La revanche des Botolistes

Soufiane Rahimi et Ayoub El Kaabi.

Soufiane Rahimi et Ayoub El Kaabi.. Le360

C’est une semaine faste pour les footballeurs marocains évoluant à l’étranger. Entre un super samedi, où 5 d’entre eux (Amrabat, Hakimi, Adli, Slim et surtout Rahimi) ont été primés, et la consécration d’Ayoub El Kaabi en Ligue Europa Conférence, le moins que l’on puisse affirmer est que le fan de football vert et rouge a été comblé. Le grand chelem pourrait d’ailleurs avoir lieu en cas de consécration de Brahim Diaz en finale de la Champions League.

Le 30/05/2024 à 14h43

Deux cas méritent d’être scrutés attentivement. Il s’agit des dossiers liés à deux produits de notre chère et vieille Botola. Deux «self made players», qui ont connu toutes les divisions du football marocain, enduré les affres de l’oubli de la part des sélectionneurs, les quolibets d’un certain public, et qui viennent enfin de vivre le nirvana de la reconnaissance, pourrait-on dire. Soufiane Rahimi et Ayoub El Kaabi méritent tous nos applaudissements (et les plates excuses de certains) après avoir réussi à remporter respectivement, et avec brio, la Champions League asiatique et la Ligue Europa Conférence.

Soufiane Rahimi est un modèle de résilience. Recalé par son club formateur, le fils du fameux «Youâari» a dû passer par la case du championnat amateur, à l’EJSC, avant de revenir plus fort chez les Vert et Blanc. Courtisé par de nombreux clubs européens, Soufiane a préféré les pétrodollars d’Al Aïn aux chants de sirène du Vieux continent. Sa patience et sa persévérance lui valent aujourd’hui d’être le bourreau des clubs saoudiens Al Nassr et Al Hilal, où évoluent les CR7, Mané, Bounou, Mitrovic et autre Milinkovic Savic. MVP de la compétition, il est revenu en mars dernier par la grande porte en sélection, à un poste d’avant-centre inhabituel pour un joueur avec ses qualités.

Un de ses concurrents à ce poste est un certain Ayoub El Kaabi. Sa trajectoire ressemble comme deux gouttes d’eau à celle de Rahimi. Arrière gauche au sein de la modeste équipe d’Ittifak Lalla Meryem, c’est au RAC qu’il est devenu ce serial buteur que tout le monde connaît. À partir de cette étape, que d’escales à la RSB, en Chine, en Turquie, au Qatar et enfin à l’Olympiakos, où il vit le zénith de sa carrière! MVP de la C4 européenne, meilleur buteur des trois compétitions européennes avec 16 réalisations, dont 11 lors des matchs à élimination directe. Et il est devenu, last but not least, le premier marocain à marquer dans une finale continentale. Au total, il aura secoué les filets à 34 reprises cette saison. Un record pour un attaquant marocain depuis l’époque du grand Hassan Akesbi.

Le parcours en pointillés au sein de la sélection est également le dénominateur commun entre ces deux bonhommes. Rahimi a brillé au CHAN avec Ammouta, mais n’a jamais eu le suffrage de Vahid ni celui de Walid. El Kaabi a aussi éclaboussé le CHAN 2018 et 2020 de sa classe, sans pour autant avoir la continuité que ses qualités mériteraient. Météore chez Hervé Renard, visible et efficace avec Halilodzic, coach Regragui lui avait préféré le très controversé Hamdallah. Autre coïncidence, tous deux n’ont pas été appelés lors de la dernière Coupe du Monde. Tous deux ont préféré éviter la moindre interview polémique, travailler et revenir encore plus forts en Équipe nationale.

Walid Regragui aura donc un problème de riches. Il devra choisir entre trois profils différents pour un seul poste, puisqu’un autre produit Made in Morocco, Youssef En-nesyri, a déposé sa candidature avec ses 20 buts du côté de Séville. Le patron des Lions de l’Atlas devra choisir son attaquant de pointe pour les deux rendez-vous mondialistes contre la Zambie et le Congo en toute âme et conscience. Il ne pourra s’épargner de faire un choix douloureux, avec visiblement trois ingrédients nécessaires pour ce genre de cas: une feuille, un stylo et, surtout, un gros cachet d’aspirine.

Le 30/05/2024 à 14h43