Algérie: la FAF n’a pas avancé sous l’ère Zetchi

Dans un article publié sur son site, le magazine panafricain Jeune Afrique a dressé un bilan de Kheireddine Zetchi, président de la Fédération algérienne de football (FAF) qui a assuré ne pas vouloir se représenter. Alors que les élections pour la présidence de la FAF sont prévues pour mars prochain, Kheireddine Zetchi semble vouloir un poste à la FIFA au lieu de briguer un nouveau mandat localement.

Première remarque, c’est le contraste qu’il y a dans le football algérien. D'un côté, la sélection enchaîne les victoires grâce à des joueurs presque tous binationaux et un très bon technicien. De l’autre, au niveau local, le tableau est moins reluisant.  

Durant son mandat, Kheireddine Zetchi n’a pas vu son équipe nationale en Russie pour le mondial 2018, contrairement à son prédécesseur Mohamed Raouraoua, sous l’ère duquel, les Fennecs avaient décroché une qualification pour les Coupes du monde 2010 et 2014. Il est vrai, aussi, qu’avec Zetchi, l’Algérie a remporté la CAN 2019, 29 ans après le premier sacre obtenu à Alger, grâce à un bon choix du sélectionneur en la personne de Djamel Belmadi. Jeune Afrique, qui cite un journaliste sportif algérien, explique que financièrement la FAF se porte bien, grâce au contrat de plus de 1,9 million d’euros par an signé avec Puma, sans oublier que la situation était déjà bonne avant l’arrivée de Zetchi. 

En dehors de cela, la professionnalisation du football algérien, décidée en 2010, est un échec. “C’est même une catastrophe. La grande majorité des clubs de Ligue 1 et de Ligue 2 est lourdement endettée, parce qu’ils versent des salaires très élevés aux joueurs. Il y a aussi une très forte inégalité: les clubs, comme le MC Alger, le CS Constantine, qui sont dirigés par la Sonatrach ou une de ses filiales, ou le CR Belouizdad, situé à Alger et qui appartient à la Holding Madar, société nationale de tabac, n’ont pas de problèmes. Il y a une forme de favoritisme régional qui pénalise beaucoup de clubs, et ce n’est pas normal”, s’énerve Chérif Mellal, le président de la JS Kabylie dans les colonnes de Jeune Afrique. Ce dernier ajoute que Zetchi est obsédé par la sélection et ne faisait rien pour le football local. 

Pour un journaliste sportif, rien n’a été fait pour développer le merchandising, les droits TV et la politique d’abonnements. Les recettes des matches, même ceux joués dans des stades pleins, sont ridiculement basses. D'autres relativisent et disent qu’il avait les mains liées jusqu’en 2019, quand le Hirak s’est déclenché. On raconte aussi que l’ancien régime avait imposé le nom de Rabeh Madjer pour le poste de sélectionneur. 

Alors que beaucoup s’attendaient à ce que Zetchi fasse avancer le dossier de la formation, lui qui a fondé avec son frère le Paradou Athletic club, dont la vocation principale est la formation des joueurs et le trading. D'ailleurs, Ramy Bensebaini (Borussia Mönchengladbach) et Youcef Atal (OGC Nice) en sont les ambassadeurs. Sauf que le président de la FAF n’a rien fait pour les centres de formation, parce qu’il voulait que son club reste seul sur ce segment. 

Concernant le dossier de la corruption, qui est selon le journaliste auteur de l’article “profondément ancrée dans les pratiques du football algérien”, Zetchi semble être désarmé. “Il y a eu des enregistrements qui ont révélé des conversations entre un agent supposé proche du président de la FAF et un dirigeant de l’ES Sétif dans lesquels il était question de matches arrangés. Zetchi a mis du temps à réagir, alors que le ministère des Sports s’était ému de l’affaire”, critique un dirigeant ayant souhaité conserver l’anonymat et cité par Jeune Afrique.