Gagner avec la manière. C’est exactement ce qu’ont fait les hommes de Walid Regragui face aux Chipolopolo zambiens, lors de la troisième et dernière journée de la phase de groupes de cette CAN. Une victoire nette (3-0), construite sur une domination collective, une intensité constante et une lecture tactique juste.
Après le nul frustrant contre le Mali (1-1) en deuxième journée et une victoire inaugurale sans réellement convaincre face aux Comores (2-0), le Maroc a cette fois affiché le visage que le public attendait. Une équipe qui joue, qui maîtrise le ballon et qui impose sa loi à l’adversaire. Dès l’entame, les Lions de l’Atlas ont pris le contrôle du match, étouffant une sélection zambienne rapidement privée de solutions.
Lire aussi : Maroc-Zambie: et revoilà les Lions de l’Atlas qui rugissent à nouveau, retour rassurant de Hakimi
Pour mieux comprendre cette prestation, Abdellah Kharbouchi, ancien Lion de l’Atlas passé par plusieurs clubs français et aujourd’hui analyste, a décortiqué la rencontre en collaboration avec Quentin Voisin, afin d’expliquer pourquoi le Maroc a été largement au-dessus de son homologue zambien.
Sur le plan défensif, les Lions ont étouffé toute tentative de construction adverse, avec un «pressing haut en 4-3-3 et un bloc haut», observe Kharbouchi. La récupération rapide du ballon par les Marocains a empêché la Zambie de s’installer dans le camp des hôtes. Conséquence directe: les Chipolopolo n’ont touché leur premier ballon dans le camp adverse qu’à la 16e minute, incapables de poser leur jeu autrement que par du jeu long et direct.
Derrière, la solidité marocaine a annihilé l’impact physique recherché par les adversaires, avec un «bon alignement défensif avec (Nayef) Aguerd en leader pour commander la défense», et des défenseurs qui «ont gagné tous les duels».

Dans l’axe, l’équilibre apporté par Neil El Aynaoui a permis au Maroc de contrôler les transitions, face à une Zambie souvent en retard dans ses replacements: «(Neil) El Ayanaoui était une bonne couverture dans l’axe, offrant plus de liberté à (Azzedine) Ounahi et (Ismaël) Saibari», observe l’analyste.
Avec le ballon, les Lions ont immédiatement imposé leur tempo, prenant à revers un bloc zambien parfois trop étiré, avec des «transitions rapides à la récupération, pour vite jouer vers l’avant».
À noter les déplacements d’Ounahi et de Brahim Diaz, qui ont constamment exploité les espaces laissés entre les lignes par la défense adverse. Malgré un marquage individuel tenté sur le milieu de Girona, la Zambie n’a jamais réussi à compenser collectivement: «Tactiquement, mauvaise couverture et compensation des joueurs.», rappelle Kharbouchi.
Lire aussi : CAN 2025: quel adversaire pour les Lions de l’Atlas en huitièmes de finale?
Cette domination défensive s’est également traduite par une animation offensive fluide, appuyée sur la vitesse sur les côtés et la qualité des appels des attaquants, «qui ont apporté des situations devant le but». Le deuxième but marocain illustre parfaitement cet écart tactique.
«Sur le but de (Brahim) Diaz, il y a un bon déplacement de Ounahi pour faire sortir les milieux adverses, le bon appel en profondeur d’(Abdessamad) Ezzalzouli, pour un centre en retrait sur Brahim, qui allait vers l’intérieur et qui place le ballon du même côté d’où il venait», commente Abdellah Kharbouchi, qui estime que la lecture du jeu, le déplacement du ballon et la finition des Marocains sont à «montrer dans les écoles de foot.»
Un jeu intelligent, concrétisé par un Brahim Diaz étincelant et buteur depuis le début de la CAN, qui rejoint officiellement la légende feu Ahmed Faras en devenant le deuxième joueur marocain à inscrire trois buts lors de trois matches consécutifs en Coupe d’Afrique des nations. Faras l’avait d’ailleurs réalisé lors de l’édition du sacre en 1976, de quoi envoyer un signal fort dans cette 35e édition marocaine.
En pointe, l’efficacité a fait la différence face à une défense zambienne souvent prise de vitesse. «(Ayoub) El Kaabi est un joueur intelligent car il touche peu de ballon mais il a le sens du but.»
Lire aussi : CAN 2025: Ayoub El Kaabi désigné Homme du match Maroc-Zambie
En seconde période, malgré une baisse de rythme, le Maroc n’a jamais été inquiété par une Zambie limitée offensivement. «Ils ont reculé dans les 10 dernières minutes, et mais il n’y avait aucun danger pour (Yassine) Bounou, qui a passé une soirée tranquille».
Les rares situations zambiennes sont arrivées tardivement, avec une première véritable alerte à la 48e minute. Insuffisant toutefois pour remettre en cause la maîtrise marocaine, les Lions de l’Atlas confisquant le ballon avec 56,6 % de possession et imposant leur tempo sur l’ensemble de la rencontre.
Un match référence
Les Lions de l’Atlas avaient besoin d’un match référence, celui capable de définir la suite de leur parcours dans la compétition. Celui face à la Zambie en est un. Après la déception contre le Mali, les hommes de Walid Regragui devaient impérativement réagir, tant pour une qualification sans tracas que pour retrouver une qualité de jeu plus conforme aux attentes.
Ils l’ont fait. Walid Regragui l’a fait. Critiqué pour ses choix et sa gestion, le sélectionneur a vu ses joueurs répondre sur le terrain, portés par un 12e homme omniprésent en tribunes, qui a rythmé chaque action, chaque pressing et chaque temps fort marocain.
Les Lions ont enfin montré leurs vraies couleurs et savent qu’une entame dans le rectangle vert, comme celle face à la Zambie, contre les prochaines nations lors des phases à élimination directe, pourrait bien les rapprocher du trophée.
La joie des Lions de l'Atlas contre la Zambie. AFP













