«Donnez-leur des bananes, les Marocains sont des animaux (hayaouane pour la rime)». C’est par ces chants racistes d’une partie du public, probablement ramené par camions par les autorités, que les joueurs du Wydad de Casablanca ont été accueillis à Alger, pour leur premier match de la phase de groupes de la Ligue des champions.
Les insultes racistes dans le football sont fréquentes. Elles polluent souvent l’atmosphère d’un match au point de le faire arrêter quelques fois.
La prise de conscience du phénomène est relativement récente. En mai 2013, la Fédération internationale de football association (FIFA) a annoncé des mesures avec des sanctions par palier. Celles-ci sont d’abord financières avec un certain nombre de matchs à jouer à huis clos, et en cas de récidive, la sanction consistera, pour les matchs de championnat, à déduire des points ou prononcer la relégation du club en division inférieure et, pour les autres formats de compétitions, à l’exclure purement et simplement du tournoi.
Dans certains cas, on recommande l’arrêt immédiat de la rencontre après consultation des services de sécurité du stade.
En agissant ainsi, les autorités du football ont mis le doigt sur la responsabilité du club vis-à-vis du comportement de ses supporters. Elle est claire et déterminée par des règlements et des procédures.
Ce n’est pas tout, grâce au système de caméras de surveillance, les coupables seront identifiés et poursuivis en justice, par leur club et/ou par un organe supérieur organisateur des compétitions (FIFA, etc.), selon les lois en vigueur dans chaque pays.
Ainsi, il y aura toujours des sanctions, extra-sportives celles-là, à l’encontre des spectateurs coupables de comportements déplacés, avec une procédure engagée selon l’ampleur du délit. Ils seront, en cas de culpabilité avérée, privés de stade pour quelques matchs, en plus de sanctions pécuniaires et de privation de liberté en cas de récidive.
En effet, si la responsabilité du club est réelle, elle ne dispense pas le spectateur présumé coupable de sanctions.
Dans le cas qui nous concerne, on en est loin. En général, les insultes sont spontanées et sont liées à des frustrations liées au contenu du match ou à des antagonismes anciens. Entre le WAC et la JS Kabylie, il n’y en a jamais eu. D’ailleurs, les spectateurs les regrettent par la suite. Ce n’est malheureusement pas toujours le cas.
Les dernières insultes visant le WAC ne le concernent en rien. Elles ont un seul objectif: alimenter la haine entre les peuples. Nous sommes loin des objectifs du sport, dont celui de rassembler est le plus important.
La JSK est le club emblématique de toute une région. C’est le porte-drapeau de l’identité kabyle, un peu comme le FC Barcelone pour l’identité catalane. Ses supporters ne sont pas formatés à la haine du Maroc, mais bien au contraire, ce sont des fidèles du Hirak. Leur chant en fin de match «Pouvoir assassin», entonné avec la complicité de deux joueurs, en dit long sur leur engagement. Les drapeaux algériens déployés dans le stade par une partie du public ne concernent pas les supporters kabyles. Sans remettre en cause leur attachement à leur pays, ils ne sont pas dans une telle forme d’enthousiasme. Le match s’est d’ailleurs déroulé à Alger et non à Tizi-Ouzou, cette dernière étant en travaux.
Le stade était quasi vide, alors que le club est très populaire, club le plus titré d’Algérie avec 14 trophées nationaux et 2 Ligues des champions. Les Kabyles ne se sont pas déplacés et ceux qui formaient une partie du public étaient en mission (des policiers en civil, selon des sources algériennes). Ce sont eux qui insultaient!
Leurs insultes resteront sans suite, puisque la Confédération africaine de football n’a pas encore démontré sa capacité à élever la voix. Ce qui est dommage parce que le respect est une autre des valeurs primordiales du sport.
Il y aura un match retour, et le WAC, club dont l’histoire est liée au combat pour la libération, aura l’occasion de montrer ce que veut dire la fraternité. Il aura à ses côtés et la JSK et son public.
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