Dans un entretien exclusif accordé à Le360 Sport, le président de l’ENFF revient sur les succès du Maroc, son admiration pour le Complexe Mohammed VI de Maâmora, et les perspectives de coopération entre Rabat et Asmara. Il évoque également la place croissante du Royaume sur la scène africaine et mondiale, ainsi que l’impact inspirant de joueurs comme Achraf Hakimi pour toute une génération.
Pour Andemariam, l’expérience marocaine est un modèle dont l’Érythrée souhaite s’inspirer. Il insiste sur l’importance des infrastructures modernes, de la formation des jeunes et des échanges techniques entre nations africaines pour hisser le football du continent au plus haut niveau.
Le360: Le Maroc est aujourd’hui reconnu en Afrique et dans le monde pour ses résultats, que ce soit avec les Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022 ou avec ses clubs sur la scène africaine. Comment percevez-vous ce succès depuis l’Érythrée?
Paulos W. Andemariam: Du point de vue de l’Érythrée, le Maroc est aujourd’hui le leader incontesté du football africain. La performance historique des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde 2022 a été bien plus qu’une victoire pour le Maroc ; c’était un triomphe pour toute l’Afrique.
Les performances constantes des clubs marocains, tels que le Wydad Casablanca ou la RS Berkane, dans les compétitions de la CAF ne doivent rien au hasard. Elles sont le fruit d’une planification délibérée à long terme et d’efforts soutenus. Pour nous, le Maroc est devenu un symbole fort, prouvant que le football africain peut non seulement rivaliser mais aussi exceller et s’imposer sur la scène mondiale.
En tant que président de la Fédération érythréenne de football, je considère le Maroc comme une nation exemplaire sur le continent, et nous avons beaucoup à apprendre de lui. Son succès ne se limite pas aux performances d’une seule équipe: c’est une stratégie globale que nous pouvons et devons étudier. La constance de son équipe nationale et de ses clubs montre qu’une vision claire, des investissements ciblés dans les infrastructures et la formation des jeunes, ainsi qu’un profond respect de la culture du football, sont les clés de la réussite sur le long terme.
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Le Maroc nous a montré qu’avec la bonne approche, le football africain peut rivaliser et gagner au plus haut niveau. Pour l’Érythrée, c’est plus qu’une source d’inspiration; c’est une véritable leçon pratique sur ce qu’il est possible de réaliser lorsqu’un pays s’unit derrière un plan stratégique pour son avenir footballistique.
Le Maroc a investi massivement dans les infrastructures, notamment avec le Complexe Mohammed VI de Maâmora, considéré comme l’un des meilleurs au monde. Vous avez eu l’occasion de le visiter, qu’en avez-vous pensé?
Ma visite au Complexe Mohammed VI de Football a été une expérience inoubliable. Ce n’est pas seulement une installation sportive: c’est une véritable université du football.
«Le niveau de professionnalisme et la modernité des infrastructures sont impressionnants»
— Paulos W. Andemariam
Le niveau de professionnalisme et la modernité des infrastructures sont impressionnants. Des terrains parfaitement entretenus aux centres médicaux et de récupération ultramodernes, en passant par les salles d’analyse high-tech, ce complexe rivalise avec, et parfois dépasse, les meilleurs centres d’entraînement européens. C’est un lieu où chaque aspect du développement d’un jeune joueur est pris en compte, traçant un chemin clair vers le statut de professionnel de classe mondiale.
Ce complexe incarne parfaitement la vision à long terme du Maroc: construire une culture footballistique durable depuis la base, développer systématiquement les talents et préparer les sélections nationales à rivaliser avec l’élite mondiale. Pour l’Érythrée, ce n’est pas seulement impressionnant: c’est une source d’inspiration concrète. Cela nous donne un exemple tangible de ce qui est possible et un modèle auquel nous aspirons, nous incitant à viser plus haut pour bâtir un avenir meilleur pour notre propre football.
Voyez-vous le Maroc jouer un rôle moteur pour aider d’autres pays africains, comme l’Érythrée, à se développer dans le football?
Le Maroc joue déjà ce rôle exemplaire. Guidée par la vision éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) est devenue un pilier de la coopération footballistique africaine. Le Maroc a généreusement ouvert ses portes à de nombreuses fédérations africaines, offrant bien plus qu’un simple accueil. Il partage activement son expertise, accueille d’importants stages d’entraînement et organise des compétitions majeures de la CAF avec une qualité irréprochable.
C’est la démonstration que le véritable leadership ne se limite pas à gagner des trophées, il consiste surtout à élever tout un continent. Pour l’Érythrée, le Maroc n’est pas seulement un leader, c’est un partenaire stratégique essentiel. Nous sommes impatients de collaborer et d’apprendre de son succès, notamment dans des domaines clés comme le développement des académies de jeunes, la formation des entraîneurs, la promotion du football féminin et la planification moderne des infrastructures.
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Je suis convaincu que le Maroc ne construit pas seulement son propre avenir footballistique, mais contribue activement à l’essor du football africain dans son ensemble, laissant un héritage qui profitera à tous.
Quel est l’état actuel de la coopération entre la FRMF et votre fédération?
Nous avons déjà entamé un dialogue productif avec le président Fouzi Lekjaa et son équipe dévouée à la FRMF. Leur ouverture et leur volonté enthousiaste de coopérer sont remarquables.
«Le Maroc n’est pas seulement un leader par l’exemple, mais un leader par l’action»
— Paulos W. Andemariam,
Nous avons mené des discussions concrètes sur plusieurs axes: échanges techniques, envoi d’entraîneurs érythréens au Maroc pour des formations avancées, accueil de spécialistes marocains en Érythrée pour animer des ateliers essentiels et élever notre expertise locale. Nous explorons aussi la possibilité pour nos équipes de jeunes de participer à des tournois au Maroc, ce qui offrirait à nos joueurs une exposition précieuse à un niveau de compétition et de professionnalisme plus élevé.
C’est exactement le type de coopération pratique et orientée vers l’action qui accélérera notre développement. Cela prouve que le Maroc n’est pas seulement un leader par l’exemple, mais un leader par l’action, engagé à construire une famille du football africain plus forte.
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Qui voyez-vous remporter le Ballon d’Or?
Bien qu’il y ait de nombreux prétendants de classe mondiale, la simple présence d’un joueur marocain comme Achraf Hakimi parmi l’élite mondiale est déjà une immense victoire pour le football africain. Sa constance, son professionnalisme et son leadership, sur et en dehors du terrain, sont une source d’inspiration puissante.
Qu’il gagne ou non, sa régularité au plus haut niveau est la preuve indéniable de la capacité du Maroc à non seulement former des talents, mais aussi à produire des joueurs capables de rivaliser avec les meilleurs au monde. C’est le reflet direct de la vision à long terme et de l’engagement sans faille de la FRMF, démontrant que ses investissements dans la formation et les infrastructures de haut niveau portent leurs fruits sur la scène mondiale.






