Oui, le racisme existe dans le foot. Nous avons vu récemment comment un match de Champion’s League européenne a été interrompu parce qu’un arbitra assistant a utilisé une expression raciste («negro») pour désigner un technicien noir de peau. En refusant de reprendre le match, les deux équipes, Paris et Istanbul BB, ont fait très mal à la FIFA. Ils l’ont frappée dans le cœur, c'est-à-dire l’argent.
Un match interrompu, c’est des millions d’euros qui partent en fumée. C’est le meilleur moyen de faire mal aux instances, et d’espérer changer les choses.
J’ai suivi ce match PSG–Istanbul Basaksehir en présence de deux connaisseurs du football mondial. Le premier n’arrêtait pas de relativiser: «Dans le football, il y a le jeu et il y a le chambrage. Entre joueurs, on peut s’appeler de tous les noms possibles. Cela dure le temps du match, et à la fin on oublie tout et on se serre la main, ce n’est pas du racisme».
Le deuxième avait une tout autre opinion: «Le football n’est qu’une petite représentation de la société. La société est raciste, alors le football aussi. Quand un quatrième arbitre désigne un entraineur adjoint par «le nègre», c’est du racisme, et il faut le combattre comme on combat le racisme en société».
Chambrage ou racisme, la problématique va au-delà du fait de désigner un joueur ou un entraineur par sa couleur de peau, sa religion, son ethnie ou son extraction sociale. La question est de savoir quel est le traitement réservé par ailleurs à ces «Noirs», à ces «Arabes», et à toutes ces personnes stigmatisées
A beIN Sports, par exemple, ils sont persuadés que Ryad Mahrez est ostracisé par son entraineur à Manchester City, Pep Guardiola. Comment cela? «Il le remplace toujours en premier, quel que soit son rendement. Dès que l’équipe va mal, il le sort systématiquement, sans se poser de question». Et pourquoi Guardiola maltraiterait-il autant un joueur qui fait partie de son effectif? «Parce que Mahrez est Arabe, Africain…». Conclusion: c’est du racisme! Vraiment?
Comme les experts exaltés de la chaine qatarie, d’autres experts internationaux, y compris parmi nous au Maroc, soutiennent mordicus qu’un Karim Benzema est ignoré par son sélectionneur parce qu’il est «Arabe». Benzema, soutiennent-ils, «a été ostracisé comme Benarfa et Nasri, parce qu’ils ont des origines arabes».
Stop! Comme pour le cas de Mahrez, là, on n’est plus dans le racisme mais dans le complotisme. Croire, en effet, que des entraineurs de niveau mondial se privent de leurs meilleurs joueurs pour la simple raison qu’ils n’aiment pas leurs origines, c’est plus grave, et plus stupide surtout, que d’appeler un entraineur adjoint «negro».
La vérité, c’est que ces entraineurs mettent de côté certains joueurs pour des raisons… strictement tactiques. Ou alors quand ils estiment que ces joueurs mettent en péril le collectif et la cohésion du groupe. Peu importe, dans ce cas, l’origine ethnique de ces joueurs, le nom de leur père, la couleur de leur peau. Ce qui compte, c’est la victoire, c’est la gagne, quitte à sortir un joueur et à l’exclure du groupe pour y arriver!
Cela revient à faire des choix de joueurs et d’hommes, rien d’autre. Il serait aberrant de chercher autre chose.
Moralité: combattre le racisme, c’est bien. Mais de là à confondre tout et à dire n’importe quoi…