CHAN Algérie-2022: un bus monstrueux pour transporter les équipes

Un des bus réservés aux délégations des équipes participant au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN).

Un des bus réservés aux délégations des équipes participant au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN).. DR

Les bus réservés aux délégations des équipes participant au Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) sont la preuve patente d’une Algérie qui roule droit dans le mur.

Le 11/01/2023 à 07h54

Un monstre désigne un individu, une créature dont la morphologie ou la forme sont anormales. Le Robert en donne cette définition: «Être vivant ou organisme de conformation anormale». Les bus assemblés par le régime algérien pour le transport des équipes participant au Championnat d’Afrique des Nations des joueurs locaux (CHAN) (13 janvier-4 février) sont littéralement monstrueux. C’est une chose curieuse qui tient à la fois de la façade aveugle, du bunker, d’une maquette, d’un film de science-fiction sans budget, de la maison hantée, d’un véhicule pour transport d’aliénés dangereux ou de prisonniers. En somme, un «bus» qui ne ressemble à aucun autre.

La junte d’Alger a sans doute voulu créer des bus d’un genre nouveau, en y introduisant des innovations surprenantes qui rappellent le rapiéçage. L’innovation la plus détonante consiste à supprimer les fenêtres et à les remplacer par des blocs en métal coulissants. Ces supposées «fenêtres» en métal coulissantes sont condamnées de l’intérieur et ne s’ouvrent que de l’extérieur comme le prouve la poignée pour les tirer, qui a été posée à l’extérieur du véhicule. On ose à peine imaginer comment feraient les joueurs pour s’extraire de ce bus frankensteinien en cas d’incendie!

Les médias de la junte ont justifié l’aspect monstrueux des bus du CHAN par des considérations sécuritaires. Ces médias vantent la résistance de ce bus à des balles, certains allant même jusqu’à affirmer qu’il peut résister à des tirs d’obus. D’accord. Donc, l’Algérie est un pays où l’on tire à balle réelle sur des bus. Un pays où il faut rouler dans des véhicules qui ressemblent à des tanks pour être sûrs de se mettre à l’abri des balles. Nous le savions déjà, mais c’est mieux que la junte le proclame.

Le bus monstrueux qui attendait la délégation sénégalaise à son arrivée en Algérie pour participer au CHAN.

Une question me taraude tout de même. Pourquoi quand les pays occidentaux déconseillent à leurs citoyens de visiter l’Algérie en couvrant ce pays d’une couleur rouge, soit l’indice d’insécurité le plus élevé au monde, la junte lâche sa meute médiatique pour dénoncer une erreur de jugement et un parti pris? Les personnes qui dirigent l’Algérie sont des chibanis gâteux: Abdelmadjid Tebboune (78 ans), Saïd Chengriha (78 ans), quant à la personne supposée remplacer le président algérien en cas d’incapacité, Salah Goudjil, elle a 92 ans! Ces dirigeants séniles sont incohérents, car les chars roulants du CHAN plaident non seulement pour colorer l’Algérie d’un rouge pourpre mais également d’un noir corbeau.

Revenons aux bus monstrueux et mettons-nous dans la tête d’un joueur qui quitte son hôtel à destination du stade. A quoi peut-il penser une fois enfermé dans ce véhicule aveugle? Est-ce que le blindage est suffisamment résistant pour ne pas être percé par des balles? Qu’est-ce qui se passe à l’extérieur? C’est tellement angoissant d’être dans un véhicule avec un bandeau sur les yeux. Les plus sereins d’entre ces joueurs vont certainement avoir une pensée indulgente en se disant qu’il n’y a rien à voir en Algérie. Le pays soi-disant pétrolier n’a rien bâti. Cachez cette Algérie qu’on ne saurait voir, vont-ils penser avec une certaine compassion. Mais les plus nombreux d’entre eux n’auront plus le cœur à jouer au foot après la traversée dans le bus de l’horreur.

L’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, a écrit une tribune dans Le Figaro où il livre un diagnostic au scalpel sur l’effondrement de l’Algérie. Sa tribune a provoqué un séisme dans le régime d’Alger qui a lâché sa meute médiatique et les séniles comme Goudjil contre Driencourt. Pourtant, ce bus à lui seul apporte la preuve patente du bien-fondé de l’analyse implacable de l’ancien ambassadeur de France à Alger.

Par Mohamed Yassir
Le 11/01/2023 à 07h54