Vous avez sûrement vu passer l’information sur vos téléphones, en scrollant les réseaux: Ahmed Faras n’est plus. Certains d’entre vous ont peut-être pris le temps de taper son nom sur un moteur de recherche, de lire sa biographie, ou de visionner quelques images d’archives, rares mais précieuses, disséminées sur quelques plateformes.
Si je devais vous raconter Ahmed Faras, je ne commencerais pas par les chiffres, ni même les trophées. Je commencerais par l’homme. Car Faras, c’était d’abord une manière d’être. Il était la modestie incarnée. Une humilité naturelle, presque silencieuse. Une discrétion rare dans un monde qui, aujourd’hui, valorise le bruit, l’ego et la lumière facile.
Et cette modestie, mes enfants, est peut-être la plus grande leçon qu’il vous laisse. Si vous n’avez pas les pieds sur terre, si vous croyez que le talent suffit sans travail ni valeurs, alors vous passerez à côté de votre histoire. Faras avait compris cela bien avant les autres. À l’heure des réseaux, du paraître, des vidéos virales, lui avait fait un choix clair: il n’a jamais eu de téléphone portable. Il préférait parler aux gens autour d’un café, plutôt que d’échanger avec des «amis» virtuels.
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Mais parlons maintenant du joueur. Capitaine de la sélection marocaine victorieuse de la CAN 1976, il a mené ses coéquipiers vers l’un des plus beaux chapitres de notre football. Ce que peu de gens savent, c’est qu’il a disputé ce tournoi en étant malade, atteint de typhoïde. Il a joué affaibli, mais porté par le devoir et la passion.
Cette CAN en Éthiopie (l’ancienne Abyssinie) n’était pas une promenade. Les conditions de séjour étaient rudes. Les adversaires redoutables : la Guinée de Cherif Souleymane, l’Égypte d’El Khatib, le Nigeria de Lawal, le Zaïre de Mulemba Ndaye... Mais Faras, fidèle à lui-même, a montré la voie. Il a éclairé le chemin.
Vous aimez les stats? Parlons-en. Faras est le premier buteur historique de l’équipe nationale. Certains disent 36 buts, d’autres 42, voire 45. Les chiffres varient, mais un point ne fait débat pour personne: il reste une légende. Son pied gauche, chirurgical. Son jeu de tête, un modèle de timing, malgré ses 1m73. Il est encore aujourd’hui le meilleur buteur marocain en phase finale de CAN. Son triplé contre la Malaisie aux Jeux olympiques de Munich 1972? Jamais égalé.
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Et avec son club, le SCC Mohammédia? Il lui a offert ses seuls titres: Champion du Maroc en 1980, Coupe du Trône en 1975, Coupe du Maghreb en 1972. Ces trophées-là devraient suffire à convaincre les responsables locaux de lui dédier une avenue, un stade ou un centre de formation. Pour que les générations futures sachent qui il était.
Et puis, il y a sa longévité. Treize années en sélection, de 1966 à 1979. À une époque où l’hygiène de vie était encore un concept lointain, Faras vivait déjà comme un professionnel. Il surveillait son poids, gérait sa récupération, évitait les excès. Il était en avance.
Cerise sur le gâteau: il restera le premier Marocain à avoir remporté le Ballon d’Or africain, à une époque où seuls les journalistes de France Football votaient.
Ahmed Faras a toujours été respecté: par ses coéquipiers, ses adversaires, et surtout par ses supporters. Le grand gardien tunisien Attouga a eu cette phrase restée célèbre: «Les autres frappaient le ballon. Faras, lui, le signait».
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Et quand sa carrière s’est achevée, il n’a pas tourné le dos au football. Il a fondé son école. Il a formé, encadré, conseillé. Combien d’enfants sont passés entre ses mains? Des centaines. Certains ont percé, d’autres non. Mais tous ont appris quelque chose de précieux: le respect, le travail, l’humilité.
Enfin, mes enfants, vous devez savoir que le mot «Faras» signifie cheval en arabe classique. Et Sidi Ahmed Faras n’était pas un simple canasson: il était un pur-sang. Noble, élégant, majestueux.
Alors à vous, jeunes joueurs qui commencez tout juste à caresser le ballon, je vous dis ceci: Jouez comme Faras. Vivez votre passion avec le même sérieux, le même amour, la même droiture. Que son souvenir vous accompagne, non pas comme une légende figée, mais comme un modèle vivant.
فوزي لقجع في زيارة لأحمد فرس. DR
















