Sociétés sportives: la FRMF sonne la fin de la récré

Le Comité directeur de la Fédération royale marocaine de football (FRMF)

ChroniqueLa FRMF entend mettre fin au «professionnalisme marron» où les clubs vivent au dessus de leurs moyens et où les dirigeants mettent des bâtons dans les roues à l’arrivée d’investisseurs potentiels.

Le 07/08/2025 à 14h24

La réunion du Comité directeur de la FRMF, tenue mercredi 6 août, marque un tournant majeur dans le football national de clubs. Le chemin qui mène vers le professionnalisme dans tous les sens du terme a commencé par ce moment clé.

Les décisions prises marquent dans leur ensemble une rupture avec la vision basée depuis 2018 sur l’accompagnement. Désormais, le chemin est balisé, ou presque, pour l’arrivée d’investisseurs capables d’insuffler une nouvelle dynamique à notre football.

Le président Fouzi Lekjaa a sifflé la fin de la récréation. Lors de ladite réunion, le patron de la FRMF a appelé les différents acteurs du football national à adhérer massivement dans les grands chantiers qui seront organisés par notre pays au niveau organisationnel afin de le faire briller. Un des corolaires de ce rayonnement passe certainement par une plus grande professionnalisation de la Botola.

Ceci implique la fin du «professionnalisme marron» où les clubs vivent au dessus de leurs moyens et où les dirigeants mettent des bâtons dans les roues à l’arrivée d’investisseurs potentiels.

D’abord, la Loi 30/09 doit être appliquée dans son intégralité: les associations peuvent disposer d’une minorité de blocage, mais l’écosystème doit être plus favorable à l’arrivée d’entreprises dans le capital des sociétés sportives.

Mieux encore, dans cette période transitoire, la tenue prochaine d’un forum international de l’investissement sportif permet de mettre le curseur sur ce pilier fondamental du professionnalisme 2.0.

L’objectif de ce conclave est de promouvoir l’investissement sportif au sens large du terme sport à travers des partenariats créatifs, innovants et durables. L’occasion aussi de débattre autour des défis et enjeux réglementaires, financiers et de management auxquels font face les clubs marocains.

Cette réunion a mis également en place des mécanismes censés rassurer les éventuels investisseurs. La révision des règlements généraux, et surtout la création d’une instance chargée d’auditer les conditions d’éligibilité et d’adhésion au sein des associations sportives est de nature à donner ce coup de boost salutaire et faire régner un climat de confiance, propice à l’investissement.

Et le passage des paroles aux actes a eu lieu de manière anticipée par rapport à cette réunion au sommet de la FRMF. En effet, le Raja a déjà entamé cette mutation, en actant de manière officielle, quelques jours plus tôt, l’arrivée de Marsa Maroc via son bras social Ports4Impact, dans le capital du club.

Désormais, la transformation du club en société anonyme est un fait irréfutable. Raja Club Athletic SA est une structure dotée d’un capital de 250 millions de dirhams. 60% des parts sont détenues par Ports4Impact. Un investissement qui fait l’effet d’une bouffée d’air frais pour le club marocain le plus titré sur le plan continental.

Il met, en outre, fin à une crise structurelle qui n’a que trop duré. Cette avancée est due à une synergie et à une mobilisation volontariste des sages du club, du partenaire qui s’embarque en toute connaissance de cause dans cette aventure, et du parlement du Raja qui a fait preuve d’un grand sens des responsabilités et des priorités, à un moment charnière de l’histoire du géant casablancais.

Si le Raja veut continuer à être l’une des locomotives de notre football, le club doit mettre un terme à une instabilité institutionnelle avec 9 présidents en 8 ans. L’objectif était aussi de solder la dette contractée par le club de l’Oasis avec le fisc. C’est désormais chose faite, puisque le Raja a obtenu la mainlevée. L’épilogue d’un vieux contentieux fiscal qui remonte à l’année 2007. Marsa Maroc débarque dans un climat apaisé et au sein d’une structure assainie.

Maintenant, il va falloir délimiter les responsabilités. Au Conseil d’administration drivé par Driss Agoujim, la partie financière et les équilibres macro-économiques, et à l’équipe présidée par Jawad Ziyat la partie sportive. De la délimitation des responsabilités et de l’harmonie qui existera entre les deux entités dépendra la réussite de ce mariage de raison.

Reste maintenant la réalité du terrain. Il faudra également l’adhésion des supporters et notamment des ultras pour que cette expérience pilote puisse tenir ses promesses. Si par malheur pour les Rajaouis, les résultats des premières journées de la Botola Pro ne sont pas concluants, une partie de ce deal pourrait être remise en question. Voilà pourquoi il faudra que les fans fassent -encore une fois- preuve de leur patience légendaire pour que cette restructuration puisse atteindre ses objectifs, institutionnels comme sportifs.

Les supporters des Verts ne seront pas d’ailleurs les seuls à scruter à la loupe cette expérience. Les fans des 31 autres clubs professionnels seront également à l’affut dans le sens positif et/ou négatif. Ce qui est certain, c’est que le Raja a placé la barre très haut et qu’une nouvelle fois, il se veut précurseur.

Le MAS et la RSB pourraient lui emboiter le pas dans les prochains mois. En attendant peut-être que les autres clubs et notamment l’alter égo de la capitale économique puisse aussi épouser son temps. L’impulsion provoquée par les deux géants casablancais risquerait de réveiller des SAOS mises en veilleuse ou qui sont pour le moment des coquilles vides.

Par Amine Birouk
Le 07/08/2025 à 14h24