Sur un Central chauffé à blanc par un soleil de plomb - le match a été interrompu deux fois pour évacuer des spectateurs victimes de malaises - la Bélarusse au bras gauche tatoué d’un félin s’est inclinée 6-4, 4-6, 6-4 après un combat de plus de deux heures et demi contre Anisimova (12e).
En remportant ce duel de puncheuses, la plus jeune Américaine en demi-finales de Wimbledon depuis 2004 a privé son illustre adversaire d’une quatrième finale consécutive en Grand Chelem inédite depuis 2015.
«Tout ça semble irréel pour l’instant», a commenté Anisimova sur le court après son exploit.
«Tant de joueuses rêvent de jouer sur ce court incroyable, ce match est un tel privilège et me qualificatif pour la finale est un sentiment indescriptible », s’est émerveillée l’Américaine sous le regard du quintuple vainqueur de Wimbledon Björn Borg.
Intensité, rebondissements, émotions : en attendant le match pour le titre contre Swiatek (4e), tombeuse autoritaire de la Suissesse Belinda Bencic (35e), le duel Sabalenka-Anisimova a eu des airs de finale avant la lettre.
Six ans après sa première demi-finale à Grand Chelem, à 17 ans à peine à Roland-Garros, Anisimova a cette fois franchi l’obstacle et tente de décrocher à 23 ans son premier titre majeur.
«J’aurais dû être un peu plus courageuse et me souvenir que je suis au sommet du classement WTA. À certains moments, je pense que je l’ai oublié », a regretté Sabalenka en conférence de presse.
- « Un message fort » -
Revenu sur le circuit en janvier 2024 après avoir pris une pause de plus de six mois pour se ressourcer mentalement, Anisimova s’est offerte sur le Central de Wimbledon sa première victoire contre une N.1 mondiale, et sa sixième contre Sabalenka (pour trois défaites), la joueuse qu’elle a le plus souvent dominée sur le circuit.
«Je pense que j’ai envoyé un message très fort car quand j’ai choisi de prendre une pause, plein de gens m’ont dit que je ne reviendrais jamais au sommet si je m’éloignais aussi longtemps du tennis », a raconté la gagnante. « Réussir à prouver qu’on peut revenir à plus haut niveau en pensant d’abord à soi, c’est correspondre fort pour moi.»
Cette fille de Moscovites émigrées aux États-Unis à la fin des années 1990 pourrait devenir samedi la troisième Américaine en trois Grands Chelems à remporter un tournoi majeur en 2025, après Madison Keys à l’Open d’Australie et Coco Gauff à Roland-Garros.
Pour y parvenir, elle devra infliger une première défaite en finale de Grand Chelem à Iga Swiatek, qui a remporté les cinq premières.
«Chaque Grand Chelem était totalement différent, c’est difficile de comparer », s’est méfiée la Polonaise.
À 24 ans, la Polonaise a expédié 6-2, 6-0 Belinda Bencic (35e), de retour sur le circuit depuis moins d’un an après avoir donné naissance à une fille en avril 2024.
En quête d’un 23e titre sur le circuit depuis son quatrième sacre à Roland-Garros en juin 2024, Swiatek n’avait jamais combattu de finale d’un tournoi sur gazon avant sa défaite en juin sur les courts en herbe de Bad Homburg, contre l’Américaine Jessica Pegula (3e).
«Le tennis continue à me surprendre ! » s’est amusée Swiatek dans son interview d’après-match. « Même si je suis encore jeune, j’avais l’impression d’avoir tout vécu sur un court, mais je n’avais encore jamais connu le fait de bien jouer sur gazon », a plaisanté la native de Varsovie, éliminée en demi-finales de l’Open d’Australie et de Roland-Garros plus tôt dans l’année.
Anisimova et Swiatek ne se sont encore jamais affrontées en match officiel.
«On s’est jouées chez les juniors », s’est souvenir la Polonaise. « Elle peut jouer un tennis incroyable, elle adore les surfaces rapides car elle joue à plat. Préparez-vous à des frappes rapides ! », a anticipé Swiatek.
