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Coronavirus: le patron d’un club allemand sur le point de découvrir un vaccin

Dietmar Hopp (G) avec la chancelière allemande Angela Merkel lors de l'ouverture de la Climate Arena, le 7 octobre 2019 à Sinsheim, dans le sud de l'Allemagne. © Copyright : DR
Conspué dans les tribunes de football en Allemagne il y a trois semaines, et aujourd'hui en passe de financer un possible vaccin contre le coronavirus: le milliardaire allemand Dietmar Hopp est-il un mouton noir ou un chevalier blanc?
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Février, dans le monde "d'avant" la pandémie: une nouvelle fois, les "ultras" de la Bundesliga, le championnat d'Allemagne de football, s'attaquent à Hopp, propriétaire à 79 ans du club de première division de Hoffenheim; il est traité de "fils de p..." sur des banderoles, sa tête placée au milieu d'une cible!

Son crime? Avoir grâce à sa fortune aidé son petit club de jeunesse à gravir en deux décennies tous les échelons jusqu'au professionnalisme et jusqu'à occuper désormais une place parmi l'élite de la Bundesliga.

Pour les fans "traditionalistes" allemands, farouchement attachés à la structure associative des clubs, dont les supporters sont également membres avec un droit de vote, le modèle de Hoffenheim est l'incarnation du mal absolu: le football business contrôlé par des investisseurs tout-puissants, au mépris de la culture populaire du football.

Dans les tribunes de Munich, Dortmund ou Mönchengladbach, les pancartes injurieuses contre Hopp fleurissent régulièrement, au gré de l'actualité sportive, au point d'avoir forcé des arbitres à interrompre des matches fin février.

Un vaccin cet automne?
Trois semaines plus tard à peine, l'homme qui a fait fortune grâce à son entreprise informatique SAP, fondée dans les années 1970, se retrouve dans la peau d'un héros, ou presque.

Le laboratoire allemand CureVac, dont il est l'actionnaire principal, travaille d'arrache-pied à développer un vaccin contre le coronavirus.

"Il faut d'abord faire des tests sur des animaux, puis des humains. Je pense (que le vaccin) pourrait être disponible en automne, lorsqu'une autre vague d'infection risque d'arriver", a déclaré Hopp lundi.

Le richissime homme d'affaires a en outre résisté avec patriotisme à une offensive américaine visant son laboratoire, apparemment pilotée par Donald Trump.

Le 15 mars, le gouvernement allemand a accusé le président américain d'avoir essayé d'attirer à coups de millions de dollars des scientifiques de CureVac travaillant sur le vaccin, ou d'en obtenir l'exclusivité pour les Etats-Unis en investissant dans l'entreprise.
Vendre aux Etats-Unis "n'a jamais été une option pour moi", cingle Hopp: "C'est pour moi une évidence, il est impossible qu'une firme allemande développe un vaccin pour qu'il soit utilisé exclusivement aux Etats-Unis."

Tantôt décrit comme un patriarche entêté, tantôt comme un généreux mécène, l'homme est également connu pour son engagement social.

Dans sa région de Sinsheim, une petite ville entre Francfort et Stuttgart, la fondation qui porte son nom a déversé 800 millions d'euros pour créer des écoles maternelles, des hôpitaux et autres établissements utiles à la collectivité.

"Être traité comme un homme normal"
Les révélations sur son projet de vaccin ne semblent cependant guère apaiser la haine que lui vouent les "ultras" du football: "Ca ressemble presque à du greenwashing" (pratique marketing visant à se parer d'une image éco-responsable, NDLR) peste Sig Zelt, un porte-parole de Profans, une association nationale d'ultras allemands.

"C'est très bien qu'un entrepreneur riche assume sa responsabilité sociale et agisse en conséquence, mais ça n'a rien à voir avec son engagement dans le football", tacle M. Zelt.
A fronts renversés, Hopp a pourtant pris cette semaine le parti de la générosité en ciblant le patron de Dortmund Hans-Joachim Watzke.

Interrogé sur la possibilité d'une aide des clubs riches aux moins aisés, pour limiter les pertes dues au coronavirus, Watzke a estimé que les clubs bien gérés n'avaient pas à "récompenser" ceux qui sont moins bien administrés.

Hopp l'a repris de volée: "L'heure de la solidarité a sonné", a-t-il lancé. "Le fort aide le faible. Je souhaiterais que cette solidarité qui tombe sous le sens fasse consensus."
Le milliardaire souffre d'être la bête noire des supporters de football. Il était récemment au bord des larmes lors d'un match contre le Bayern Munich.

Ni héros ni grand Satan, il ne revendique finalement pas grand chose: "Je voudrais simplement être traité comme un homme normal!" a-t-il plaidé cette semaine.

Par Le360 (avec AFP)
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