Calme, sûr de lui, Hakimi n’a pas esquivé. Sa dernière sortie médiatique, sur Canal+ avec notre confrère Bertrand Latour, a été pour lui l’occasion de mettre les points sur les «i» à propos de deux sujets brûlants. Il est d’abord revenu sur les accusations de viol présumé qui le visent. «Je suis tranquille», affirme-t-il, tout en dénonçant «quelque chose d’horrible, d’injuste» lorsqu’on est accusé à tort. Le Lion de l’Atlas en est convaincu: «La vérité va sortir». En attendant, il choisit de se concentrer sur l’essentiel: sa vie, sa famille et le football.
Et justement, dans son actualité sportive, figure la course au Graal de tout grand joueur: le Ballon d’Or. Sa saison 2024-2025, ses statistiques, son rôle clé au PSG comme avec l’équipe nationale et son exemplarité sur et en dehors du terrain font de lui un candidat sérieux. Mais Nasser Al-Khelaïfi semble avoir choisi de pousser la candidature de Dembélé.
La stratégie se comprend: éviter la dispersion des voix entre joueurs parisiens, ce qui pourrait profiter à Lamine Yamal. En prime, le président qatari renforce ses liens avec une partie de la presse qui lui a souvent été critique depuis sa prise de fonctions en 2012.
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Or Hakimi a choisi le timing idoine pour remettre la balle au centre. Le natif de Getafe s’en remet aux chiffres qui ne mentent jamais: «Quand les gens me mettent dans le débat du Ballon d’Or, c’est un rêve auquel je n’avais jamais pensé. Si j’ai la possibilité de le gagner, je pense que je le mérite aussi. Après la saison historique que j’ai faite, il n’y a pas beaucoup de joueurs qui ont marqué en quart, demi et finale de Ligue des Champions. Et en tant que défenseur, c’est encore plus difficile. Les gens pensent que je suis attaquant ou milieu, mais non, je joue dans une ligne de quatre et je dois penser à défendre. C’est plus difficile. Les statistiques que j’ai eues cette saison ne sont pas celles d’un défenseur “normal”. Si un défenseur arrive à faire ça, il mérite plus qu’un attaquant le Ballon d’Or».
Des propos qui tranchent avec le discours du club et une machine médiatique lancée à plein régime pour Dembélé. D’ailleurs ceux qui ont utilisé à volonté leur télécommande ont pu constater cette campagne appuyée en faveur du Français: sur la chaîne cryptée française, le débat Dembélé vs Hakimi a relégué au second plan l’enjeu sportif de la rencontre contre les Spurs. Sur la chaîne qatarie, le principe de solidarité arabe est passé à la trappe. Le commentateur et les consultants, dont un ex-joueur d’Al Ahly n’ayant jamais disputé de Coupe du Monde, ont multiplié les éloges à Dembélé, au mépris des règles élémentaires d’objectivité ou de devoir de réserve. Et vive Bruce… pardon, Nasser tout-puissant.
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Sans cette sortie médiatique, il n’y aurait probablement pas eu de voix discordante face au récit dominant. beIN aime se présenter comme la maison du débat contradictoire ; sur ce dossier, on est plutôt dans la pensée unique, avec ce vieux réflexe: on entre dans une réunion avec ses idées, on en ressort avec celles du patron.
En reprenant la parole, Hakimi s’est replacé au cœur du débat, au même niveau médiatique que Dembélé et Yamal. Mieux: un sondage du quotidien L’Équipe le place largement en tête des préférences du public, loin devant ses rivaux. Certes, ce vote n’a qu’une portée symbolique, seuls les journalistes désignés par France Football décideront, mais il traduit une première victoire populaire.
Reste à entretenir cet élan: occuper l’espace sur les réseaux sociaux, multiplier les interventions médiatiques et convaincre les jurés de ses mérites. Les votants hispanophones, ceux du Proche et Moyen-Orient, ainsi que les journalistes d’Afrique francophone, anglophone et lusophone constituent autant de cibles à ne pas négliger.
Chaque voix peut peser. Et si la bataille médiatique semble déséquilibrée, face à une machine qui a, elle, déjà choisi son camp, Achraf Hakimi vient de prouver qu’il sait marquer… même en dehors du terrain.









