Dans sa nouvelle vie et avec sa nouvelle «famille», Amine Bassi est épanoui. Cet hiver, l’ancien joueur de Nancy, Metz puis Barnsley, a sauté le pas vers un défi de taille. Le Marocain a rejoint les États-Unis, pour se lancer en Major League Soccer, sous la tunique du Dynamo Houston. Pari risqué, mais réussi, au vu des débuts en fanfare du milieu offensif, qui dresse un bilan comptable de huit buts en dix-huit matchs de MLS. Il est par ailleurs le seul marocain à évoluer dans le championnat américain. Désormais tireur de penalty et meilleur buteur de son équipe, Amine Bassi a changé de statut. Difficile de ne pas rêver d’une convocation en équipe nationale, pour celui qui est au pique de sa carrière.
Le360 Sport: comment le Dynamo Houston vous a-t-il séduit?
Amine Bassi: je n’aime pas avoir des habitudes et j’aime surtout changer, découvrir d’autres championnats, d’autres pays. Ils m’ont appelé quand j’étais à Metz et m’ont présenté le projet. J’ai directement adhéré, car leur mentalité c’était du beau football. Cela a tout de suite collé, car ils m’ont parlé de ce qu’ils avaient besoin, des choses que je pouvais apporter à l’équipe. Pour l’été, j’avais d’autres sollicitations, en Turquie par exemple. Mais je marche au feeling donc si je ne le sens pas, je ne vais pas m’y aventurer.
Vous aviez déjà eu l’occasion d’exercer votre anglais, à Barnsley (D2, en Angleterre), la saison passée.
Bien sûr, mais à Houston on parle aussi espagnol. Beaucoup de joueurs latino-américains sont dans l’équipe, donc finalement c’est du 50-50. Mais c’est vrai que, comme je maîtrisais l’anglais, je savais qu’à Houston, je ne serais pas perdu au niveau de la langue.
Quelle différence avez-vous perçue entre le Championship et la MLS?
En Championship, c’est plus intense, il y a plus de duels. Au niveau du jeu, on joue mieux au ballon. Là-bas, c’est beaucoup de jeu direct, et en MLS, c’est surtout d'avantage de construction.
Quels étaient vos objectifs, il y a six mois, au moment de votre signature?
C’était dans la lignée de ceux du club: se qualifier pour les playoffs de MLS. L’an dernier, le Dynamo Houston était dernier de la conférence Ouest, donc j’ai essayé de ramener mes qualités pour ramener la qualification (ce qui n’a pas été le cas depuis 2017, ndlr). Personnellement, c’était de marquer, puis faire marquer.
À en croire vos débuts (Amine Bassi a disputé 18 matchs sur 21 en championnat depuis son arrivée, marquant alors 8 buts), tout se passe comme sur des roulettes.
J’ai eu de la chance d’avoir une équipe qui m’a bien accueilli, donc c’était plus facile pour moi dans le jeu. Comme je me donne à fond lors des entraînements et dans les matchs, je suis récompensé. Rien n’est gratuit dans la vie et je sais que je peux faire encore mieux. Pour délivrer des passes décisives, par exemple, il y a encore des points sur lesquels je dois progresser.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus à Houston?
La température, il fait chaud ici. J’aime bien le soleil et la ville est plaisante. Au club, tout le monde s’entend très bien, on est comme une famille. C’est ce qui me plaît, le fait d’être dans une équipe soudée, puis de rentrer du boulot et qu’il fasse beau, de pouvoir profiter.
Si on vous avait dit, que six mois après avoir rejoint le Dynamo, vous seriez le meilleur buteur de votre équipe en MLS, et à quelques matchs de remporter un trophée, l’auriez-vous cru?
Franchement, je ne pense pas. J’avais ces objectifs-là, car je ne venais pas en MLS pour des vacances, mais pour aider l'équipe du mieux possible. C’est tout ce qui compte pour moi. Je voulais gagner des choses avec Houston. Pour l’instant, je suis content, car tout se passe bien, mais la saison finit en octobre. Il ne faut donc pas s’arrêter là et en faire plus.
Justement, comment justifiez-vous une progression aussi rapide, pour quelqu’un qui n’avait jamais été aussi prolifique?
Lors de ma dernière saison au FC Metz, je n’ai pas du tout joué (six matchs seulement disputés avec le groupe professionnel, ndlr). En fait, le coach (Frédéric Antonetti) n’avait pas confiance en moi, alors que c’est quelque chose d'important.. Je n’avais pas cela, mais ici, j’ai les cartes en main, et tout ça fait que je réussis des choses que je ne réussirais pas dans le cas contraire. Il y a encore du temps, mais il ne faut pas s’arrêter là et en faire plus.
Et à quoi pourrait ressembler le dénouement de votre saison?
Être champions de MLS, gagner la Coupe et être le meilleur buteur de l’équipe (rigole). En tout cas, on fera tout pour y arriver. Ce serait dommage de passer à côté de ça, car on est une bonne équipe. Les fans sont toujours présents, et ils se donnent à fond. C’est une ville qui aime le football, pourtant ici, ce n’est pas le sport majeur. Chaque match est difficile, surtout en Open Cup. On peut gagner la demi-finale mais perdre la finale. On a à cœur de remporter ce trophée, qui est devenu très important pour les joueurs. Ils sont tous concernés.
Vous pourriez y croiser Lionel Messi, avec l’Inter Miami (qui est elle aussi présente, dans l’autre demi-finale, face à Cincinnati, ndlr), en finale de l’US Open Cup. Qu’est-ce que l’on se dit quand on a l’occasion de le croiser dans un contexte si particulier?
Cela fait toujours plaisir, surtout en finale. Jouer face à lui, qui est, pour moi, le meilleur joueur de l’histoire... Quand nous avons vu qu’il arrivait (à Miami), nous avons tous pensé à cette potentielle rencontre, en finale.
Cela en dit long sur l’attractivité et le développement de la Major League Soccer.
Depuis deux, voire trois années, la MLS n’est plus comme avant. Benteke, Shaqiri, Messi… Il y a toujours une star, qui a une expérience européenne, dans chaque équipe. Elles se sont toutes professionnalisées. On le remarque en regardant le cadre (de travail), les terrains d’entraînement. C’est énorme, les Américains voient tout en grand.
Vous avez déjà des surnoms de la part de vos coéquipiers. Peut-on en déduire que le groupe vit bien?
On mange ensemble, même en dehors des matchs. Des fois, certains ramènent même leurs femmes. Avec cette équipe, on est comme une famille, et c’est important ! On se charrie, on se taquine et c’est toujours bon enfant. “Penaldo”? C’est moi qui avais vu ça passer sur les réseaux, et après à l’entraînement on m’a appelé comme ça.
Car, en effet, vous êtes le nouveau tireur de penalty du Dynamo Houston.
Lors de mon premier match, face à Austin, j’ai marqué mon premier but sur penalty. Normalement, c’était (Héctor) Herrera qui devait le frapper, mais il me l’a laissé. J’ai accepté directement, et de fil en aiguille, j’ai pris le relais. Je les tire tous maintenant, et depuis, je n’en ai pas raté un seul.
Héctor Herrera est un joueur qui a connu le très au niveau (ancien du FC Porto et de l’Atlético de Madrid, ndlr) et avec qui vous êtes proches. Qu'avez-vous appris à ses côtés.
C’est quelqu’un de très humble, un grand professionnel. À l'entraînement, c’est celui qui se donne le plus, alors qu’il a un bagage énorme. Il faut le prendre pour exemple, oui. Quand je suis arrivé, on s’est directement entendu et il s’est occupé de moi, comme si j’étais son petit frère. Ce n'est pas quelqu’un qui prend la grosse tête. Il me rappelle qu’il faut travailler pour avoir ce que l’on veut.
Comment décririez-vous votre style de jeu actuellement?
Je suis un numéro 10, qui aime toucher le ballon, être entre les lignes et les petits espaces. J’aime marquer et faire marquer. Je suis aussi un électron libre, qui aime être partout puis revenir en défense. Tant que je touche le ballon, je suis heureux.
Et que manque-t-il à Amine Bassi pour devenir le joueur qu'il rêve d’être?
On peut toujours progresser. Travailler plus, physiquement d’abord. Aux États-Unis, ils aiment bien faire de la musculation après l’entraînement. En France ce n’est pas comme ça. C’est un domaine que je veux travailler, pour rester dur et compacte dans les duels.
Si il atteint ses objectifs, pourrait-il prétendre à une place en équipe nationale?
C’est un rêve d’enfant d'être appelé avec la sélection nationale, surtout pour mes parents qui sont cent pour cent marocains. J’y pense depuis toujours. Aujourd’hui, je suis en MLS et je ne sais pas si ils (les membres du staff du Mountakhab) la regardent (rigole). Je fournirai tout le travail du monde pour y arriver et c’est toute ma famille qui serait contente. Si Walid Regragui m’appelle, je serais très heureux.
D’autant plus qu’avec son parcours lors de la dernière Coupe du Monde, au Qatar, le Maroc a pris une autre dimension.
Franchement, le Maroc a tellement progressé. Les joueurs… (marque un temps), ce sont des joueurs du top mondial, et ça fait plaisir à tous les Marocains. Pendant la Coupe du Monde, ils nous ont fait rêver. Je suis très content pour eux.
Votre avenir est à Houston jusqu’en décembre 2024. Serait-il possible de vous voir revenir en Europe?
Pour l’instant, je suis à Houston. Pour revenir en Europe, on verra plus tard, mais pour l’instant je ne fixe qu'une chose, remporter des trophées avec mon club.
Propos recueillis par Hicham Bennis