Une petite devinette pour clore cette saison sportive avec un petit accent ludique. Question: quel est le point commun entre Fouzi Lekjaa, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), et Abdeslam Ahizoune, président de la Fédération royale marocaine d’athlétisme (FRMA)? Réponse: tous les deux portent un passeport marocain, rien de plus. Il n’y a aucune autre similitude entre les deux dirigeants.
Si le premier a rendu au football vert et rouge son lustre, le second a quasiment expédié l’athlétisme, avec un sprint défiant tous les records, aux oubliettes.
Rien qu’en cette année 2022, les Lions de l’Atlas se sont qualifiés pour leur seconde Coupe du Monde consécutive, l’équipe nationale de futsal s’est hissée jusqu’en quarts finale de la Coupe du Monde (a remporté la Coupe arabe de la discipline), les Lionnes de l’Atlas vont jouer la finale de la CAN (ce samedi contre l’Afrique du Sud) et seront présentes au Mondial 2023, les Lioncelles U17 ont gagné leur place en Coupe du Monde et les clubs marocains ont dominé la scène africaine avec les sacres du Wydad en Ligue des Champions et la Renaissance de Berkane en Coupe de la CAF.
Oui, au terme de cette année 2022, nos footballeurs et footballeuses auront réussi leur mission et ont toutes les raisons du monde d’être fiers de leur palmarès. De là à parler du miracle, il n’y a qu’un pas, que l’on s’empêchera bien de franchir.
Car il n’y a pas lieu de parler de miracle, tant cette moisson de récompenses et de titres doit peu au hasard. En fait, ce que la FRMF récolte aujourd’hui, elle l’avait semé depuis des années. Un semis fait d’infrastructures et d’équipements sportifs, de structures de formation et d’organisations de promotion du sport. Il ne manque plus qu’un arsenal législatif idoine qui permettra à la chose footballistique marocaine de se transformer en véritable secteur économique.
Que dire du bilan d’Ahizoune à la tête de l’instance faîtière de l’athlétisme?
Depuis que le patron de Maroc Telecom a pris les commandes de la FRMA en 2006, le Royaume n’a récolté que 9 médailles, 2 en or, 3 en argent et 4 en bronze, lors des 4 derniers Jeux Olympiques et des 9 derniers Mondiaux.
Les quatre dernières médialles sont toutes l’œuvre d’un seul homme, Soufiane El Bakkali. Le Fassi a décroché l’argent aux Mondiaux Londres, en 2017, le bronze à ceux de Doha, en 2019, l’or aux JO de Tokyo 2020 et vient de s’offrir le titre mondial à Eugène cette semaine. Un arbre qui cache bien la forêt complètement malade d’Abdeslam Ahizoune. Un cache-misère qui ne saurait rendre dupe du naufrage de l’athlétisme marocain et de la disparition des radars des coureurs nationaux du demi-fond.
Mais que peut-on faire pour soigner cette discipline?
On pourrait confier les rênes de la FRMA à Lekjaa, lui filer une petite augmentation et se passer des services d’Ahizoune! Avec les économies réalisées, on pourrait financer des programmes de formation, des infrastructures dignes de ce nom, une agence antidopage qui fera oublier que les rares fois où l’on a parlé des athlètes marocains dans le monde c’est pour des scandales de dopage, et améliorer la situation des athlètes qui vivent dans des conditions difficiles.
Dans cette histoire, il y a un bon et un mauvais. Amateur de films de Sergio Leone, j’ai bien envie de citer le titre de l’un d’eux en ne retenant que deux personnages: le bon et le truand. Dans l’une des phrases cultes du film de Leone, Le «Bon» affirme au «truand», mécontent de creuser une tombe: «Le monde se divise en deux catégories: ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent». On peut s’amuser à deviner qui creuse et qui tient le pistolet. Notre amusement sera néanmoins de courte durée quand on saura que celui qui tient la pelle a creusé, depuis longtemps, la tombe de l’athlétisme marocain et qu’il faudrait un miracle pour espérer une résurrection.
5 commentaires /
Mais chacun devrait s'occuper de ses affaires.
Que Ahizoune s'occupe de Maroc Télécom et que Lakjaa s'occupe du budget du Maroc.
Il y a assez de gens talentueux dans le pays pour faire le reste