Il est loin le temps où les Marocains étaient suspendus à leur petit écran de télévision, guettant un coup de tête magique de Merry Krimau. C’était hier, rappelons-nous. En 1978, Bastia essayait de gagner la C3 européenne, qu’on appelait à l’époque Coupe de l’UEFA, face aux Hollandais du PSV Eindhoven. La finale se jouait en deux manches. A l’aller, en terre corse, Bastia reposait ses espoirs sur l’avant-centre marocain, aligné sur le front de l’attaque. Mais Krimau n’en a pas piqué une. Résultat: 0-0.
Au retour, le PSV colla un 3-0 net et sans bavure à Bastia. Le rêve s’est envolé. Quel rêve? Celui de voir un Marocain soulever une coupe d’Europe.
Il y eut bien l’hispano-marocain Nayim qui souleva la défunte C2 (Coupe des coupes) avec Saragosse en 1995, et qui marqua le but de la victoire en finale, mais il n’a jamais porté les couleurs des Lions de l’Atlas…
Ce temps des vaches maigres parait révoqué. Et heureusement. Parce que, depuis, bien des joueurs marocains ont soulevé une coupe européenne. Hakimi a bien gagné une C1 avec le Real en 2018, même s’il ne joua pas beaucoup cette année-là. Quant à Bounou et En-Nesyri, ils engrangèrent deux C3 archi-méritées avec Séville.
Aujourd’hui donc, et pour la première fois, nos représentants jouent toutes les finales: C1, C3 et C4, c’est à dire partout. Ce qui constitue un record. Du jamais vu. Et ce n’est pas le signe du hasard. Impossible. A ce niveau, le hasard n’existe pas.
Il y a bien sûr un effet d’entrainement depuis le Mondial du Qatar. Voire depuis le Mondial de Russie (2018) quand les Lions retrouvaient ce rendez-vous planétaire après une absence de 20 longues années.
En C1 (ligue des champions), le Real Madrid affronte ainsi le Borussia Dortmund en finale. Brahim Diaz, qui a rejoint la maison blanche l’été dernier, et dont la rentrée a été déterminante en demi-finale retour face au Bayern de Mazraoui, a une opportunité extraordinaire de monter sur le toit de l’Europe, en ayant tenu un rôle important dans le parcours madridiste tout au long de la saison.
En C3, la finale oppose Leverkusen à l’Atalanta Bergame. Inutile de vous dire où va notre préférence. Leverkusen peut le faire, avec un Amine Adli dont l’apport a été important et qui a été si actif en demi-finale retour face à la Roma. Pour le jeune Lion de l’Atlas, déjà champion d’Allemagne, la consécration collective serait totale.
Et que dire de la finale de C4, la plus surprenante, qui nous propose un plateau inédit entre les Italiens de la Fiorentina et les Grecs de l’Olympiakos. Pour la petite histoire, jamais un club grec n’a gagné un titre européen. Si l’Olympiakos est couronné, il pourra dire merci à ses deux Lions: le vaillant Youssef El Arabi, qui rend encore des services en sortie de banc, et Ayoub El Kaabi qui a passé à lui seul passé cinq buts à Aston Villa lors des demi-finales. Mesurez tout le chemin parcouru par l’ancien du RAC, parti des tréfonds du GNF2, et que certains continuent de prendre pour une pipe…
C’est aussi pour ce genre d’histoire et de parcours que l’on aime tant le football.