Covid-19: le foot italien dans le plus grand flou

Cristiano Ronaldo avec la Juventus contre l'Inter Milan.

Cristiano Ronaldo avec la Juventus contre l'Inter Milan.. DR

Le championnat d'Italie pourra-t-il vraiment reprendre le 13 juin, comme souhaité ? Unis en apparence, les clubs poursuivent des intérêts parfois divergents, pendant que le ministre des Sports souffle le chaud et le froid.

Le 16/05/2020 à 14h54

Qu'est-ce qui coince? 

Mercredi, la Ligue indiquait le 13 juin comme date de reprise du championnat et jeudi, l'influent président du Comité olympique italien Giovanni Malago assurait que le jeu reprendrait "à 99%" à cette date.

L'optimisme était de mise, il n'a duré que quelques heures. Jeudi soir, un communiqué de la Ligue puis un autre du syndicat des joueurs professionnels (AIC) ont fait comprendre que la reprise des entraînements collectifs, prévue lundi, était en fait très incertaine.

De nombreux clubs jugent en effet que le protocole sanitaire, péniblement élaboré par la fédération suivant les recommandations du Comité technique et scientifique qui conseille le gouvernement face à la crise du coronavirus, est en l'état trop strict, voire absolument inapplicable.

Deux points posent particulièrement problème. Le premier concerne les difficultés logistiques des clubs face à l'obligation d'organiser à partir de lundi une mise au vert de 15 jours.

Théoriquement, les joueurs devraient travailler puis rester manger et dormir au centre d'entraînement ou dans un hôtel entièrement mis à disposition de l'équipe pour éviter tout risque de contagion. De nombreux clubs n'ont pas ces installations.

Le deuxième est celui de la quarantaine collective –toute l'équipe et tout l'encadrement– imposée en cas de test positif sur un seul membre du "groupe équipe". Les clubs aimeraient se caler sur le modèle allemand, qui prévoit une quarantaine individuelle.

Qui est pour, qui est contre? 

Vendredi, la fédération et la Ligue se sont rencontrées et ont préparé de nouvelles propositions à soumettre aux ministres du Sport et de la Santé.

Mais le front commun qu'avait réussi à présenter le monde du football italien lors de discussions difficiles avec le gouvernement semble s'être fissuré.

Selon l'ensemble des médias sportifs, c'est l'Inter Milan qui est en pointe de la "révolte", comme la qualifie en Une vendredi la Gazzetta dello Sport. D'autres ont suivi, comme l'AC Milan, l'Atalanta Bergame, Naples, la Fiorentina ou les deux clubs de Gênes.

Au total, plus de la moitié des 20 clubs de Serie A seraient opposés à l'idée de se mettre au vert dès lundi sans plus de garanties. Parmi eux, certains, notamment ceux qui sont tout en bas de tableau, ont peut-être plus à gagner avec une saison définitivement arrêtée.

D'autres au contraire poussent toujours pour la reprise. C'est le cas de la Lazio Rome, deuxième à un point de la Juventus lors de l'arrêt du 9 mars et qui croit à ses chances de titre.

Selon le Corriere della Sera, le club de la capitale organiserait même depuis plusieurs jours des matches à trois contre trois à l'entraînement alors que le protocole ne prévoit pour l'instant que des séances individuelles.

Quelle est la position des instances? 

Dans son communiqué de jeudi, le syndicat des joueurs a fait part de sa "perplexité" quant au calendrier prévu. Les joueurs sont prêts à reprendre, mais souhaitent des garanties et une date validée par le gouvernement pour le retour du championnat.

Le gouvernement de son côté s'en tient à sa ligne prudente et à un processus par étapes: entraînements individuels à partir du 4 mai, collectifs à partir du 18 mai et évaluation au jour le jour de la situation sanitaire.

Longtemps très sceptique sur la reprise du championnat, le ministre des Sports Vincenzo Spadafora, aux rapports très frais avec les dirigeants du monde du football, avait semblé plus ouvert ces derniers jours.

Mais au bout du compte, la balle devrait finir dans les pieds du Premier ministre Giuseppe Conte, amateur de football et supporter assumé de l'AS Rome.

Les dirigeants de la fédération et de la Ligue, qui rappellent régulièrement le poids économique considérable du football italien, doivent le rencontrer la semaine prochaine, à une date qui n'est pas encore définie. Et c'est à lui que devrait revenir la responsabilité de redonner le coup d'envoi de la saison, ou de siffler la fin de partie.

Par Le360 (avec AFP)
Le 16/05/2020 à 14h54