Il faut se lever très tôt pour aller taper le Gabon, chez lui, avec un score sans appel de 5-1. Même si les deux sélections sont déjà qualifiées pour la prochaine CAN, la performance reste remarquable. En plus de jouer devant son public, le Gabon possède quelques joueurs de haut niveau, comme Bouanga, Aubameyang ou Lemina.
Les Marocains ont rassuré par rapport à leur capacité de revenir dans le match, sachant qu’ils étaient menés à la marque et que leur entame a été compliquée. Au bout du premier quart d’heure, déjà, les coéquipiers de Bouanga auraient pu se retrouver avec deux buts d’avance.
Pour revenir, il fallait un mental solide et surtout, techniquement parlant, une grande densité offensive. Regragui a aligné un 4-2-4 théorique, mais avec une animation qui a permis aux Lions de l’Atlas de se retrouver à 6 ou 7 autour de la surface gabonaise. Parce que Hakimi plongeait côté droit, et Ounahi se projetait aussi, faisant remonter tout le bloc marocain. Forcément, cela crée le surnombre et perturbe la défense adverse, fatalement poussée à la faute. Et on a vu, avec l’entrée tonitruante de Saibari (auteur, au passage, d’un but maradonesque), que ce surnombre pouvait tout écraser sur son passage.
Ce surpoids offensif ne vient pas seulement des choix tactiques de Regragui. Cela tient aussi à la qualité des joueurs alignés. Même l’absence de Ziyech n’a pas pesé, bien au contraire. On l’a souvent écrit ici, cette absence semble à chaque fois libérer des garçons comme Ben Seghir et Diaz.
Offensivement, donc, les Lions ont répondu 10/10 à ce test du Gabon. Ce qui est déjà une excellente nouvelle. Défensivement, c’est une autre histoire…
Dans le premier tiers du match, les Gabonais ont appuyé là où ça fait mal. Aved un Lemina placé haut sur le terrain, Bouanga et Aumabeyang, qui connaissent les faiblesses défensives des Marocains, ont tout de suite occupé les intervalles, de manière à obtenir des un contre un face à l’arrière-garde marocaine. Ce fut payant.
La titularisation de Harkass n’a rien changé. Comme avec Abqar ou Saïss, le problème est le même. En face d’attaquants mobiles, rapides et capables de mettre le pied sur le ballon, la défense marocaine craque. Ce n’est pas seulement une question de joueurs mais d’animation défensive.
Les attaquants gabonais l’ont compris. Pour faire mal à l’arrière-garde des Lions, il faut négocier des ballons dans le dos d’Amrabat, le rideau défensif de l’entrejeu. Et il faut miser aussi sur les sorties des latéraux-pistons très offensifs, que sont Hakimi et Mazraoui. De façon à se retrouver en face d’une charnière lourde et surtout «nue», sans protection.
Le principal souci de Regragui est à ce niveau. Malgré le fantastique 5-1 de vendredi soir, le coach marocain sait que son animation défensive est fragile. Ce que les Gabonais ont réussi, d’autres attaquants, plus redoutables encore, le feront encore mieux. Les dégâts pourraient alors être considérables.
Ce n’est pas face au Lesotho, que les Lions affrontent aujourd’hui, que Regragui obtiendra les meilleures garanties défensives. Ce match lui servira surtout de prétexte pour donner du temps de jeu à certains éléments (pourquoi ne pas aligner d’entrée un garçon comme Aznou, si jeune et plein de promesses) et pour faire reposer d’autres. Mais il vaut mieux travailler sur une dynamique de victoires que le contraire. Déjà ça.