’option low cost concernant les coachs. Ils ont tenté des paris au niveau du mercato pour remplacer les partants Mokadem, Makahasi, et Maouhoub. Or, les renforts que sont Firdaoussi, Bikoro, Bodda… ne sont pas pour le moment à la hauteur. Aucun d’entre eux n’a réussi à gagner l’affection des fans. En plus de la campagne de recrutements mis en cause, Said pointe du doigt l’attitude des joueurs sur le rectangle vert.

Pour lui, les Bouzok, Ennaffati, Bougrine et autres Zniti sont restés à Agadir, là où le Raja a écrit en lettres d’or la page la plus récente d’un livre de souvenirs unique, qui perdure depuis 1949. Depuis la reprise, ce sont les clones les moins doués de ces stars qui défendent les couleurs du club. Et Said de blâmer le manque d’implication et d’engagement des joueurs qui se sont vus en haut de l’affiche et qui ont oublié qu’il faut une remise en question constante, quand on est en quête de gloire. Yousri Bouzok meilleur buteur et passeur remporte à lui seul le «prix citron», décerné par notre fan inconsolable. Pour lui l’ailier est mentalement, techniquement et physiquement en deçà de son rendement habituel.

À ce propos, Said ne manque pas de faire allusion à l’affaire du maillot officiel et/ou premium du Raja pour la Ligue des champions. Il estime que le bug en termes de communication a porté préjudice au grand Raja et son public, avec une conclusion synonyme d’un état d’âme mélancolique: quel que soit le maillot porté, le Raja ne sait plus gagner.

Par Amine Birouk
Le 29/11/2024 à 09h52