En signant à Paris l'été dernier, l'entraîneur espagnol Luis Enrique avait bien conscience de reprendre une équipe minée par les désillusions dans la compétition suprême, qui continue de se dérober à elle.
Avec plusieurs faillites mentales restées dans les annales telles la "remontada" de 2017 à Barcelone (4-0, 1-6) et les doubles confrontations contre Manchester United en 2019 (2-0, 1-3) et contre le Real Madrid en 2022 (1-0, 1-3).
"Il faut changer cette tendance à la pression négative autour du club", a martelé l'ancien sélectionneur de l'Espagne. Avec comme première arme des déclarations chocs, comme celle sur le rapport malsain à la Ligue des champions: "Quand une équipe, un club est obsédé par quelque chose, ce n'est jamais bon signe, il faut avoir des espoirs, de l'ambition mais une obsession, ça ne marche jamais, dans n'importe quel domaine de la vie".
Et c'est bien avec Luis Enrique que l'histoire du Paris SG a peut-être connu un tournant avec une forme de "remontada" inversée infligée au FC Barcelone le 16 avril en Catalogne (4-1 après la défaite 3-2 du PSG au Parc des Princes).
Si le déficit de la manche aller contre Dortmund (défaite 1-0 à l'extérieur avant le retour mardi à Paris) est moins intimidant, nourrissant tous les espoirs des Parisiens, la rencontre sera néanmoins âpre et la tension croissante s'ils ne parviennent pas à ouvrir rapidement le score.
Alors pour commencer à préparer ce match critique, l'entraîneur, le staff et les joueurs ont distillé dès mercredi soir des éléments de langage en guise de méthode Coué.
"C'est un peu la même situation" qu'après la défaite contre le FC Barcelone en quarts de finale, "il faut travailler toute la semaine avec cette mentalité de remonter le résultat", a demandé Marquinhos.
Darwinisme
Luis Enrique est arrivé au club avec comme adjoint le psychologue Joaquin Valdés, avec lequel il a notamment remporté un titre en C1 à Barcelone en 2015.
"Le travail d'un psychologue du sport est d'optimiser les performances. Le travail physique doit s'accompagner de travail sur l'esprit", avait professé Valdés sur la chaîne Twitch de Luis Enrique pendant la Coupe du Monde au Qatar en 2022.
Indice de son importance capitale, le psychologue est régulièrement présent en conférence de presse, se tenant en retrait, toisant de son regard les journalistes, comme pour jauger du contexte dans lequel l'entraineur et les joueurs doivent évoluer.
Luis Enrique livre les grandes lignes de la mentalité qu'il instille au groupe: "Dans la vie tout ne peut pas être parfait, il faut se préparer à affronter des difficultés. Durant toute la saison on a eu des moments plus faibles où on a réussi à renverser la tendance. Quand les matches importants arrivent, contrôler les émotions est vital, ne pas se frustrer sur une décision arbitrale, un moment négatif".
Insuffler une attitude de guerrier ne va pas sans un certain darwinisme puisque Luis Enrique, qui protège beaucoup ses joueurs en public, est adepte d'un turn-over féroce. Chaque joueur voit en permanence sa position menacée - y compris Kylian Mbappé - et ne sait s'il va jouer qu'au dernier moment. L'idée est que chacun "se sente impliqué", du remplaçant au taulier.
"Il donne la chance à tout le monde et ça rend les joueurs plus disponibles", selon le défenseur Danilo. "Même quand les choses ne vont pas bien, on veut lever la tête et confirmer".
Néanmoins en Ligue des champions, où ses tests ont parfois échoué, l'entraîneur s'est résolu à être plus prévisible en alignant souvent ce qui ressemble à une équipe type.
Dernier aspect de sa panoplie dans la préparation mentale, la corde sensible des supporters. "On a besoin d’eux dans les moments délicats. Notre seul objectif, c’est qu’ils soient fiers de nous", se réjouit Luis Enrique. Or s'il "il y avait 3.000 supporters parisiens mercredi, il y en aura plus de 45.000 mardi au Parc des Princes".