Première femme marocaine et arabe à avoir disputé l’US Women Open en 2022, championne de la Coupe du Trône par équipes avec le Royal Golf Anfa Mohammedia en juillet 2023, la jeune prodige des greens tente l’aventure à la 28e édition de la Coupe Lalla Meryem.
Malak se livre dans un entretien exclusif avec Le360 sur son parcours remarquable et son intégration rapide au Maroc, soutenue par la FRMG, ses coéquipières et le sentiment d’être à la maison.
Parlez-nous de vos débuts. Comment a commencé votre histoire avec le golf?
Mon père est un grand sportif, il faisait des études de tennis aux États-Unis et ma mère, paix à son âme, penchait plus pour le basket. Mais avec Tiger Woods qui gagnait du terrain à l’époque, les deux se sont mis au golf.
Dès l’âge de trois ans, j’ai été embarquée avec eux dans la petite voiturette (de golf), j’ai mis ma première balle dans le trou et rapidement, j’ai pris goût. À 10 ans déjà, j’étais sûre que je voulais pratiquer uniquement ce sport.
Vous représentiez les États-Unis avant, et aujourd’hui, vous portez fièrement les couleurs du Maroc. Qu’est ce qui vous a poussé à changer de nationalité sportive ?
Grâce à un membre de ma famille très bien installé dans le milieu sportif marocain, j’ai été rapidement mise en contact avec la Fédération en 2019. J’étais déjà sûre de vouloir représenter le Maroc, plutôt que les États-Unis.
Après la pandémie, j’ai fait plusieurs stages, je me suis liée d’amitié avec des golfeurs qui avaient mon âge donc mon intégration a été plus simple, et puis en 2023, j’ai remporté mon premier titre avec le pays…
Comment s’est passée cette Coupe du Trône? Vous attendiez-vous à un certain niveau de compétition, et quelles ont été vos surprises?
Pour être honnête, je ne savais pas à quoi m’attendre. Mais quand j’ai commencé mes premiers tournois et stages ici (au Maroc), j’ai immédiatement compris que le golf était extrêmement pris au sérieux. À mes premiers pas à Dar Es Salam, j’ai su que c’était un pays de golfeurs, et la Coupe du Trône est l’un des tournois les plus compétitifs que j’ai faits dans ma vie.
J’étais la seule femme dans mon équipe, et j’ai constaté l’intensité du niveau. J’ai même été surprise de voir l’engouement autour de l’événement. D’ailleurs, avant ce titre national, j’allais prendre une petite pause avec le golf, mais finalement, le fait de l’avoir gagné m’a fait changer d’avis.
Parlez-nous de votre participation à la Coupe Lalla Meryem. Vous vous attendez à du haut niveau, n’est-ce pas ?
C’est ma troisième participation, et ma deuxième en tant que professionnelle. L’année dernière, je n’ai pas pu participer par manque d’organisation, ce qui m’a empêchée d’être présente à temps…mais j’ai suivi de loin et j’ai constaté le professionnalisme de l’événement.
Il y a les meilleures golfeuses pour ce tournoi, je m’attends à ce que ce soit très compétitif. Cette saison, je vais rattraper le coup. D’ailleurs je serais avec une fille contre qui je jouais déjà à l’université… je suis encore plus motivée à aller loin.
Vous faites d’ailleurs partie des cinq marocaines présentes. Ressentez-vous une certaine compétition entre vous?
C’est un honneur de faire partie des cinq représentantes du Maroc pour ce tournoi. Inès (Laklalech), Maha (Haddioui), Lina (Belmati) et Sofia (Essakali) sont toutes incroyables, c’est un honneur de les avoir en tant qu’amies et collègues qui m’inspirent chaque jour.
On s’entend super bien. Bien sûr, nous sommes sur le même tournoi, mais c’est une rivalité saine. On s’entraide, on s’écoute, et surtout, on se conseille. J’apprends beaucoup et j’essaye de transmettre aux plus jeunes aussi.
Comment est-ce que la Fédération vous prépare pour ce genre de tournoi d’envergure?
J’ai un accompagnement très précis. La Fédération m’a présentée à mon coach et mes préparateurs qui travaillent sur ma routine, mon mental, les visualisations, la respiration pour être bien connectée avec chaque trou, sans être trop pressée pour aller aux prochains, ni être trop en retard.
Je dis toujours que le golf, c’est comme la vie: il faut faire les choses trou par trou, pas à pas, sans se presser. Avec la Fédération, et même au Maroc, j’apprends à prendre les choses dans cette dynamique aussi.
Bien que ce soit aussi votre pays d’origine, vous avez tout de même passé la majeure partie de votre vie aux États-Unis. Comment s’est passée votre intégration au Maroc?
Mon père vient de Mohammedia, je suis passée par Rabat, et Marrakech est finalement l’endroit où je me suis sentie immédiatement chez moi. En fait, au Maroc, je me sens plus calme, moins stressée et plus à l’aise.
Aux États-Unis, comme dans beaucoup d’autres pays, les gens vivent pour travailler. Ici, c’est l’inverse, il y a une dimension plus décontractée qui te donne envie de penser à toi, plutôt qu’à ton travail.
J’aime beaucoup ça, les gens m’ont toujours bien accueillie, et la Fédération a pris soin de moi, les clubs de golf sont très bien, et les gens te disent bonjour sans forcément te connaître. J’aime beaucoup vivre au Maroc.
Pour finir, quel est votre plus grand rêve?
Quand j’étais aux État-Unis, je rêvais d’intégrer le LPGA tour (ladies professional golf association). Plus récemment, grâce à ma qualification en 2022, je veux absolument gagner l’US Open.
J’ai été blessée toute la saison dernière (2024) mais cette année, avec le premier tour ce jeudi, j’espère pouvoir montrer le meilleur de moi-même et atteindre ce rêve.
