La fête des voisins est un concept créé en France, il y a une vingtaine d’années, pour célébrer la solidarité, favoriser le partage et développer le bon voisinage. Ce concept n’a apparemment pas pris le bateau pour Alger dont les frontières sont fermées depuis presque trente ans avec son voisin marocain.
Jusqu’à ces derniers mois, les Algériens avaient été préservés du torrent de haine distribué généreusement par les outils de propagande du régime en place. Ce n’est plus le cas. L’élimination de l’équipe nationale marocaine en 8ème de finale de la Coupe d’Afrique des Nations a fait sortir les Algériens, en grand nombre, dans les rues des principales villes du pays. Un phénomène surprenant lorsqu’on sait qu’il leur est absolument interdit de manifester, y compris pour une cause qu’ils essayent de privatiser, tellement elle sert les intérêts du régime, la cause palestinienne.
Cette sortie, apparemment spontanée, démontre l’efficacité de la propagande du régime militaire qui attaque sans relâche la capacité de réfléchir d’un peuple privé de la quasi-totalité des richesses, abondantes pour le moment, de son sous-sol.
Ça n’explique en rien la déroute des Lions de l’Atlas et leur élimination précoce. En effet, la défaite de l’équipe nationale marocaine face à l’Afrique du Sud est surprenante et constitue, avec celle du Sénégal, une des plus grosses surprises de la compétition.
Sur le plan sportif, et c’est ce qui représente le plus d’intérêt, l’équipe nationale n’était pas au rendez-vous. Non pas que les conditions de préparation n’étaient pas optimales, bien au contraire, ou que les joueurs et leurs staffs étaient sous entrainés, pas du tout.
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Les explications sont ailleurs. Tout d’abord sur le plan de l’attitude, les Marocains, et les joueurs d’autres pays africains concernés, ont mal géré leur statut de favoris. Les cinq représentants du continent en Coupe du monde, favoris logiques, sont sortis, dès la phase de groupes pour le Ghana et la Tunisie et, en huitième de finale pour le Maroc, le Sénégal et le Cameroun. Les demi-finalistes de la précédente CAN, que sont le Burkina Faso et l’Egypte, ont été éliminés également au stade des huitièmes de finales et ne sont plus en course. L’Algérie, vainqueur en 2019, a terminé dernière de son groupe lors des deux CAN suivantes.
Un travail doit être engagé pour dépasser ce blocage. Un travail psychologique, mais aussi tactique et technique. L’équipe nationale n’a pas su concrétiser sa domination face à des équipes qui défendaient avec un bloc bas.
Il y a aussi l’épisode face à la RD Congo. Les joueurs n’ont pas supporté la chaleur, l’humidité et l’horaire. Ils s’étaient entrainés la veille dans les conditions du match. Ce n’était peut-être pas la meilleure idée. Le staff de l’équipe nationale va en tirer les bons enseignements pour l’avenir. Les incidents de la fin du match ont pesé sur le reste de la compétition, nul ne peut rester insensible aux méchancetés qui se sont répandues, à la suite de ce match, sur les principales plateformes des réseaux sociaux. Après ce match, on peut convenir que Youssef En-Nesyri est sorti de la compétition. On ne l’a pratiquement pas vu lors du match face à l’Afrique du Sud. Pour corriger l’image qu’ils ont véhiculée, les joueurs se sont donnés à fond face à la Zambie. Un match sans enjeu sportif, mais avec un enjeu moral, celui de l’intégrité de la compétition. Ils l’ont payé cher avec la blessure du meilleur joueur de l’attaque marocaine, Hakim Ziyech. Il a beaucoup manqué à l’équipe, mais même sans lui des occasions ont été créées, malheureusement non converties en buts. L’arbitrage a peut-être privé les Marocains d’un pénalty, Ezzalzouli, est complétement déséquilibré dans la surface de réparation, et les a désavantagés sur le premier but entaché d’un possible hors-jeu. La VAR n’a même pas activé son protocole de vérification. Ce sont des faits de matchs et rien d’autre, le Maroc n’a pas l’habitude de voir des complots partout.
D’ailleurs, une fois la déception digérée, les choses rentreront dans l’ordre et un travail d’audit technique sera entamé pour comprendre les raisons de l’échec, d’autant que ce n’est pas le premier en Coupe d’Afrique des Nations.
Un échec douloureux fêté par une foule en liesse chez les voisins. Ce n’est pas tant la forme de cette célébration qui est en cause, ce sont les contenus des chants qui ont été proférés qui choquent. Comparer le Marocain à un singe qui mange des bananes, c’est faire preuve de racisme et non de chambrage. Jeter sur une chaîne nationale un Lion en peluche, symbole de l’équipe nationale marocaine, en se moquant des paroles d’une chanson populaire est le signe d’une grande détresse. Tous ceux qui ont visité l’Algérie il y a quelques années ont pu voir des photos d’Algériens fiers de poser devant un régime de bananes. Photos exprimant leurs frustrations devant leurs étals vides. Elles avaient été prises lors de leurs visites touristiques en famille à Oujda. Ceux qui cèdent à la propagande du régime sont des paumés, ils ne connaissent pas l’histoire millénaire du Maroc, ils subissent le récit fabriqué par et pour maintenir en place un régime bien ingrat. L’ingratitude de ces paumés c’est la seule fête que célèbrent encore les voisins.