Il est difficile de comprendre ceux qui ont accueilli avec tristesse la 6ème place de Hakimi au classement du Ballon d’or européen. L’argument «il méritait de gagner» ne signifie rien à ce niveau parce qu’ils sont une bonne vingtaine, au moins, à mériter de gagner. Un Fabian Ruiz, avec sa saison majuscule en club et en sélection, s’y voyait et regardez son classement final: 24ème!
Cette 6ème place, en vérité, c’est un honneur et une consécration extraordinaire pour le joueur, qui a tant de trophées collectifs et individuels à gagner encore et encore. Hakimi le sait, lui qui est resté fair-play et a été parmi les premiers à féliciter le vainqueur, son coéquipier Dembélé. Lequel, en retour, a largement renvoyé l’ascenseur dans l’interview de France-Football, en citant abondamment le latéral marocain. Une belle leçon de sportivité et de camaraderie.
Les joueurs savent les mérites qui reviennent aux autres et au collectif. La plupart relativisent la «déception» de ne pas figurer plus haut, ils connaissent la loi du sport, c’est-à-dire la concurrence. Mais pas leur entourage, et encore moins les commentateurs à l’esprit étriqué et chauvin.
Un commentateur de la télévision marocaine a d’ailleurs fait cette «réflexion», en parlant du portier Yassine Bounou: «Il (Bounou) a fini 5ème du trophée Yachine réservé aux gardiens, alors que nous savons tous qu’il est le meilleur au monde!». Au mieux, c’est de la naïveté qui témoigne d’une profonde méconnaissance des critères de vote. Au pire, c’est de la mauvaise foi qui flatte la paranoïa des mauvais perdants.
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Passons. Pour Hakimi, l’objectif individuel s’appelle désormais le Ballon d’or africain. Il faudra attendre le mois de décembre pour connaitre le verdict. Mais Hakimi le sait et tout observateur neutre le sait aussi: ce n’est pas gagné. Avec Mohamed Salah, il y aura match. L’Egyptien a fini 4ème du Ballon d’or européen, donc plus haut que Hakimi. Il a, dans l’absolu, au moins autant de chances de gagner.
Même un Guirassy, le serial buteur de Dortmund, a ses petites chances: n’a-t-il pas fini 21ème du Ballon d’or européen?
Pour Hakimi, si les voix du Maroc et du Gabon, qui l’ont placé en tête du B.O européen, lui sont acquises, il faut savoir que quatre pays africains ne l’ont pas cité dans leur top ten: Angola, Cap-Vert, Mozambique, Ouganda. Il lui faudra donc se battre pour devancer l’autre favori, Salah, et l’outsider Guirassy.
Plus généralement, des questions peuvent se poser sur le format actuel du Ballon d’or africain. Tous les récents vainqueurs figuraient déjà au palmarès du B.O européen. Parce qu’ils jouent en Europe, tout simplement. Le résultat, c’est que le B.O africain ressemble de plus en plus à un dérivé du B.O européen, un sous-produit en quelque sorte.
Il y a une réforme à tenter. Peut-être que le B.O africain devrait, à l’avenir, revenir à un joueur évoluant en Afrique. Auquel cas le B.O européen devrait, à la manière du trophée Yachine pour les gardiens, créer un prix pour le meilleur Africain de l’année. Pourquoi pas?






