«J’ai commencé à m’intéresser à l’art quand je ne me sentais pas bien mentalement», a raconté vendredi l’Américaine de 23 ans, née de parents moscovites arrivées aux Etats-Unis à la fin des années 1990.
«C’est quelque chose que je faisais pendant mon temps libre, pour me vider l’esprit», a expliqué cette grande amatrice du Musée d’Orsay.
A Londres, où elle disputera jeudi sa première demi-finale de Wimbledon six ans après s’être hissée dans le dernier carré de Roland-Garros, la native du New Jersey n’a cependant emporté ni pinceaux, ni palette, ni chevalet.
«Je dois déjà emporter tellement d’affaires pour le tennis! Et j’aime bien prendre avec moi beaucoup de vêtements, juste au cas où, donc mes valises sont pleines à craquer », avance-t-elle.
Talent précoce, Anisimova a remporté son premier titre WTA à Bogota (terre battue) à 17 ans et 222 jours. Plus jeune Américaine à remporter un trophée depuis Serena Williams en 1999 à Indian Wells, celle qui a quitté le New Jersey à trois ans pour s’installer à Miami confirme en atteignant la même année les demi-finales de Roland-Garros.
Sur la terre battue parisienne, Anisimova remporte en quarts la tenante du titre Simona Halep, alors 3e mondiale.
Mais pendant l’été, à quelques jours de l’US Open, son père et entraîneur Konstantin décède brutalement.
Après Bogota, son deuxième titre tarde à venir. Elle le décroche finalement en janvier 2022 à Melbourne (dur), lors d’un tournoi WTA 250 de préparation à l’Open d’Australie.
Avec des quarts de finale à Madrid, Rome puis Wimbledon, la suite de sa saison est honorable mais elle s’achève dès l’US Open fin août, par une défaite au premier tour.
- « Progrès » -
En mai 2023, après cinq mois de résultats décevants, Anisimova annonce sur les réseaux sociaux s’éloigner du circuit pour une durée indéterminée, révélant être mentalement à la peine et en burn-out « depuis l’été 2022 ».
« Participer à des tournois de tennis m’est devenu insupportable », écrit même l’Américaine.
Elle s’est mise à la peinture quelques mois plus tôt, en octobre 2022.
«J’ai toujours aimé l’art quand j’étais plus jeune, donc j’ai acheté des toiles, de la peinture et je me suis dit que j’allais essayer pour rire. Et puis c’est devenu une routine chaque semaine », affirmait-elle sur le site de la WTA lors de son retour, en janvier 2024.
«Je voulais trouver des choses que j’aimais faire seule, plutôt que simplement voir des gens et passer du temps avec eux. Ca me faisait du bien mentalement de m’éloigner de mon téléphone, de tout le reste pendant quelques heures », at-elle poursuivi.
Un an et demi plus tard, une des plus belles toiles de sa carrière tennistique marie quelques touches de blanc - l’immuable code vestimentaire de Wimbledon - à un fond vert, celui d’un gazon qu’Anisimova a appris à maîtriser.
« Je n’ai pas grandi en jouant sur gazon, je pense que mon premier match sur cette surface date de mes 15 ans », s’est souvenue de la 12e joueuse mondiale.
Mais elle s’y a envoyée « à l’aise » dans ses déplacements, comme l’a montré en juin sa finale au Queen’s, un an après la déception d’une défaite en qualifications de Wimbledon.
« Le simple fait de revenir en tant que tête de série (...) ça m’a rappelé tout le travail et les progrès que j’ai accomplis cette année », a savouré la demi-finaliste, qui peut se targuer d’avoir gagné cinq matches (pour trois défaites) contre Aryna Sabalenka.
En février, Anisimova a remporté à Doha son premier WTA 1000, les tournois les plus importants après les Grand Chelem. En attendant de faire mieux samedi en finale ?
