Maroc effacé, logo masqué: la CAN Féminine version algérienne ou l’art du déni organisé

Des morceaux de ruban adhésif noir ont été apposés sur le banc de touche de l’équipe algérienne pour cacher le logo de la CAN féminine, sur lequel figure le mot «Maroc».

Logos masqués, références au Maroc effacées, RAM, sponsor officiel, invisibilisée: à la CAN féminine, l’Algérie ne recule devant rien pour faire comme si le pays hôte n’existait pas. Une mise en scène absurde, entre stratégie de déni et obsession maladive.

Le 09/07/2025 à 08h54

Depuis le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des Nations féminine, le 5 juillet dernier, une étrange scène se joue en coulisses. Si tout le monde sait que le Royaume accueille la compétition, à la télévision algérienne, c’est une autre histoire. Là-bas, c’est une CAN revisitée, retouchée, où le Maroc semble avoir disparu des écrans.

Cette stratégie de l’effacement n’est pas passée inaperçue. De nombreux médias africains et internationaux s’en sont emparés, Le Parisien en tête, notant que «la rivalité géopolitique a trouvé son écho dans le monde sportif». Une manière élégante de décrire une situation pour le moins burlesque.

Lors de la première conférence de presse du sélectionneur algérien, Farid Benstiti, un détail saute aux yeux. Sur le fond de scène, un changement subtil mais révélateur: exit Royal Air Maroc, sponsor officiel de la compétition. À sa place, par magie télévisuelle, le logo de TotalEnergies, autre partenaire du tournoi.

Sur les réseaux sociaux de la Fédération algérienne, même partition. Le visuel annonçant la liste des joueuses ne mentionne plus «Morocco 2025». Le nom du pays hôte a été purement et simplement effacé. Et sur le banc algérien, les logos de la CAN et de la FRMF sont dissimulés. Le message est clair: on joue la CAN, mais sans le Maroc. Merci, au suivant.

Le summum de l’absurde est atteint sur les antennes publiques, où chaque image est scrutée, nettoyée, aseptisée. On se croirait dans un sketch de Mohamed Fellag, version remixée par George Orwell.

Mais ce n’est pas nouveau. En 2022, alors que les Lions de l’Atlas réalisaient un parcours historique au Qatar, la télévision algérienne avait préféré censurer les résultats plutôt que de prononcer les mots qui fâchent.

Ce n’est pas qu’un problème de sport, c’est une pathologie nationale. Une obsession maladive qui a quitté le champ politique pour contaminer la culture, les médias, le football, les réseaux, jusqu’aux bancs de touche d’un match féminin contre le Botswana.

En Algérie, le Maroc n’est plus un voisin. C’est un personnage mythique, un ogre sous le lit, le coupable idéal de tous les maux. Feux de forêts? C’est le Makhzen. Pénurie de farine? C’est le Makhzen. Coupures d’eau? Toujours le même coupable. Jusqu’à la météo: s’il pleut trop ou pas assez, devinez qui est derrière.

Et pendant ce temps, les Marocains, eux, avancent. Même la CAF salue le professionnalisme du Royaume. Pendant que les Fennecs collent des autocollants noirs sur des logos, le Royaume prépare déjà le Mondial 2030.

Le philosophe français Pascal Bruckner a bien résumé la situation. Invité de l’émission Points de vue diffusée sur la plateforme électronique du journal Le Figaro, il dénonçait «un peuple décervelé (…) prisonnier d’un régime raciste», au lendemain de la lourde condamnation du romancier Boualem Sansal.

Car oui, ce n’est pas que du foot. C’est un système. Un appareil politique et médiatique où le mensonge est loi, où l’autocensure est doctrine, et où la haine du Maroc est un fond de commerce idéologique.

Au final, ce ne sont pas les Marocains qui doivent s’offusquer. C’est le peuple algérien qu’on insulte à travers ces pratiques. Car censurer un logo, c’est admettre une faiblesse. Masquer un nom, c’est lui donner plus de force. Et ignorer une réalité, c’est courir le risque de se perdre dans sa propre fiction.

Le paradoxe est là: à trop vouloir nier l’évidence, on finit par en faire l’élément central du récit. Et dans cette CAN féminine, ce qui devait disparaître est désormais au centre de toutes les attentions, malgré (ou à cause) des tentatives maladroites de l’en exclure.

Par Adil Azeroual
Le 09/07/2025 à 08h54