Le peuple algérien est abreuvé depuis quelques jours par un flot de grossiers mensonges. Le summum de cette opération d’intox aux airs de lavage de cerveau a été le fait de la télévision étatique: dans sa rubrique sportive, celle-ci a eu le culot d’annoncer… la qualification de l’USMA pour la finale de la Coupe de la CAF, en raison de «l’utilisation de slogans politiques de la part des responsables de la RSB». Les feuilles de choux locales sont allées encore plus loin, annonçant le lieu où se jouera la finale aller: le Stade Nelson Mandela à Alger.
Ces informations, totalement erronées, sont le fruit d’une imagination fertile instrumentalisée pour amadouer des supporters furieux après le sabordage de l’USMA face à la RSB, quitte à lui servir une réalité parallèle.
Pourtant, après la non-bataille d’Alger, les plus cartésiens pensaient que le coup de semonce de la Commission d'organisation des compétitions interclubs de la CAF serait reçu par un sibyllin «Je vous ai compris» de la part des caporaux d’Alger et leurs sous-fifres de la FAF et de l’USMA.
Visiblement, cet appel à «la paix des braves», actée au Stade municipal de Berkane, n’a eu aucun écho.
Obligée de venir au Maroc après la gifle infligée par le TAS, la délégation de l’USMA a eu droit à son baroud d’honneur pendant la réunion technique, au cours de laquelle elle a déposé une réserve sur le maillot de la RSB. Déboutée par le Commissaire du match, l’expédition algéroise a dû entamer un douloureux retrait, dont les conséquences pourraient s’avérer graves sur le plan juridique.
En effet, le tenant du titre de la Coupe de la CAF 2023 risque d’être suspendu deux années durant de toute compétition continentale. Il perd aussi le prize money dédié au demi-finaliste de la
C3 (750.000 dollars US), et devra s’acquitter d’une amende de 50.000 dollars en faveur de la RSB pour le préjudice subi et les frais engagés pour le déplacement en Algérie. À cette série de sanctions, il faudra ajouter celles que la Commission de discipline de la CAF va instaurer par rapport aux droits TV et aux annonceurs. Et pour enfoncer le clou, l’équipementier du club marocain va attaquer la FAF devant les tribunaux de commerce pour contrefaçon, après l’épisode des faux maillots de la RSB produits à la sauvette par la fédération algérienne.
Au même moment, le processus d’anesthésie de l’Algérien lambda se poursuit. La presse aux ordres distille son fiel et tire sur tout ce qui bouge, rêvant d’un remake médiatique du «Petit Clamart». Ses cibles? le Makhzen honni, le président de la FRMF, la CAF, Gianni Infantino et, tant qu’on y est, pourquoi ne pas évoquer une quelconque cabale sioniste. Utilisant les termes les plus orduriers, les médias reprennent en chœur la version 2024 du «On va refaire le match», deux ans après l’intermède guignolesque d’Algérie-Cameroun.
Évidemment, cette poussée de fièvre sera sans conséquences sur le football marocain, et en particulier sur son représentant, la RSB. Droit dans ses bottes, le club de l’Oriental a fait fi du ridicule ambiant et du tohu-bohu surréaliste qui prévaut de l’autre côté de la frontière. C’est que les Berkanis ont bien mieux à faire: préparer la double confrontation avec le Zamalek.
Pendant qu’à l’est de Zouj Bghal, les slogans lunaires et les invectives haineuses vont se poursuivre, à Berkane, il n’y aura guère d’oreilles pour les entendre. Désolés, voisins, nous avons une coupe à gagner et un titre à empocher.