Un champion d’Afrique, ça ne joue pas comme ça!

Etrange, voilà ce qu’on peut dire de ce match JSK–Wydad (1-0). Sur le papier, un monde séparait les deux équipes. D’un côté, le champion d’Afrique et du Maroc, de l’autre le 15ème du championnat d’Algérie. Sur le terrain, l’écart technique s’est tout de suite vu. Au coup d’envoi, la JSK aurait d’ailleurs signé les yeux fermés pour un petit nul. Pourtant, c’est elle qui a gagné le match.

Que s’est-il passé?

Ce qui s’est passé, c’est que les Rouges se sont sabordés tout seuls, comme des grands. Ils n’ont pas joué en champions. Le mauvais état du terrain et le jeu dur des Kabyles n’y sont pour rien. Le Wydad a joué petit bras et n’avait aucun plan de jeu: il visait le 0-0 et se contentait de jouer à la baballe, sans aucune prise de risque.

Disons-le directement: la défaite et surtout la prestation indigne portent largement la signature du coach Nafti. Sa «prestation» à lui est à la limite de la faute professionnelle. Il a oublié qu’un champion d’Afrique, ça ne joue pas «comme ça», surtout face à un adversaire de calibre inférieur. Jamais.

Il a aussi oublié que dans le foot moderne, et même quand on gare un bus devant son but, on doit pouvoir placer quelques flèches à la moindre récupération. C’est comme ça que l’Espérance est d’ailleurs allée gagner chez Belouizdad: tous derrière, ok, mais en profitant de la moindre récupération pour aller porter le danger de l’autre côté.

A noter aussi, au passage, la nouvelle sortie neutre des trois mondialistes (Jabrane, Attiatallah, Tagnaouti) dont on disait ici même que l’après-Qatar risquait d’être compliqué. Ces garçons ont tout gagné au Wydad et le club a raté l’occasion de les transférer…

Heureusement que les deux autres représentants marocains ont montré un tout autre visage. A Dar Es-Salam, le Raja a sorti un match du tonnerre pour écraser Simba, pourtant largement favori. Au-delà du score (3-0), qui aurait pu être plus large avec au moins un pénalty oublié pour les Vets, c’est surtout dans le contenu que les Casablancais ont séduit.

Après plusieurs tâtonnements en début de saison, Mondher Kebaier a enfin pris la mesure de son effectif. Malgré un certain manque d’impact, et l’absence d’une véritable pointe (Méyé, en échec, a été prêté à Safi), ce Raja-là apprend à jouer avec ses qualités. De la mobilité, une vraie présence sur les côtés et un très bon jeu dans les intervalles, comme on a pu le voir sur la magnifique ouverture de score de Khaba.

Il faut croire que le Raja est de retour, et c’est une très bonne nouvelle pour le football marocain.

En C3, les militaires de l’AS FAR ont confirmé les bonnes dispositions entrevues face aux Egyptiens de Pyramids (2-2). A Rabat, devant un public en feu (un autre bon point pour les Militaires), ils n’ont fait qu’une bouchée d’une équipe de Kara (Togo), joueuse et intéressante dans le jeu en contre, avec des éléments capables de prendre la profondeur. 5-1, qui dit mieux?

Les R’batis ont fait honneur à leur rang de leader de Botola, se positionnant déjà comme l’un des favoris de cette C3.

Maintenant, au Raja comme à l’AS FAR: le plus dur sera de confirmer, tant sur le plan national que continental. Le talent est là, la motivation aussi, avec un vrai projet de jeu. Le seul doute, et il n’est pas négligeable, concerne la profondeur de banc qui semble assez mince, et la difficulté de jouer sur les deux tableaux.

En tout cas, le retour en forme des deux clubs fait plaisir à voir. Bravo à eux.​