Le coup de sifflet final n’a pas seulement scellé une défaite cruelle. Il a aussi libéré une colère. Moins de 48 heures après la finale de la Coupe d’Afrique des Nations féminine 2024, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) est passée à l’action. Ce lundi, elle a officiellement adressé une lettre de protestation à la Confédération africaine de football (CAF), pointant du doigt «des décisions arbitrales incorrectes et injustes» ayant, selon elle, pesé lourd dans l’issue du match perdu face au Nigeria (2-3).
Au cœur de la contestation: une action litigieuse dans la surface nigériane qui aurait dû aboutir à un penalty en faveur des Lionnes de l’Atlas. Une faute manifeste non sanctionnée. Une décision qui, dans le contexte d’une finale serrée, a tout changé. Ce moment, qualifié en interne de «tournant du match», a immédiatement provoqué un tollé au sein du staff marocain.
Selon une déclaration de Hassan Boutabssil accordée à nos confrères de Radio Mars, la FRMF n’a pas attendu pour constituer son dossier. Elle a sollicité la chaîne sportive marocaine afin de récupérer les images de la séquence controversée. Ces extraits vidéo, accompagnés d’une analyse technique, ont été joints à la lettre transmise à l’instance dirigeante du football africain.
Ce n’est pas la première fois que l’arbitrage est mis sur la sellette lors d’une compétition continentale. Mais cette fois, l’onde de choc est d’autant plus forte que le Maroc jouait à domicile, porté par tout un peuple, dans un stade olympique de Rabat en fusion. Samedi soir, les Lionnes y ont livré un match d’anthologie. Une entame rêvée, deux buts somptueux signés Ghizlane Chebbak et Sanaa Mssoudy. Et puis, le retour du Nigeria, froid, clinique, implacable.
Pourtant, ce match ne se résume pas à un simple renversement de score. Il raconte l’émergence d’un football féminin marocain capable de bousculer les géantes du continent. Il raconte aussi la fragilité d’un rêve, suspendu au coup de sifflet d’un arbitre.
Dans les tribunes, les présidents de la FIFA et de la CAF, Gianni Infantino et Patrice Motsepe, aux côtés de Fouzi Lekjaa, ont assisté à ce qui restera, malgré tout, comme un sommet du football africain féminin. Mais l’arrière-goût d’injustice persiste. Et avec lui, une question: peut-on encore espérer une compétition équitable sans réformes profondes de l’arbitrage en Afrique?
