Mondial U20: qui est Mohamed Ouahbi, le faiseur de rêves marocain?

Mohamed Ouahbi porté par les Lionceaux de l'Atlas U20 après la victoire contre la France (1-1, t.a.b. 5-4), en demi-finale de la Coupe du Monde Chili-2025, le mercredi 15 octobre 2025.

Formateur exigeant, Mohamed Ouahbi incarne la combinaison entre rigueur et passion. Sans passé de footballeur, le technicien marocain est venu briser le plafond de verre à la tête de la sélection nationale U20. Portrait.

Le 16/10/2025 à 15h36

Né à Bruxelles le 7 septembre 1976, Mohamed Ouahbi grandit dans le quartier de Schaerbeek. Sa passion pour le football voit le jour avec la Coupe du Monde 86, la famille encourage la Belgique, mais le cœur vibre pour le Maroc qui, dans cette édition, devient le premier pays africain à se qualifier au stade des huitièmes de finale.

Ouahbi, père de 3 enfants, a d’abord choisi la voie de l’enseignement, avant d’embrasser celle du sport. Il suit une formation d’éducateur, puis enchaîne quelques expériences dans des écoles qu’il qualifie de «difficiles».

Lors de cette période, il est approché par le Maccabi Foot Brussels (MFB), club formateur de la capitale belge, où il découvre l’importance de la pédagogie et la communication. «Le fait de travailler avec des jeunes, de préparer des séances d’entraînement, m’a beaucoup apporté», a indiqué le technicien marocain, dans un entretien avec le Bruxelles Bondy Blog.

«Cela m’a permis d’être plus performant à l’école et dans mes stages, parce qu’à cette époque, je n’étais pas très à l’aise devant un groupe. Je me rappelle quand je donnais cours au tout début, j’osais à peine ouvrir la bouche», confiait-il. «Le MFB m’a vraiment aidé à m’affirmer. Quand je suis arrivé dans ce club, j’avais très peu d’expérience. C’est là que j’ai découvert le métier d’entraîneur», avoue Ouahbi.

Pendant six ans au sein du club, Ouahbi découvre une approche humaine du football. Le coach est convaincu que «former un joueur, c’est d’abord former un homme».

En 2003, il devient entraîneur des jeunes du Royal Sporting Club Anderlecht, le club le plus titré de Belgique. Il y passera dix-sept années, où il entraînera des U9 jusqu’aux U21. Avec ces derniers, il atteint la demi-finale de la Youth League, le Ligue des Champions des espoirs.

«Mo» comme on l’appelle chez les Mauves, a également occupé les fonctions de coach-adjoint sous l’Albanais Besnik Hasi. Dans le prestigieux centre de Neerpede, il accompagne les générations dorées du club, notamment celle de Youri Tielemans, Adnan Januzaj, Charly Musonda Jr ou Leander Dendocker.

Titulaire d’une licence UEFA Pro, Ouahbi développe une philosophie de jeu basée sur la technique, la discipline et la responsabilité. Selon lui, «le joueur doit réfléchir, comprendre le jeu, pas seulement exécuter

Au-delà de son rôle d’entraîneur ou de formateur, il est aussi un mentor. Le natif de Bruxelles, a contribué au programme «Purple Talent», qui encadre les jeunes joueurs dans leurs parcours scolaire et humain.

«Il est arrivé là où il est aujourd’hui grâce à ses compétences, et grâce à son mode de fonctionnement. Mo est certainement l’un des coaches les plus à l’aise dans sa communication, dans sa manière d’aller chercher les jeunes là où ils sont, pour les amener là où il veut», avait souligné Jean-François Lenvain, ancien responsable de la cellule sociale d’Anderlecht.

Après près de deux décennies à Anderlecht, il tente une nouvelle expérience en 2020 en Arabie saoudite, à Al-Fateh SC. Il devient l’adjoint de son ami et ex-collègue au centre de formation d’Anderlecht, le Belge Yannick Ferrera.

En mars 2022, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) lui confie la direction des U20. S’en suivent des débuts titubants et un rendez-vous manqué avec la CAN 2023 disputée en Egypte. Mais au lieu de le congédier, la FRMF le maintient pour un nouveau projet.

Deux ans plus tard, les Lionceaux de l’Atlas prennent part à l’édition suivante, en Égypte toujours, où ils atteignent la finale, avant de s’incliner face la sélection sud-africaine (1-0). Malgré le goût d’inachevé, la qualification à la demi-finale signifiait une place au Mondial Chili-2025.

Tirés au sort dans le groupe «de la mort», les Lionceaux allaient affronter le Brésil, l’Espagne et le Mexique. Mais Ouahbi ne s’est jamais dérobé face à ses responsabilités. «Le premier objectif est de montrer le niveau du football marocain sur la scène mondiale. Cela n’est possible qu’en affrontant de grandes équipes», avait-il affirmé au micro de FIFA.

Sous sa direction, les Lionceaux de l’Atlas progressent avec constance. Son schéma tactique (4-2-3-1) privilégie la maîtrise des espaces et des contres. Une configuration qui permet l’éclosion de joueurs talentueux, comme Yassir Zabiri, Othmane Maamma ou Gessime Yassine.

Ce dimanche à Santiago du Chili, Mohamed Ouahbi vivra l’un des moments les plus mémorables de sa carrière: une finale de Coupe du Monde face à l’Argentine. Une rencontre qui fait guise de l’aboutissement d’un long travail. À 49 ans, «Mo» a prouvé qu’on pouvait bâtir sans bruit, sans chercher la lumière, pour exaucer le rêve de toute une Nation.

Par Omar Nabile
Le 16/10/2025 à 15h36