Les dernières images sont éloquentes. La scène du 2ème penalty contre le Gabon a fait le tour de la planète foot. Ziyech après avoir transformé sa première tentative, s’approche du ballon pour doubler la mise. Il sait qu’il est le 1er tireur désigné par Walid Regragui. Rahimi après avoir levé la main se retire de la scène, tandis que Brahim Diaz s’avance accompagné de Hakimi pour demander le ballon à son capitaine. En manque de réussite, le joueur du Real Madrid espère enfin débloquer son compteur but en Équipe Nationale. Devant les dénégations répétées de Ziyech, Diaz se retire dans un coin de la surface de réparation visiblement déçu de l’attitude de son coéquipier. Les médias ibériques relaient les images et pointent du doigt «le vilain geste de Ziyech».
Et pourtant, le numéro 7 de la sélection n’en est pas à un paradoxe près. Ceux qui le côtoient dans le groupe, mettent en avant sa gentillesse. Pour eux, c’est un cœur en or. Des exemples peuvent étayer cette vision des choses. Ziyech fait partie des joueurs les plus actifs dans le petit monde des footeux qui initient des actions caritatives pour les plus défavorisés. Le petit personnel du Complexe Mohammed VI bénéficie aussi d’aides ponctuelles de la part de l’ex de l’Ajax et de Chelsea. Mais en même temps, tout le monde se rappelle de ses coups de gueules sur le terrain, de ce visage des mauvais jours quand il n’aspire pas le jeu ou quand il n’est pas inspiré.
Ses querelles avec Hervé Renard ou Vahid Halilhodzic ont défrayé la chronique. Le public en grande majorité a pris fait et cause pour lui. Hervé Renard, en fin diplomate, a fait des concessions pour ramener cet enfant terrible au bercail. Coach Vahid, lui, a préféré la méthode frontale, ce qui a accéléré sa mise à l’écart. Walid Regragui, de son côté, gère du mieux qu’il peut le volcan Ziyech, excusant ses coups de sang, justifiant ses caprices et mettant en avant ses gestes de génie. Des gestes qui découlent d’une patte gauche privilégiée, d’une vision de jeu au-dessus de la moyenne, et d’une capacité à débloquer les matchs d’une frappe de loin ou sur un coup de pied arrêté.
Mais visiblement depuis la dernière CAN, certains paramètres dans le microclimat de la sélection ont évolué. L’arrivée de Brahim Diaz a modifié quelque peu la hiérarchie. Ziyech est obligé de partager les galons avec le Merengue. Et ce nouvel élément ne semble pas plaire au joueur de Galatasaray. Son langage du corps le trahit. Peu rassuré par ses récentes performances sur les bords du Bosphore, il cherche visiblement à reprendre confiance. Replacé au cœur du jeu, sa vision périphérique peut faire des merveilles, mais en même temps, dès que le ballon s’éloigne de sa zone d’influence, il semble se désintéresser du jeu. Déjà peu prodigue en efforts défensifs quand il était au summum de sa condition, il ne daigne même plus se replier.
L’Equation crise de confiance, baisse de condition physique, et arrivée d’un nouveau chouchou capable de lui disputer l’amour du public peut pousser Ziyech à se construire une nouvelle carapace qu’il ait ou non le brassard de capitaine. En bon gestionnaire de vestiaire, Regragui doit optimiser les vertus de Docteur Hakim, et réduire au maximum les caprices de Mr Ziyech. Un exercice d’équilibriste nécessaire à quelques mois de la CAN, car ce joueur particulier doit être considéré comme un mal nécessaire. Un leader positif dans les grands jours, et négatifs s’il est mal luné.
Hakim Ziyech. FRMF
Après ce rendez-vous crucial et avec l’usure du temps, le déclin du soliste de Galatasaray sera tellement évident qu’il faudra qu’il tire sa révérence par la grande porte. Un deadline qui se rapproche à grands pas, mais qui n’est pas d’actualité dans l’esprit de Regragui et des décideurs de la FRMF, du moins à très court terme.