Le secrétariat général des Jeux méditerranéens déplore «un épisode inacceptable et sans précédent» dans l’organisation algérienne

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Alors que le régime algérien espérait en faire un levier pour lustrer son image, les Jeux méditerranéens s’avèrent être un fiasco organisationnel. Le secrétaire général du Comité international a utilisé des mots durs et inédits pour dénoncer un régime incompétent. Explications.

Le 02/07/2022 à 10h23, mis à jour le 02/07/2022 à 11h29

Isolés du reste du monde, les caciques au pouvoir à Alger comptaient sur deux événements pour redorer le blason d’un régime atone: les Jeux méditerranéens et le sommet de la Ligue arabe. Si le second se tiendra –peut-être– en novembre prochain à Alger, le premier bat de l’aile, actuellement, à Oran.

Cette manifestation «majeure», la première organisée par l’Algérie depuis des décennies, devait servir de cache-misère pour les Tebboune, Chengriha et autres chibanis qui cherchent à tout prix à cacher leurs déboires politico-économiques et tourner la page du Hirak, où ils étaient la cible favorite des slogans du peuple algérien. Mais au final, la montagne a accouché d’une souris.

Ces Jeux ont rapidement tourné au fiasco, dès la cérémonie d’ouverture, comme le fait savoir le Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM) via une lettre adressée au président du comité d’organisation des Jeux méditerranéens d’Oran 2022 (COJMO), Aziz Derouaz. «À notre grand regret, nous devons souligner les insuffisances organisationnelles importantes et fondamentales, qui ont créé des impressions extrêmement négatives sur les membres de la Famille méditerranéenne et ont provoqué de vives réactions», lâche d’emblée le secrétaire général du CIJM, Iakovos Filippousis.

Selon le responsable grec, «le plan de transport a été un échec total, ce qui a empêché une soixantaine de personnes du Comité Exécutif du CIJM, des Présidents et Secrétaires Généraux des Comités Olympiques et des Fédérations Internationales, ainsi que d’autres invités de marque de la famille méditerranéenne d'arriver au stade à temps. Ils n’ont pu y trouver refuge qu'après de nombreuses heures, ayant été gravement menacés de leur sécurité devant les portes d'entrée, et sans pour autant avoir pu assister à la cérémonie».

Ces invités de marque ont été abandonnés à eux-mêmes au milieu du public général arrivé en masse, et ont dû entrer en force dans le stade, en l'absence totale d'une voie d'entrée préférentielle dédiée à la Famille méditerranéenne. «Outre leur statut, ce sont des femmes, des enfants, des personnes âgées et des personnes vulnérables», rajoute Filippousis.

Le SG du CIJM évoque notamment un «épisode inacceptable et sans précédent, qui offense ouvertement le CIJM et la famille sportive méditerranéenne». Autrement dit, depuis que les Jeux méditerranéens existent, le CIJM n’a jamais vu un tel chaos organisationnel. Cette phrase définit à elle seule l’impéritie structurelle d’un régime qui sait faire une seule chose: encaisser l’argent de la rente des hydrocarbures.

Et ce n’est pas fini. Le CIJM souligne également «l'absence totale, sans précédent, de bénévoles, ainsi que l'incapacité de subvenir aux besoins basiques de nos membres en termes d'assistance médicale et d'approvisionnement en eau!» L’eau potable est une denrée très rare en Algérie. Et Tebboune himself l’admet, puisqu’il a donné ordre, quand il s’est rendu à Oran la veille de l’ouverture des jeux, d’assurer l’approvisionnement en eau potable dans la ville… deux heures par jour! Ce n’est pas une blague, l’ordre de Tebboune est documenté en son et en image.

Filippousis précise, par ailleurs, que les impressions de la famille méditerranéenne au sujet de l’organisation sont «extrêmement négatives et pour certains, mêmes traumatisantes», espérant qu’un tel incident, «absolument inacceptable, et pour lequel le CIJM ne porte aucune responsabilité, ne mettra pas en péril la participation de nos CNOs membres aux prochaines éditions des Jeux Méditerranéens». En d’autres termes, la junte algérienne va peut-être réussir l’exploit de dégoûter les peuples méditerranéens des jeux.

Le SG du CIJM exige, enfin, des excuses de la part du COJMO, qui devra respecter ses obligations contractuelles découlant du contrat de la ville hôte et, surtout, honorer la mission statutaire des Jeux méditerranéens.

Le Maroc et l'Espagne ont été escamotés de la carte du bassin méditerranéen, lors de la cérémonie des JM d'Oran 2022.

Notons que durant la cérémonie d’ouverture des JM d’Oran, le régime détraqué et complexé a projeté une carte du pourtour méditerranéen en supprimant le Maroc et l’Espagne. Une nouvelle preuve de la haine viscérale que nourrit le régime d'Alger pour le Royaume et ses alliés. De plus, avant le début des Jeux, les autorités algériennes ont refusé l’accès au territoire à neuf journalistes marocains, les accusant d’être des espions. La junte, craignant que les médias marocains informent le monde des déboires et des lacunes organisationnels, les a renvoyés chez eux.

Les journalistes marocains pris d'otages à l'aéroport d'Oran.

Que fera maintenant la junte pour se justifier de ce blâme retentissant asséné par le CIJM? L’accuser d’être à la solde du Makhzen? Accuser les pays méditerranéens d’être jaloux des réalisations du tandem Tebboune-Chengriha? Pointer un doigt accusateur vers «l’entité sioniste»? Quel que soit l’expédient que va invoquer la junte pour se défausser de son incompétence, l’organisation de ces jeux est à l’image de la gouvernance de l’Algérie, c'est-à-dire un désastre.


Ci-dessous la lettre du SG du CIJM:


Par Adil Azeroual
Le 02/07/2022 à 10h23, mis à jour le 02/07/2022 à 11h29