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Pep Guardiola abandonne «la possession» pour la Ligue des Champions

Pep Guardiola, entraîneur de Manchester City. © Copyright : AFP
Guardiola, un des meilleurs entraineurs du monde, a changé. Il a mis en jachère sa philosophie du football, tiki-taka et possession, pour un jeu plus vertical et rapide.
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En 1974 au lendemain de la finale de la Coupe du Monde remportée par la RFA de Franz Beckenbauer face à la Hollande de Johan Cruyff, le journal «Le Monde» a titré: «Les plus forts ont battu les meilleurs». En effet, la Hollande qui avait dominé la compétition avait craqué le jour de la finale face à une équipe allemande très forte mentalement et très solide tactiquement. Pourtant tout avait bien commencé pour l’équipe batave, favorite de cette finale. Dès la première minute du match, elle bénéficiait d’un pénalty concédé par Vogts suite à une percée dans les dix-huit mètres du célèbre n°14 orange, Johan Cruyff. 

Depuis, on sait que pour gagner il faut être plus fort que l’adversaire, mentalement, tactiquement, physiquement et techniquement. Plus fort veut dire aussi qu’il faut savoir souffrir et montrer de la solidarité collective dans les phases de faible intensité, lorsque l’adversaire jette toutes ses tripes dans le match. Ce sont des qualités mentales indispensables dans les compétitions européennes. Devenu entraineur, Johan Cruyff a voulu mettre en pratique ses convictions de joueur, il a développé le concept de possession, une stratégie qui consiste à priver l’adversaire de ballon et l’empêcher de porter le danger sur le gardien de but tout en multipliant les passes, le fameux tiki-taka. Il faut faire courir l’équipe adverse jusqu’à l’épuisement afin de trouver la faille et marquer. Cruyff ne remportera jamais la Ligue des Champions en tant qu’entraineur, il perdra même une finale 20 ans après celle de Munich, en 1994 face à l’AC Milan sur le score de 4-0. Sa philosophie n’a pas fonctionné.

Elle sera reprise par Pep Guardiola son héritier. Cette philosophie de jeu nécessite une panoplie de joueurs très technique, même le gardien doit l’être. Elle n’a pas besoin d’avant-centre de métier, les actions dangereuses se succèdent, elles créent des occasions de buts facile à concrétiser.

S’il a réussi à remporter deux Ligues des Champions avec le FC Barcelone de 2009-2011, le meilleur Barça de tous les temps, il échouera 11 fois de suite avec le Bayern, pourtant un spécialiste de la compétition, et Manchester City, un des clubs les plus riches de la planète. Ce ne sont pas les moyens qui lui ont manqué, Manchester City est le club qui a le plus investi en joueurs depuis 2016 date de son arrivée au club. Aucun de ses caprices ne lui a été refusé faisant de City le favori incontestable de la compétition à chaque début de saison. Son palmarès reste modeste, une finale perdue contre Chelsea, deux demi-finales contre le Real, trois ¼ de finale contre Tottenham, Liverpool et Lyon et un 1/8ème de finale face à Monaco. Trois fois ce sont des clubs anglais qui l’on éliminé, il domine pourtant de la tête et des épaules la Premier League, deux fois des clubs français et deux autres fois le Real en demi-finale. C’est cette même équipe espagnole, qu’il va rencontrer une première fois, le 9 mai prochain au Bernabeu. Une équipe qui a atteint ce stade de la compétition 11 fois sur les 13 dernières participations et qu’elle a remporté 6 fois en 9 ans. En face il y aura aussi Ancelotti qui l’a éliminé deux fois en demi-finale, lorsque Pep était entraineur du Bayern (1-0 et 0-4), et l’année dernière.

Faut-il pour autant s’attendre à un remake de la saison précédente, rien n’est moins sûr? Guardiola, un des meilleurs entraineurs du monde, a changé, d’abord il a recruté l’avant-centre le plus prolifique du football mondial actuel Erling Haaland, ça change tout, ensuite il a mis en jachère sa philosophie du football, tiki-taka et possession, pour un jeu plus vertical et rapide.

Contre le Bayern les statistiques sont édifiantes. Au retour à Munich 1-1, Manchester c’est 42% de possession, 394 passes contre 536 au Bayern 86% de passes réussies contre 89% et 2 tirs cadrés sur 7, le Bayern a eu 7 tirs cadrés sur 19. Même au match aller, pourtant remporté 3-0, les statistiques sont défavorables 46% de possession contre 54% pour le Bayern, 362 passes avec un taux de réussite de 83% pour Man City contre 495 passes et 87% pour le Bayern.      

On ne retient que les victoires, Pep Guardiola l’a compris, il vient de mettre un coup de canif dans son contrat moral avec ceux, nombreux qu’il a inspiré. Pour quel résultat? Encore une fois son club est favori, il a l’effectif le plus brillant d’Europe. Il aura en face de lui, l’équipe la plus forte de la compétition, un mélange réussi d’expérience et de fougue, une équipe intelligente qui ne panique jamais, résiliente, motivée et d’un calme olympien lorsqu’il s’agit de souffrir. Cette fois il n’ira pas à l’abordage sans précaution et le Real va souffrir, deux beaux matchs en perspectives, après ramadan les cafés seront pleins et le spectacle au rendez-vous.

Par Larbi Bargach
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