Voilà, c’est fait. Pour la première fois de son histoire, le Maroc place ses deux représentants dans le dernier carré de la Champion’s League africaine. C’est magnifique. Pour la première fois aussi, les demi-finales opposeront deux pays, pour ne pas dire deux villes. Maroc–Egypte. Casablanca–Le Caire. Wydad–Ahly et Raja–Zamalek. Comme un seul match.
C’est exceptionnel, déjà. Ça le sera davantage encore si le Wydad et le Raja éliminent les deux grands clubs cairotes, et se retrouvent dans une finale 100% marocaine…
Mais on n’en est pas là. Et il faut examiner de près la manière dont nos deux représentants ont franchi les demies. Cette manière interroge et interpelle.
A l’aller, à Casablanca, le Raja a surclassé le TP Mazembe, grand favori de l’épreuve avec le Mamelodi Sundowns. 2-0, victoire archi méritée.
Au retour à Lubumbashi, le Raja a choisi de subir, évoluant avec un bloc bas. Résultat: Mazembe a littéralement pilonné la surface rajaouie, mettant une pression folle sur le gardien Zniti et sa défense.
Malgré le coaching audacieux de Jamal Sellami à la pause (Ahadad à la place de Hafidi, pour essayer de faire remonter le bloc-équipe et soulager les défenseurs), la deuxième mi-temps a été ultra compliquée. Le Raja a rapidement encaissé un premier but et il a fallu un grand Zniti, avec notamment un arrêt miracle sur le pénalty qu’il a lui-même provoqué, pour empêcher les Congolais de doubler la mise.
Au final, le Raja a subi un calvaire intégral avant d’arracher une qualification qui avait des allures de miracle. Parce que Mazembe a tout tenté et aurait pu, avec un peu plus de réussite, passer.
Alors oui, le Raja s’est qualifié, malgré cette courte défaite (0-1). Il est resté uni et solidaire. Mais il a joué petit bras et compté, aussi, sur une certaine baraka.
On en dira autant, sinon plus, du Wydad. Victorieux à l’aller de l’Etoile du Sahel (2-0), les Rouges ont disputé, au retour en Tunisie, un match étrange. Coach Garrido a joué sans attaquant de pointe, ni joueur de surface, le buteur-maison Kasengu étant resté sur le banc. Avec deux milieux défensifs, Nakkach et Jabrane, jouant très bas, le plan de jeu devenait clair: bétonner, jouer le 0-0.
Il a ainsi fallu attendre la 82ème pour assister à la première frappe cadrée du Wydad. Et si les Rouges ont eu quelques opportunités en fin de match, il ne faut pas oublier qu’ils ont eu affaire à une équipe de l’Etoile très moyenne dans le jeu. Qui les a pourtant malmenés jusqu’au bout.
Dans le contenu, et dans l’esprit, le Wydad a rendu une copie qui ne plaira pas aux puristes du football. Jeu ultra défensif, simulations de fautes, dégagements à l’emporte-pièce… Non content de laisser son seul attaquant de pointe sur le banc, et d’aligner deux milieux défensifs face à une équipe pourtant prenable, Garrido a remplacé, au fil des minutes, ses seuls joueurs à vocation offensive par des défenseurs (Amloud, Gaddarine et R’haili à la place du trio Haddad–Aouk–Hassouni).
Bien malin est celui qui nous dira dans quel dispositif tactique le Wydad a fini le match… Mais il est passé, malgré la défaite (0-1). Bravo pour la qualification, pas pour le non-match.
Refuser le jeu, jouer la montre, simuler… Ce n’était pas beau et coach Garrido a fait jouer le Wydad contre-nature, alors qu’il avait certainement les moyens de gagner par le jeu, et de tuer le match en marquant face à un adversaire somme toute limité.
Il va falloir montrer autre chose, face à Al Ahly, pour espérer atteindre la finale.