Le machin et les voyous

Walid Sadi, Patrice Motsepe, et Véron Mosengo-Omba

Walid Sadi, Patrice Motsepe, et Véron Mosengo-Omba. DR

ChroniqueLe Général De Gaulle, fondateur de la Vème République en France, aimait qualifier l’ONU de «machin ô combien inutile et même dangereux». Le football africain a, lui aussi, son machin. C’est une CAF incapable de prendre des décisions stratégiques et parfois drastiques, se laissant marcher sur les pieds par complaisance ou par laxisme envers certaines fédérations dites puissantes, notamment une certaine FAF.

Le 10/10/2024 à 14h59

L’affaire USMA-RSB a finalement connu un semblant d’épilogue. Après de longs mois d’attente, la Commission de Discipline de la CAF a rendu son verdict. Celle-ci a infligé une amende de 40.000 dollars au club algérois après l’examen des dossiers relatifs aux matchs aller et retour. Cette décision a été prise en application de l’article 148 du règlement disciplinaire, relatif à «l’abandon du jeu».

La montagne a donc accouché d’une toute petite souris, compte tenu de la gravité des faits. La CAF fait preuve d’une indulgence coupable face à une voyoucratie qui n’en est pas à son premier méfait contre les représentants du Maroc. Les faits sont têtus, du CHAN politisé à l’extrême par les caporaux d’Alger à l’affaire USMA-RSB. À chaque fois, les autorités algériennes ont piétiné les textes de la CAF sans pour autant être sanctionnées par l’instance dirigeante du football africain.

Cette amende dérisoire est un véritable chèque en blanc pour les responsables de l’aéroport d’Alger, la FAF, et les plumitifs dont la doctrine repose sur une Marocophobie compulsive. Si le tirage au sort de la Coupe de la CAF oppose de nouveau la RSB à l’USMA en quart, en demi-finale ou en finale, nous revivrons un copier-coller des fâcheux incidents survenus en avril dernier. Les responsables de la FAF, de l’USMA ou de n’importe quel club engagé en coupe africaine pourront se baser sur cette jurisprudence: malmener les délégations marocaines, saisir leur matériel à l’aéroport et refuser de jouer ne vaut qu’une légère amende.

C’est donc la CAF et ses instances qu’il faut pointer du doigt. En quatre années, son président n’a tenu aucune de ses promesses de campagne. Les problèmes d’attractivité des compétitions, les soucis liés aux infrastructures et le manque de volontarisme sont les maux endémiques d’une instance tellement sclérosée qu’elle est aujourd’hui sous la tutelle de la FIFA. Patrice Motsepe, qui prépare sa réélection, a pensé avant tout à soigner son image. Il a laissé les décisions opérationnelles à un Secrétaire Général parachuté par la FIFA. Ce dernier a tellement outrepassé ses fonctions qu’il fait aujourd’hui l’objet d’une enquête suite à des allégations de violations de ses règlements internes.

Le football marocain est donc l’otage d’un système géré par une CAF complaisante envers un régime qui se moque des règles de droit et qui n’a pas dans son logiciel les notions de bon voisinage, de scrupules ou d’éthique. D’ailleurs, les termes FAF et éthique ne riment pas du tout. La preuve la plus éclatante est le scandale qui éclabousse cette fédération autour de contrats de parrainage et qui a conduit à l’incarcération, hier, de l’ancien Secrétaire Général Mounir Dbichi, du Directeur Général Abdelghani Nekkach et de deux membres fédéraux, en attendant peut-être le tour des anciens présidents Zetchi, Amara et Zfizef.

La FRMF et son président, qui militent pour faire évoluer le football sur notre continent, savent à quoi s’en tenir. Ils doivent cohabiter avec une CAF qui aurait besoin d’un véritable big bang, et avec un système corrompu dont la doctrine repose sur une jalousie maladive envers tout ce que propose, produit et réalise notre pays.

Par Amine Birouk
Le 10/10/2024 à 14h59